Après la Grèce, la crise se rapproche de la France

L’Italie sous le feu des projecteurs

9 novembre 2011, par Céline Tabou

Après l’épisode alarmiste de la Grèce, c’est au tour de l’Italie d’être au centre des préoccupations de la troïka (FMI, BCE et Union européenne). En effet, la dette italienne a atteint 1.900 milliards d’euros, soit 120% du PIB, et le plan d’économie de 59 milliards d’euros de Silvio Berlusconi est dérisoire face à la dette.

Selon les économistes, la situation italienne n’est pas comparable à celle de la Grèce. « L’Italie n’est pas dans une situation de dérapage incontrôlé de sa dette, comme en Grèce. Sa dette, qui représente 120% de son PIB, n’a pas explosé avec la crise, comme en Espagne ou en Irlande », a souligné Cédric Thellier, de Natixis, au quotidien “La Croix”. Cependant, le pays devra compter sur une aide financière du Fonds européen de stabilité financière afin d’éviter la faillite et la contagion aux économies voisines.

Rome sanctionnée par les marchés

Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a affronté mardi 8 novembre un premier vote test sur l’approbation par la Chambre du bilan 2010 de l’État, avant un vote de confiance dans les prochains jours sur les mesures contre la crise promises fin octobre à l’Union européenne. Face à la possible contagion de la crise de la dette dans les pays de la zone euro, l’Union européenne a demandé à l’Italie — et à la Grèce — de s’engager clairement à adopter des mesures d’économies budgétaires afin de stopper la contagion d’une crise qui dure depuis deux ans.

D’ici là, les marchés sont stressés. L’envolée des taux d’emprunt de l’Italie sur les marchés lundi 7 novembre met Rome dans une situation complexe. En effet, ces taux ont atteint un niveau record, à plus de 6,6%, jugés insoutenables dans la durée. Les marchés sanctionnent le pays pour sa politique jugée laxiste, et visent Berlusconi. « C’est la sanction d’un homme : Silvio Berlusconi », a estimé un analyste à “La Croix”. Ce stress sur les marchés s’explique par le « manque de crédibilité des mesures qui ont été annoncées », a affirmé la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde.

Une économie vacillante

Mais il est « essentiel que l’Italie respecte ses engagements budgétaires et intensifie les réformes structurelles », a déclaré lundi 7 novembre le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Ces engagements devraient éviter de creuser le déficit de 1.900 milliards d’euros, mais ne devraient pas relancer la croissance, ni l’emploi. Actuellement, le pays connait un taux de chômage de 9%, dont 30% des moins de 30 ans sont sans emploi, et la nationalisation de la compagnie aérienne Alitalia, endettée, aura coûté aux Italiens près de 4 milliards d’euros. Face aux erreurs de gouvernance, Silvio Berlusconi a proposé un plan d’économies de 59 milliards qui n’a aucune crédibilité aux yeux des investisseurs internationaux.

Au vu de la situation économique et de l’instabilité politique italienne, une mission d’experts de la Commission doit se rendre avant la fin de la semaine pour surveiller la mise en place des réformes promises. A l’instar de la Grèce, l’Espagne et l’Irlande, Silvio Berlusconi devrait faire avec le contrôle du Fonds monétaire international et de la Banque centrale européenne sur son budget et sa gouvernance économique, a annoncé Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances de la zone euro.

Céline Tabou

Silvio Berlusconi peut-être désavoué par son gouvernement ?

Hier, les sénateurs et députés italiens devaient renouveler ou non leur confiance envers “Il Cavaliere”. A l’heure de la rédaction de cet article, le vote n’était pas clôturé, mais si le président du Conseil perd sa majorité, il devra démissionner et le Président Giorgio Napolitano devra alors soit confier la formation d’un nouveau gouvernement à une nouvelle personnalité — ou à Berlusconi lui-même —, soit convoquer des élections législatives anticipées.

Faisant partie des proches de Nicolas Sarkozy, Silvio Berlusconi a toujours affiché son amitié envers le chef de l’État, mais aujourd’hui, ceux-là mêmes qu’il avait violemment défendus lors de la contestation au G8 à Gênes en 2001 lui tournent le dos pour lui imposer une mise sous tutelle économique. Fervent défenseur de l’ultralibéralisme, "Il Cavaliere" est en mauvaise posture, cela va d’ailleurs au-delà de ses frasques, sa mauvaise gouvernance, les soupçons persistants de corruption et de conflits d’intérêts, ses scandales de mœurs et un divorce politique spectaculaire avec son ex-allié Gianfranco Fini. Silvio Berlusconi est donc sur une pente glissante qui devrait le décrier.


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