L’égalité réelle : l’aveu de l’échec de 70 ans d’intégration à la France

L’urgence d’un plan de développement pour La Réunion

16 mai 2015

À un mois de la venue du Premier ministre à La Réunion, François Hollande a décliné sa nouvelle feuille de route pour l’outre-mer : l’égalité réelle en quelques années. Dans sa conférence de presse du 15 mai, Paul Vergès appelle à l’action pour que les Réunionnais soient capables de proposer le 11 juin prochain à Manuel Valls les premières lignes d’un plan de développement.

La filière canne-sucre a obtenu le soutien unanime de tous les conseillers départementaux, toutes tendances politiques confondues.

Aux Antilles, François Hollande a lancé un nouveau mot d’ordre, l’égalité réelle. Il a prononcé son discours un mois avant la venue annoncée du Premier ministre à La Réunion. Manuel Valls est en effet attendu à partir du 11 juin dans l’océan Indien.
Après 70 ans d’intégration, François Hollande dit que la revendication principale c’est l’égalité réelle entre La Réunion et la France. Paul Vergès y voit un trait d’humour terrifiant.

François Hollande va-t-il faire l’autocritique sur l’inégalité créée par le gouvernement, à l’origine de la crise économique, demande le sénateur qui rappelle qu’il a fallu 50 ans de luttes et la démission de deux députés de La Réunion pour obtenir l’égalité.

Paris imposera-t-il sa vision ?

Le délai annoncé pose question : quelques années. Comment résoudre la crise en quelques années, interroge Paul Vergès qui énumère quelques indicateurs. Ce sont les 175.000 demandeurs d’emploi, les 120.000 illettrés, les 25.000 logements sociaux à rénover, les plus de 20.000 familles en attente d’un logement social. Cette situation est la conséquence d’une politique d’inégalité mise en place par Paris juste après le vote de la loi du 19 mars. C’est la sur-rémunération d’une partie des travailleurs d’une part, et le refus d’appliquer l’égalité prévue dans la loi pour la majorité des salariés d’autre part.

Paul Vergès prévoit que le Premier ministre qui va reprendre les discours du président de la République. « Quand il va dire, voilà mon plan pour le développement de La Réunion, quels seront les élus qui diront voilà notre plan ? ». Les élus de La Réunion seront-ils au rendez-vous du 11 juin ?

La crise de la canne

La canne à sucre ne devra pas être oubliée. Manuel Valls viendra à quelques jours du début habituel de la coupe. La Convention canne, qui fixe le prix de la canne, n’est toujours pas signée. L’industriel ne veut pas s’engager au-delà de 2017, date de la fin du quota et du prix garanti du sucre. La filière a donc demandé une hausse de 38 millions d’euros de la subvention de l’État à partir de 2017. En août dernier, François Hollande avait apporté son soutien à cette demande, tout en soulignant qu’elle est conditionnée à l’accord de la Commission européenne. Venue au début du mois, Corina Cretu, commissaire européenne, avait annoncé que la France n’avait toujours pas déposé de demande, ce qui va repousser son examen au mois d’octobre. « Un syndicaliste demande un engagement par écrit du président de la République. Existe-t-il un plus haut degré de suspicion ? », précise Paul Vergès.

La totalité des syndicats et des élus demandent que le gouvernement agisse. Région et Conseil départemental ont adopté à l’unanimité des motions soutenant la demande de la filière, mais il faut les relancer pour qu’ils s’engagent. C’est le sens de la proposition de Paul Vergès : que les collectivités garantissent le versement des 38 millions d’euros supplémentaires, afin de lever l’obstacle à la signature d’une Convention canne d’au moins 5 ans. Le Premier ministre devra s’exprimer à ce sujet.

La question de la sur-rémunération

Le sénateur note aussi que lors de la visite du président de la République aux Antilles, la télévision publique a diffusé un reportage sur la sur-rémunération. Ce fait s’ajoute aux déclarations du gouverneur de la Banque de France en Nouvelle-Calédonie appelant à mettre fin à ce système, à celle de Didier Migaut, premier président de la Cour des comptes, qui appelle à une refonte. Pour La Réunion, ce sont 600 millions d’euros qui doivent rester à La Réunion, explique Paul Vergès. D’où le rappel de cette proposition : pour les nouveaux arrivants dans la fonction publique à La Réunion, le même traitement qu’en France majoré de l’indemnité de résidence ; pour les fonctionnaires menacés de voir leur salaire amputé de la sur-rémunération, sa transformation en épargne qui reste propriété de l’agent. Paul Vergès rappelle que l’État ne peut pas remettre en cause le contrat qu’il a signé avec les fonctionnaires qui sont en poste à La Réunion, ces derniers ne doivent pas subir une baisse de salaire.

Paul Vergès rappelle aussi la signature prochaine de l’accord de partenariat économique entre les pays de la région et l’Union européenne. À La Réunion, l’économie réunionnaise seront alors face à la concurrence de toute la production de nos voisins. « Peu de pays au monde ont un rendez-vous historique aussi important que La Réunion », précise Paul Vergès qui souligne qu’aussi bien pour la canne à sucre que pour l’APE, tout va se jouer dans les 2 ans.

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