Paul Vergès et les élections municipales

L’urgence sociale et économique mise de côté

3 avril 2014, par Céline Tabou

A l’occasion de ces élections municipales, les candidats avaient la possibilité de proposer des solutions aux problèmes de fonds que connait La Réunion, cependant « on est allé sur l’immédiat, la création de mini-crèches, de piscine, de stades, mais rien sur le contenu que les Français ont donné à l’élection municipale » a expliqué Paul Vergès.

Photo Toniox

Ce contenu se concentre autour des problèmes de chômage, d’emploi des jeunes, de crise, de croissance, d’inégalités de revenus. « Ici, si je suis élu, je ferais mieux que les autres, pour ça que l’on s’est appuyé sur les jeunes, mais ça été l’inverse ». En effet, le retour des anciens lors de ces élections a été plus important que les jeunes nouveaux élus de l’île qui « ont fait des résultats modestes ».

Pour Paul Vergès, « il n’y a pas eu de condamnation des anciens aux élections. Cela a une signification profonde de la vision que l’on a de l’avenir. C’est le triomphe des anciennes méthodes du passé qui sont efficaces », de plus « le rôle des contrats aidés et de la corruption » ont permis cette efficacité, « mais pourquoi ? », a posé le sénateur. Parce que « dans le cadre de la pauvreté à La Réunion, le clientélisme a une utilité encore plus grande que les perspectives d’avenir pour La Réunion, à la lecture des programmes des candidats », a-t-il expliqué.

Des mesures démesurées dans un contexte difficile

Ce dernier a évoqué plusieurs dossiers importants, qui ont des conséquences sur la vie des Réunionnais. En effet, lors des élections, le GIEC a publié un rapport alarmant sur les conséquences du changement climatique et proposé une série de mesure aux hommes politique pour y faire face. « Le problème principal sera l’eau, car on est à la limite », a indiqué Paul Vergès.

Ce dernier a fait référence à la proposition de René Paul Victoria et Nassimah Dindar à la veille du premier tour des élections. Ces derniers ont annoncé la gratuité de la cantine scolaire après les élections, « mais est ce que c’est chiffré cette gratuité, la transition démographique va continuer », a indiqué Paul Vergès, précisant qu’avec le gel des dotations de l’Etat, les économies prévues dans le budget, cette gratuité aurait eu des effets néfastes sur les budgets des collectivités.

Le sénateur a de nouveau déploré l’absence de proposition sur les problèmes que rencontrent les réunionnais. Des problèmes en lien direct avec Bruxelles, qui décidera de l’avenir économique et social de La Réunion. Car avec un déficit public qui s’est creusé, les contraintes de Bruxelles pourraient lourdement peser sur le budget national. « Le gouvernement devra faire de nouvelles économies », car pour avoir des recettes, « il faut faire des efforts sur les crédits de l’Etat, d’où le débat actuel ». « Le gouvernement dit qu’il va faire des économiques sur la fonction publique, ce sont les collectivités locales », qui seront visées a-t-il expliqué.

Bruxelles à la manette

Sur le plan de la politique générale, des restrictions budgétaires seront décidées par l’Union Européenne, pour que le gouvernement puisse financer ses projets sur le plan local, a indiqué Paul Vergès. D’ailleurs, le réforme sur l’octroi de mer est actuelle en débat, une décision qui viendra également de Bruxelles. Une décision qui aura des conséquences sur les budgets des collectivités, car l’octroi de mer représente 40%. Sa suppression, ajoutée au contexte budgétaire, contraindrait les collectivités à des difficultés financières sans précédents. D’autant que la loi sur la décentralisation impute de nouvelles compétences aux collectivités.

Dans une telle situation économique, sociale et politique, il semble évident pour Paul Vergès, que les élections cantonales et régionales ne s’organisent pas. Parce que « la droite va essayer d’enlever le maximum de régions et départements à la gauche » à deux ans de la présidentielle de 2017. L’objectif du PS sera alors de « gagner 2017 et de conserver la majorité ».

 Céline Tabou 

« Beaucoup de bavardage »


Sur la question de la filière canne et de l’annonce possible de la fin des quotas sucriers et donc du prix garanti à La Réunion, Paul Vergès déplore « beaucoup de bavardage sur tout sauf sur ça ». Ce dernier a rappelé la décision de Jacques de Chateauvieux de mettre fin à son exploitation de canne à sucre pour se consacrer entre autre à l’off shore, l’immobilier. « Dans ce sens, Chateauvieux est un visionnaire, car il n’a pas attendu que la réforme arrive pour se détourner du sucre ». Même chose pour les industriels mauriciens, se pose alors la question « comment les villes vont faire face à ce renversement ? ».

Pour Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-mer, La Réunion doit augmenter sa production de sucre, une annonce raillé par Paul Vergès qui dit : « il n’y a pas de contraste entre les réalistes mauriciens et les irresponsables à La Réunion ». Le délai à venir sur la canne représente un mandat municipal, a-t-il indiqué. Un délai qui incombe à la baisse drastique des crédits, à la réforme de l’octroi de mer, à la filière canne et aux négociations sur les Accords de Partenariat Economiques (APE).
Des défis à venir lors du mandat municipal, durant lequel la démographie va augmenter de près de 10.000 Réunionnais par an. Pourtant « il n’y a rien sur l’emploi, l’environnement » lors de la campagne de la part des politiques réunionnais, alors que Madagascar sera une « grande puissance ». « C’est l’un des plus grands évènements de l’Histoire extérieure de La Réunion » a indiqué Paul Vergès. Ce dernier a également mit en avant la montée en puissance des pays voisins comme l’Indonésie, la Chine, l’Inde, et l’ensemble des territoires de la zone océan indien. « C’est incroyable l’aveuglement des politiques réunionnais », car « c’est inévitable » pour La Réunion, présente dans cette zone en expansion économique, sociale, politique et humaine.

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