L’impasse des ’lepénistes’

10 juillet 2006

L’an dernier, Jean-Paul Virapoullé avait affirmé que les écoles de sa commune étaient submergées d’enfants comoriens. Quelque temps après, Ibrahim Dindar avait soutenu l’idée d’imposer des tests ADN pour l’attribution de la nationalité française, sous prétexte que "La Réunion ne peut pas accueillir toute la misère venue des Comores". Cette année, c’est Gilbert Annette qui estime qu’en imposant des quotas en fonction de l’origine dans les emplois de cadre, on pourra lutter contre le chômage et favoriser "la paix civile".
Au-delà de leurs responsables et de leurs quelques militants, les idées du Front national sont présentes à La Réunion. Mais elles sont relayées par des représentants de partis qui ne se prétendent pourtant pas de la droite ultra-libérale et réactionnaire. Le danger peut venir de là où on ne l’attend pas.
Car certains n’hésitent pas à utiliser des arguments dangereux pour masquer à l’opinion leur incapacité ou leur refus de faire face à leurs responsabilités. Dans une île frappée par la crise, il est facile de vouloir rejeter sur "l’autre" l’origine de la pénurie d’emplois ou de logements décents. Bien plus facile que de proposer des pistes d’action qui tiennent compte des réalités réunionnaises.
Jeudi, le Parlement européen a adopté un texte qui change la manière dont on peut appréhender les migrations. Il cherche à améliorer les conditions des déplacements des Hommes, et reconnaît aux migrants un rôle essentiel dans le co-développement. C’est une autre perspective qui montre que la "lepénisation" des esprits est bien une impasse. Une impasse qui ne peut que nuire à la cohésion de la société réunionnaise.

Manuel Marchal


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