Affaire Bettencourt/Woerth, 4ème Partie

L’ombre de l’Elysée dans cette affaire

26 juillet 2010, par Céline Tabou

Les déclarations de la comptable incriminant Eric Woerth, ont été selon le journal ’Libération’ délibérément diffusées dans la presse par l’Elysée. L’objectif était alors de dédouaner Eric Woerth et Nicolas Sarkozy de toute responsabilité dans l’affaire du financement occulte de l’UMP, en 2007. Mais, ces révélations ont rappelé au grand jour la connivence entre le pouvoir et l’argent.

Claire Thibout, ancienne comptable de Liliane Bettencourt avait, dans le site d’information "Mediapart", accusé Eric Woerth, trésorier de l’UMP et Nicolas Sarkozy candidat aux élections présidentielles d’avoir pris quelques libertés avec la législation sur le financement des partis politiques. Mais lors de son audition à la brigade financière, elle a nié toute implication des deux hommes.
Claire Thibout a par la suite expliqué avoir subi des pressions de la part de son entourage et de l’Elysée, afin qu’elle n’implique pas Nicolas Sarkozy et Eric Woerth dans l’affaire d’abus de faiblesse, entre la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, et le photographe, François-Marie Banier.

L’Elysée et la presse

Selon le quotidien "Libération", les extraits de procès-verbaux, indiquant que Claire Thibout revenait sur ses déclarations concernant des dons en espèces à Nicolas Sarkozy, auraient été donnés aux rédactions par l’Elysée. Le quotidien précise que Claude Guéant serait à l’origine de ces fuites favorables au président.
Le "Journal du Dimanche" précise dans ses colonnes, qu’au "Monde", le journaliste Gérard Davet admet que le « PV qu’on nous donne, il est vrai, mais il est tronqué ». Ce dernier a indiqué qu’il s’agissait d’une « stratégie élyséenne très précise de communication », lors de l’émission "Arrêt sur images".
L’objectif était de sortir Nicolas Sarkozy et Eric Woerth de cette affaire, mais les déclarations de l’ancienne comptable et du conseil de Liliane Bettancourt, Patrice de Maistre, accable toujours Eric Woerth, en tant que trésorier de l’UMP et donc responsable du financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Ces révélations mettent en évidence le lien entre le Président de la République, et l’ancien trésorier de l’UMP, Eric Woerth. Ce dernier se chargeait de trouver des financements pour l’UMP, à Paris, Cannes, ou encore en Suisse, et à New York, et a créé pour cela le Premier Cercle, qui réunit 400 donateurs dont la majorité est dans le CAC40.

Le pouvoir et l’argent

Les relations entre l’argent et la Droite ont toujours étaient étroites, notamment dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence. Ce dernier avait organisé des dîners au Fouquet’s, était parti en vacances sur le Yacht de Bolloré. Les réunions du Premier Cercle au Bristol et les enveloppes de billets en papier kraft révélées dans l’affaire Bettencourt donnent une nouvelle dimension à ces relations.
En 2007, ces comportements pouvaient passer dans l’opinion, mais aujourd’hui, à l’heure ou les réformes gouvernementales sont payées par les plus démunis, les salariés et les fonctionnaires, les excentricités de Nicolas Sarkozy et de ses ministres ne passent plus.
Aujourd’hui, les gens veulent plus d’indépendance entre le pouvoir et l’argent. Notamment, parce que la crise financière a mis en exergue la responsabilité des banques, et du monde de la finance.
Alors que la rigueur est imposée au peuple, les plus riches sont couverts par le bouclier fiscal, notamment. L’opacité autour de l’affaire Woerth/Bettencourt est une démonstration des liens entre le pouvoir et l’argent. Les affaires sont nombreuses, allant des cigares de Christian Blanc, à l’appartement de fonction de Christian Estrosi, l’hôtel de Rama Yade en Afrique du Sud, le gouvernement est affaibli, et démontre selon Jacques Julliard, que Nicolas Sarkozy a perdu la confiance de l’opinion, mais il a aussi perdu la main sur le pays.
L’affaire Woerth/Bettencourt a non seulement mis en évidence le double rôle d’Eric Woerth en tant que ministre du budget, et trésorier de l’UMP, mais aussi l’opacité des relations entre la majorité au pouvoir et l’argent. En effet, le quotidien "Libération" révèle que Nicolas Sarkozy « continue à rencontrer ses riches partisans » et leur promet « qu’il ne reviendrait jamais sur le bouclier fiscal ».

Céline Tabou


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