Des moyens pour faire face à la crise et préparer La Réunion du million d’habitants

L’urgence et le long-terme dans le premier budget écologiste voté par la Région

17 janvier 2009, par Manuel Marchal

750 millions d’euros, 62% d’investissements : la Région a voté hier son premier budget écologiste. C’est la traduction d’une impulsion politique dont les mesures vont aller en s’amplifiant et en se diversifiant afin de favoriser la construction du développement durable et solidaire de La Réunion.

Depuis 1998, la Région s’est orientée vers une politique de développement durable. Pour la première fois cette année, elle a adopté un budget vert. L’objectif est de faire payer les pollueurs dans l’énergie, et dans la santé publique, afin d’accélérer la prise de conscience et de stimuler les solutions innovantes favorisant la transition vers le développement durable.
Cette première a lieu dans un contexte international très particulier. Le monde connaît une crise économique fondamentale, inédite, dans une situation d’économie mondialisée. L’ampleur, la gravité et la durée de cette crise sont indéterminées.
La crise a déjà des conséquences à La Réunion, avec une hausse des personnes qui ont participé aux repas offerts par les associations caritatives. Dans le BTP, des milliers d’emplois sont menacés dans les jours qui viennent, a rappelé le président de la Région. Quant aux entreprises de transport, une trentaine de société ont déposé le bilan depuis le 8 décembre, et l’an dernier au moins 350 véhicules ont été saisis.
Les conséquences de cette crise interviennent au moment où La Réunion a officiellement dépassé 800.000 habitants, et se dirige vers le million d’habitants d’ici 15 ans. A court terme, cela représente un accroissement de 4.300 personnes de l’augmentation annuelle de la population active.
Après avoir posé le contexte, le président de la Région a rappelé la singularité des recettes de notre pays : elles sont en majorité des transferts publics.

La part essentielle des engagements contractuels

Ce sont tout d’abord les crédit garantis de manière contractuelle : le Contrat de projet État-Région 2007-2013 et les Programmes opérationnels européens (2007-2013). À ceci s’ajoute la dotation exceptionnelle du Protocole de Matignon, contractualisant le financement du tram-train et de la nouvelle route du littoral. Paul Vergès rappelle que ce document a été signé le 19 janvier par le Premier ministre, et contresigné par Nicolas Sarkozy lors de sa dernière visite à La Réunion.
À cela s’ajoute les flux financiers assurant la protection sociale. Des flux dont les limites coïncident avec celles de l’égalité sociale. Or, les Réunionnais condamnés à survivre avec des minima sociaux ne pourront pas toucher davantage que ce que gagnent les allocataires en France, tout en sachant que le coût de la vie est supérieur à La Réunion. Les dégâts du chômage à La Réunion sont tels que 52% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Ces données structurelles fixent le cadre d’un budget qui doit donc tenir compte des facteurs démographiques, du changement climatique et de la mondialisation.

Répondre dans l’urgence à la crise

Dans ses projets, la Région participe à une réponse immédiate à la crise. Lancée le 12 novembre dernier lors d’une rencontre au Conseil général des élus locaux et des socio-professionnels, l’accélération des projets trouve son illustration dans les investissements de la Région.
C’est par exemple le début de la construction du lycée de Sainte-Anne. C’est également le premier coup de pioche du nouveau pont de la rivière Saint-Étienne sans attendre le résultat du contentieux opposant la collectivité à l’État.
D’où le maintien des investissements à un niveau sans équivalent par rapport aux autres Conseils régionaux : 62% d’investissements. C’est un budget de réponse à la crise.
L’autre aspect, c’est la contribution de La Réunion à la lutte mondiale contre les émissions de gaz à effet de serre, pour l’atténuation des conséquences des changements climatiques et pour le développement durable. Le premier budget écologiste de la Région fixe des orientations stratégiques acceptées unanimement. Elles se situent dans la perspective de la conférence mondiale de Copenhague, qui lancera l’après-Kyoto, et du Plan climat énergie qui s’inspire des mesures lancées depuis de nombreuses années par la Région.
80% des émissions de gaz à effet de serre à La Réunion proviennent pour la majorité de la houille, et pour le reste du fuel et des transports. C’est l’impact du charbon, du fuel et des véhicules polluants. Quant à l’alcool, 15% de la population est directement concernée par ses dégâts.
Sur la base de ce constat, la Région propose un budget en accord avec l’impulsion politique lancée depuis 1998, et qui pour la première fois se traduit par une fiscalité écologiste.
Le budget est adopté à une large majorité. Pour Paul Vergès, la teneur des débats et le vote traduisent une volonté unanime de participer à une politique de développement durable, mais constate que des préoccupations immédiates ne permettent pas pour le moment de réaliser l’unanimité.

Manuel Marchal


Un premier pas

Lors du débat sur l’octroi de mer, Marie-Pierre Hoarau avait demandé s’il était possible d’aller plus loin dans le bonus accordé aux produits vertueux sur le plan de l’environnement.
Paul Vergès a indiqué que le budget 2009 est un premier pas vers des mesures allant encore davantage vers le développement durable.

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