Candidatures

L’’ouverture’ complique les municipales de 2008

Lu dans... le monde

23 décembre 2007

L’ouverture mise en oeuvre par Nicolas Sarkozy depuis son accession à l’Elysée s’amplifie et se démultiplie à l’approche des élections municipales des 9 et 16 mars 2008, qui mettront aux prises plusieurs dizaines de milliers de candidats. Elle fait des émules sur l’ensemble du territoire, touche tous les partis sans exception, au point de susciter un gigantesque chassé-croisé dans la constitution des listes.
Cherchant à pousser son avantage sur une thématique appréciée par l’opinion, le chef de l’Etat avait vivement incité l’UMP à s’ouvrir le plus possible localement.
Bon gré, mal gré, le parti du président se plie à l’exercice. Par choix autant que par nécessité, le MoDem de François Bayrou n’est pas en reste.
Quant à la gauche, elle s’efforce tout à la fois de retenir ses ouailles et de contre-attaquer en attirant sur ses listes quelques brebis égarées du camp adverse. Même Lutte ouvrière s’est mise de la partie en ouvrant dans plusieurs villes des pourparlers avec le PCF et le PS.
Le marché de l’ouverture obéit à une règle simple : la valeur marchande est inversement proportionnelle à la proximité idéologique présumée. L’idéal serait d’attirer à soi l’un de ses plus irréductibles adversaires.
L’ouverture est à la mode. Revue des dernières tendances.
Loin des yeux, près du coeur. La députée et porte-parole de l’UMP Nadine Morano, qui brigue la mairie de Toul (Meurthe-et-Moselle), a réussi un "exploit" en attirant sur sa liste l’ancien directeur de cabinet de la maire (PS) sortante, Nicole Feidt.
Un cran en dessous, d’anciens membres du parti adverse, voire des "réputés proches", font aussi l’affaire. Le maire (UMP) de Marseille, Jean-Claude Gaudin, vient de réaliser une prise non négligeable en concluant un accord de "partenariat politique" avec les quatre conseillers municipaux de la Convention citoyenne menée par l’ex-PS Philippe Sanmarco. Serge Dassault, maire UMP de Corbeil-Essonnes, serait parvenu à rallier l’ancien responsable du Parti radical de gauche sur sa ville, Jean-Luc Raymond, qui figurait en deuxième position sur la liste socialiste de 2001.
Point trop n’en faut cependant : en prenant prétexte de l’ouverture pour annoncer, début octobre, son soutien à Hélène Mandroux, maire PS de Montpellier, le député villepiniste de l’Hérault Jean-Pierre Grand cherchait surtout à régler quelques comptes avec ses " amis " politiques. Il a été, depuis, suspendu de l’UMP.
Le poids d’un symbole. On murmure à Nancy que Malika Dati, professeur de gestion dans un lycée privé et soeur de la garde des sceaux, pourrait figurer sur la liste conduite par le maire (UMP) sortant, André Rossinot. Ce dernier assure qu’il ne faudrait y voir que la promotion d’une ancienne connaissance, "très impliquée dans la vie associative".
Trop d’ouverture peut tuer l’ouverture. Tout en s’efforçant de réunir sous la même bannière le centre et la droite de la droite, le candidat UMP à la mairie de Lyon, Dominique Perben, est allé pêcher sur l’autre rive. Sa première prise - un avocat réputé de gauche, ancien bâtonnier du barreau de Lyon, Philippe Genin - a décliné le poste d’adjoint à la culture qui lui était promis : il n’avait pas digéré l’accord passé entre M. Perben et les millonistes. Le candidat UMP doit pour l’instant se contenter d’André Vianès, également avocat, ancien président du groupe socialiste à la région. Inconvénient : il a rompu avec le PS en 1992.
Le vivier des recalés. Tous ceux qui se sentent injustement ignorés ou méprisés au sein de leur famille politique constituent un (riche) gisement pour la constitution des listes d’ouverture. Après avoir été écarté par le PS, qui a préféré investir la députée Martine Lignières-Cassou, le maire sortant de Pau, Yves Urieta, a été directement contacté début octobre par M. Sarkozy.
A Angers, le candidat de l’UMP, Christophe Béchu, a obtenu le ralliement d’un ancien adjoint PS désavoué par le maire sortant, Jean-Claude Antonini. A Dreux, l’UMP fait les yeux doux à Miled Zrida, candidat malheureux à l’investiture PS.
Le centre autonome, ou au plus offrant. Partant à la bataille dans des conditions difficiles, le MoDem de M. Bayrou fait preuve d’un grand sens d’adaptation lorsqu’il ne lui paraît pas opportun de présenter des listes autonomes. Ayant la promesse de figurer sur la liste conduite par le maire (UMP) de Bordeaux, Alain Juppé, le MoDem est tenté de conclure une alliance avec les maires socialistes sortants de Dijon, François Rebsamen, et de Tours, Jean Germain. Les centristes, il est vrai, ont aussi l’esprit large lorsqu’ils constituent leurs propres listes : M. Bayrou s’efforce de donner l’exemple à Pau. A Paimpol (Côtes-d’Armor), l’ex-MoDem Jean-Yves de Chaisemartin envisagerait de constituer une liste allant de l’UMP... jusqu’à un communiste encarté.
La société civile, valeur refuge. En cas de refus de tous les anciens et actuels adversaires politiques, il est toujours possible - plus classique mais toujours payant - de solliciter la "société civile" et les représentants de la "diversité", qu’il est de bon ton de ne pas oublier pour l’occasion.

Jean-Baptiste de Montvalon
(avec nos correspondants)


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