Une association remplacée par une société lourdement déficitaire

L’incroyable gâchis de l’autonomie énergétique

14 mars 2016

L’ARER était un instrument de la lutte pour arriver à l’autonomie énergétique en 2025. Aujourd’hui, la société qui a succédé à cette association alimente toutes les spéculations : un déficit de près de 1,4 million d’euros en 2013, une subvention de près de 680.000 euros votée par la dernière Commission permanente de la Région. Pendant que des élus jouent avec l’argent public, l’autonomie énergétique est devenue irréaliste.

Jusqu’en 2010, l’Association régionale de l’énergie Réunion (ARER) était une structure de référence. En son sein se retrouvaient des institutions et des entreprises impliquées dans l’objectif de l’autonomie énergétique pour 2025. En 2008, lors du séminaire sur le co-développement durable dans l’océan Indien regroupant les îles de notre région, une des propositions était de construire une ARER à l’échelle de la COI.

L’ARER était une référence

Les actions de l’association avaient démontré son efficacité. Cela s’est vu dans la diffusion des chauffe-eau solaire. Plus de 100.000 ont été installés sous la mandature de Paul Vergès. Elle travaillait aussi sur un concept innovant, destiné à concilier autosuffisance alimentaire et énergétique : les fermes agri-solaires. En voici la description :

« Il s’agit tout d’abord d’implanter des serres anticycloniques, afin de ne plus voir une pénurie de fruits et légumes au lendemain des cyclones, phénomènes climatiques qui seront plus fréquents et plus intenses.

Sous ses serres, seront mises en cultures des productions visant à diminuer nos importations. Avec la hausse des prix du fret et du pétrole, faire venir de la nourriture d’ailleurs coûtera en effet de plus en plus cher.

Sur ces serres pourront être fixés des panneaux photovoltaïques produisant de l’électricité. L’ARER a d’ailleurs présenté une première application concrète de stockage-destockage exploitant cette énergie solaire intermittente par nature. L’électricité produite par les panneaux actionnera une pompe qui fera monter l’eau stockée dans un réservoir situé en bas de l’exploitation vers un autre construit plus haut. Cette eau pourra alors être libérée à la demande et produire de l’énergie grâce à une mini centrale hydroélectrique ».

Comment expliquer 1,4 million d’euros de déficit ?

L’arrivée à la direction de la Région Réunion de Didier Robert a tout remis en cause. Elle a donné un coup d’arrêt à l’ambition d’autonomie énergétique. Fini 2025, et l’objectif de 2030 apparaît irréaliste à cause de l’arrêt du chantier du tram-train électrique et la concentration des investissements sur une route en mer destinée aux voitures fonctionnant au pétrole.

Quant à l’ARER, elle a été transformée en 2013 en société publique locale, sous le nom de SPL Energies Réunion. Rappelons que l’ARER était une association. Les membres de son conseil d’administration et son président, Paul Vergès, ne touchaient donc aucune rémunération. L’ARER était également en équilibre budgétaire. La transformation en SPL permet de verser un salaire à son PDG, qui est un élu de majorité régionale, Alin Guezello.

Désormais, la Région est seule maître à bord. Le résultat ne s’est pas fait attendre : près de 1,4 million d’euros de déficit dès sa première année. Depuis le bilan 2013, aucune nouvelle de l’état des finances de la SPL Energies Réunion. La semaine dernière, elle est revenue à la surface. Elle bénéficie en effet d’une subvention de près de 680.000 euros votée par la Commission permanente de la Région Réunion. Voilà encore un gâchis supplémentaire à mettre au crédit de Didier Robert et de ceux qui l’ont permis de s’installer à la tête de la Région en 2010 : Gilbert Annette et Huguette Bello.

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