Paul Vergès invité de Réunion Première

L’objectif : la fin des inégalités

29 octobre 2013, par Manuel Marchal

Invité du journal des élections de Réunion Première Télé, Paul Vergès a précisé le cadre de la prochaine consultation municipale : une grande pauvreté, des inégalités qui s’aggravent, la floraison des candidatures sans aucun programme. Le sénateur de l’Alliance a donné une perspective : engager une autre politique pour éliminer les inégalités d’ici une quinzaine d’années.

Comment parler de liberté, d’égalité et de fraternité dans un pays où la moitié de la population est maintenue dans la grande pauvreté ?
(photo Toniox)

Paul Vergès a participé hier au journal télévisé de Réunion Première. Il était l’invité de l’émission hebdomadaire consacrée aux prochaines élections municipales. Le sénateur de l’Alliance a d’abord été interrogé sur le sujet qui faisait l’actualité d’hier, l’arrivée de François Chérèque. L’ancien secrétaire général de la CFDT est chargé de mission par le gouvernement. Il a la responsabilité de présenter un plan national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Sa venue dans notre île avait été annoncée en juillet dernier, suite à la mobilisation contre la suppression du RSTA.

Paul Vergès a rappelé que la pauvreté trouve son origine dans les profondes inégalités qui traversent notre société. Elles sont la conséquence de décisions politiques. La plus importante touche les revenus.

Au départ, une décision politique

Le sénateur de l’Alliance a expliqué que le 1er janvier 1947, le gouvernement de l’époque avait pris la responsabilité d’intégrer tous les fonctionnaires dans le cadre général. Cela voulait dire que tous allaient bénéficier de la surrémunération, appelée supplément colonial. Ce gouvernement et ses successeurs n’ont pas tenu compte d’une donnée essentielle : la transition démographique. Elle allait mécaniquement multiplier le nombre de fonctionnaires.

Paul Vergès a donc souligné que l’extension de la surrémunération et l’augmentation de la population sont les deux facteurs qui ont créé à La Réunion un important afflux financier. Les monopoles de la grande distribution et du tout automobile se sont alors déployés pour accaparer cette manne alimentée par les transferts publics.

Inspirés par les avantages perçus par la fonction publique d’État, d’autres secteurs ont voulu en bénéficier. C’est ainsi que les employés de la Sécurité sociale ou des banques ont une surrémunération, car ils ont un salaire plus élevé qu’en France.

La responsabilité de tous les gouvernements

Le sénateur a également rappelé que tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 1947 sont responsables de cette situation, car tous ont maintenu la surrémunération. Et ce sont les personnes touchant ce complément de revenu qui sont arrivées à des positions de pouvoir. Paul Vergès constate que les maires, les conseillers généraux et régionaux, les députés, sont d’abord des bénéficiaires de la surrémunération.

Or, pendant que les gouvernements donnaient plus à une catégorie, ils refusaient l’égalité aux autres. Il a fallu 50 ans de luttes pour arracher l’égalité avec la France, a précisé Paul Vergès. Ce sont donc deux générations de travailleurs du privé qui ont été sacrifiées.

Le sénateur rappelle que dès le départ, il a remis en cause la surrémunération, car elle apparaît comme la mesure qui creuse considérablement les inégalités.

« Où est leur programme ? »

Interrogé sur la création récente de petits partis, Paul Vergès a situé ces démarches dans une stratégie globale. C’est la compétition pour des postes, avec les municipales suivies l’année suivante par les régionales et cantonales, puis les législatives en 2017.

Mais le point sur lequel le sénateur insiste, c’est que le prochain mandat municipal durera 6 ans. Pendant ce temps, la population réunionnaise augmentera de 60.000 personnes, et 60.000 jeunes décrocheront leur Bac. D’où cette question de Paul Vergès aux candidats : « où est leur programme ? »

Le sénateur a conclu en proposant une perspective : sur 15 ans, liquider les causes des inégalités. Cela passe par un nouveau système économique. Ce laps de temps permettra d’éliminer la surrémunération sans remettre en cause les situations personnelles de ceux qui en bénéficient actuellement.

M.M.

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