Escale obligatoire à Maurice pour les touristes des pays émergents

L’UMP sacrifie La Réunion : confirmation officielle

25 mai 2011, par Manuel Marchal

C’est officiel : les touristes chinois, indiens, russes et sud-africains désirant se voir délivrer un visa à l’aéroport de Gillot devront préalablement être obligatoirement passés par l’île Maurice, c’est ce qu’affirme un communiqué commun de l’État et de Jacqueline Farreyrol, présidente de l’Ile de La Réunion Tourisme et députée UMP. Voici le message adressé par la mesure du gouvernement à ces touristes : si vous voulez entrer à La Réunion sans avoir préalablement de visa, n’utilisez pas la compagnie réunionnaise, mais volez avec la compagnie utilisée par Air France pour affaiblir Air Austral et dépensez d’abord votre argent dans l’île d’à côté ! Aucun Réunionnais ne peut accepter une telle humiliation !

Le jour de son arrivée à La Réunion, la ministre de l’Outre-mer annonçait par voie de presse que le gouvernement allait apporter un bien curieux appui au développement du tourisme de La Réunion. La mesure proposée oblige les touristes venant d’Inde, de Chine, de Russie ou d’Afrique du Sud de passer par l’Île Maurice avant de venir à La Réunion. C’est la condition obligatoire pour se voir délivrer dans notre île un visa à l’arrivée à l’aéroport.
Cette annonce a eu lieu vendredi dernier, moins d’une semaine plus tard, elle est en application.
C’est ce qu’indique un communiqué publié hier sous la signature du préfet et de Jacqueline Farreyrol, présidente de l’Ile de La Réunion Tourisme et députée UMP. Le communiqué précise que cette expérimentation « s’adresse à des catégories de touristes en forte expansion à l’Ile Maurice et qu’il s’agit d’attirer pour quelques jours à La Réunion. Le dispositif, qui permettra de leur délivrer des visas gratuits à leur arrivée, implique tours opérateurs mauriciennes et agences réceptives réunionnaises qui, après convention passée avec la Préfecture, seront seules habilitées à présenter des demandes de visas de court séjour ».

Visas à l’aéroport : c’est possible

Ce communiqué confirme qu’il est possible légalement et matériellement de délivrer des visas à l’arrivée à l’aéroport pour les touristes venus des pays émergents. Cela amène tout d’abord à se demander pourquoi le gouvernement a attendu aussi longtemps pour appliquer cette disposition indispensable au développement de l’industrie touristique à La Réunion.
Mais là où cette avancée considérable perd toute son efficacité, c’est quand l’État décide que les touristes potentiels devront d’abord séjourner à Maurice avant de venir à La Réunion. Pourquoi donc imposer cette étape préalable ? Et pourquoi conditionner une entrée rapide à La Réunion à un passage par Maurice, pourquoi pas par Madagascar, les Seychelles ou les Comores ?
Cette décision va également à l’encontre d’une réalité en train de se construire dans notre île, et cela pour trois raisons.
Depuis le mois dernier, Air Austral, une compagnie réunionnaise, assure des vols directs entre notre île et Bangkok. L’aéroport de la capitale de la Thaïlande est un lieu de correspondance avec de nombreuses destinations en Asie. Si un touriste chinois ou indien veut venir à La Réunion, il peut donc transiter par Bangkok et se poser à Gillot. Mais il ne pourra pas obtenir un visa à son entrée à La Réunion. Autrement dit, voici le message adressé par la mesure du gouvernement à ces touristes : si vous voulez entrer à La Réunion sans avoir préalablement de visa, n’utilisez pas la compagnie réunionnaise, mais volez avec la compagnie utilisée par Air France pour affaiblir Air Austral et dépensez d’abord votre argent dans l’île d’à côté !

Aucun Réunionnais ne peut accepter cette humiliation !

De plus, cela fait déjà plusieurs années que la compagnie aérienne réunionnaise relie La Réunion à l’Afrique du Sud par des vols directs. Pourquoi alors exiger des touristes sud-africains qu’ils fassent un détour par Maurice avant de commencer leurs vacances à La Réunion.
Enfin, 48 heures avant la venue de la ministre de l’Outre-mer, c’est-à-dire voici 7 jours, une importante délégation chinoise, conduite par le deuxième personnage de la République populaire de Chine, est arrivée à bord d’un Boeing 747 d’Air China. Cet avion est venu directement de Chine, ses occupants n’ont donc pas eu besoin de transiter par Maurice. C’est bien la démonstration que ce type de relation est possible. Alors pourquoi imposer ce curieux détour par Maurice sauf à sacrifier les intérêts de La Réunion ?
Après qu’un chef de gouvernement ait laissé entendre que le président de la République considère les Réunionnais comme des assistés, voici la confirmation de cette ligne politique.
Les touristes chinois, indiens ou sud-africains désireux d’obtenir un visa gratuitement à l’aéroport de Gillot devront obligatoirement passer d’abord par Maurice. Cette possibilité sera interdite aux touristes ayant effectué un trajet direct entre l’Asie et La Réunion avec un avion d’Air Austral. Voilà la manœuvre trouvée pour contrecarrer le développement d’une entreprise réunionnaise, Air Austral, qui est l’exemple de la dynamique de la responsabilité.

M.M.

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  • Si cela s’avère être la vérité, honte à ceux qui sont concernés. Même leur démission n’éffacera pas leur dette envers les Réunionnais....


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