Conférence de presse commune de Paul Vergès et Élie Hoarau, candidats dans la troisième et la quatrième circonscription

L’intérêt de La Réunion avant tout

1er juin 2007

Mercredi, lors de leur conférence de presse commune, Elie Hoarau et Paul Vergès ont expliqué comment ils envisagent leur action de député. Il a notamment été question de la bataille pour l’égalité sociale. En 1987, Elie Hoarau et Paul Vergès avaient démissionné car l’adoption d’une loi ne respectait pas la dignité des Réunionnais. Vingt ans après, les candidats soutenus par le Parti communiste réunionnais expriment cette volonté : placer avant toute chose le respect de l’intérêt général et de la dignité des Réunionnais. Autrement dit, La Réunion n’a pas besoin de députés ’godillots’ mais de parlementaires qui défendent ses intérêts.

Un fait essentiel a émergé de la conférence de presse tenue mercredi par Paul Vergès et Élie Hoarau, candidats du PCR aux élections législatives respectivement dans la troisième et la quatrième circonscription. Ils seront les élus de La Réunion et ils défendront le droit à l’égalité et la dignité des Réunionnais. Paul Vergès et Élie Hoarau sont prêts à mettre leur mandat en jeu, c’est-à-dire à démissionner, si l’Assemblée nationale inscrit dans la loi des mesures qui s’opposent à l’intérêt général de La Réunion. Ils ont à ce sujet rappelé le précédent de 1987 où le vote de la loi refusant aux Réunionnais l’égalité sociale avait entraîné leur démission de leur mandat de député.
La rencontre avec la presse de mercredi dernier est un événement important dans la campagne électorale. Elle marque une nouvelle étape dans le débat. Paul Vergès et Elie Hoarau ont en effet exprimé quelle sera leur action dans la future Assemblée nationale. Quand ils seront élus, ils voteront pour les projets et propositions de loi qu’ils estimeront juste pour La Réunion, c’est-à-dire qui seront conformes à l’intérêt de l’île.

Le précédent de 1987

Si au contraire des projets soumis au débat parlementaire traitent le Réunionnais en inférieur, remettent en cause son droit à l’égalité, c’est à dire qu’ils ne respectent pas la dignité des Réunionnais, ils s’y opposeront. Et Paul Vergès et Élie Hoarau soulignent que cette opposition ira jusqu’à leur démission si la voix de La Réunion n’est pas entendue.
Les deux candidats à l’Assemblée nationale, un précédent existe. C’était en 1987. À cette époque, dans de nombreux domaines, l’égalité sociale était loin d’être acquise. Que cela soit pour le SMIC ou pour les allocations familiales, les Réunionnais avaient des droits inférieurs à leurs concitoyens de Métropole. Mais, la loi du 19 mars 1946 donnait légalement aux Réunionnais le droit à l’égalité. À l’instigation de Jean-Paul Virapoullé, ce droit a été remis en cause par le vote d’un texte instituant la parité, c’est-à-dire inscrivant dans la loi l’infériorité des Réunionnais.
Le jour de l’officialisation de leur démission le 14 octobre 1987, les deux parlementaires avaient expliqué aux journalistes les motifs de leur décision. Paul Vergès avait notamment affirmé que « ce qui est inadmissible pour nous, c’est qu’auparavant la loi disait que nous avions les mêmes droits. Cette fois-ci, une loi décide que nous ne sommes pas suffisamment majeurs pour toucher l’intégralité des prestations sociales comme en Métropole. Il ne s’agit pas pour nous d’une question d’argent, c’est un problème de dignité ». Et d’affirmer qu’« un mandat de député, c’est peu important. Ce qui passe avant, c’est le respect de la dignité de nos compatriotes ».
Cette double démission a été suivie d’une grande campagne d’explication auprès de la population. Depuis cette date, les différents présidents de la République qui se sont succédé ont été obligés d’intégrer l’égalité sociale des Réunionnais à leur programme. C’est parce qu’il a adopté cette démarche que François Mitterrand est arrivé largement en tête à La Réunion en 1988 face au candidat de la parité, Jacques Chirac. Lors de sa campagne présidentielle victorieuse en 1995, ce dernier s’est rallié l’égalité sociale. Cela a notamment débouché sur l’égalité du SMIC au 1er janvier 1996 et sur l’égalité du RMI au 1er janvier 2002.

Expliquer à la population

Vingt ans plus tard, la campagne législative à La Réunion a lieu dans un climat de grande attente teintée d’inquiétude. 63% des Réunionnais ont affirmé dans les urnes leur opposition au programme de Nicolas Sarkozy. Ce vote souligne l’ampleur de la crise. Face à cette crise, les propositions contenues dans la plate-forme de l’Alliance sont une alternative pour sortir de l’immobilisme.
Parmi les inquiétudes figure au premier plan le RMI. Près d’un Réunionnais sur dix touche ce revenu qui lui permet juste de survivre, près d’un sur quatre en dépend indirectement.
Dans ces premières déclarations, le nouveau gouvernement a annoncé sa volonté de réformer ce dispositif, appliqué à La Réunion depuis 1989, en le remplaçant par un Revenu de solidarité active (RSA). Le RSA donnerait la possibilité à un allocataire du RMI d’occuper un emploi tout en gardant temporairement le revenu minimal auquel il a droit.
Mais à La Réunion, le taux de chômage est trois fois plus important qu’en Métropole, la pénurie d’emploi est durable. Le préalable à l’application d’un tel dispositif est de créer ici les conditions pour que de nouveaux emplois soient disponibles. Autrement dit, il est nécessaire de tenir compte de la situation de La Réunion pour la mise en œuvre à La Réunion de ce projet.
Le nouveau président de la République, Nicolas Sarkozy, veut appliquer l’intégralité de son programme de candidat. Cela explique des craintes dans la population si ce programme est appliqué mécaniquement à La Réunion, alors que la situation dans l’île n’a rien à voir avec celle de la Métropole. Lors de la prochaine session du Parlement, les députés connaîtront plus précisément la traduction concrète de ce programme et ses implications à La Réunion.
S’il s’avère que la nouvelle Assemblée vote des lois contraires à l’intérêt de La Réunion, Paul Vergès et Élie Hoarau ont affirmé mercredi leur volonté de démissionner de leur mandat de député. Cette démission serait, comme vingt ans auparavant, suivie par une campagne d’explication auprès de la population. Cette campagne se déroulerait dans un contexte différent, avec les prochaines élections municipales comme horizon.

La Réunion avant tout

Cette démarche explique pourquoi le PCR insiste sur l’importance d’envoyer à la future Assemblée nationale des députés qui ont la capacité d’agir. C’est-à-dire des élus qui ne sont pas des parlementaires "godillots", obligés de se conformer à la stratégie du groupe majoritaire ou d’opposition auxquels ils appartiennent. Accepter ou s’opposer systématiquement aux projets du gouvernement, c’est se plier à la stratégie d’un parti dirigé depuis Paris. Placer l’avenir de La Réunion au centre de son action, quitte à démissionner si la dignité des Réunionnais n’est pas respectée, c’est l’engagement des candidats soutenus par le PCR.

Manuel Marchal


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