Dominique Voynet : une candidate de terrain

« La campagne, c’est le débat »

22 février 2007

Après une visite de la ferme éolienne de Sainte-Suzanne, hier en fin de matinée, puis des locaux HQE de la DIREN, Dominique Voynet, candidate des Verts, accompagnée des militants Verts de La Réunion, a été reçue, dans l’après-midi, par le Président de Région Paul Vergès. Un entretien d’une heure suivie d’une intervention aux 3èmes Rencontres du Développement durable. Une candidate comme une bouffée d’oxygène qui, au milieu de ce chaos médiatique de la présidentielle, est disposée à l’échange.

Agriculture, transports, identité réunionnaise, relations avec l’Europe... furent les thèmes autour desquels ont échangé Paul Vergès et Dominique Voynet, « convaincue que La Réunion peut être un modèle pour l’ensemble des îles ». Son savoir-faire, sa capacité de recherche, ses partenariats économiques, industriels, ses réseaux, mais aussi sa curiosité intellectuelle qui la pousse à aller voir ce qui se fait ailleurs, sont pour l’ambassadrice des Verts des atouts d’importance.

Pas de promesse, ni de démagogie

Dominique Voynet espère-t-elle récupérer des signatures à La Réunion ? Paul Vergès lui apportera-t-il son soutien ? Immanquablement, les questions furent posées. Le Président de Région répond avec un sourire, soulignant qu’il ne faut pas encore extrapoler ses propos, qu’il est « toujours prêt à aider tous les démocrates ». Bien qu’il manque encore une cinquantaine de signatures à la candidate écologiste, elle se défend, quant à elle, d’être venue pour courtiser les élus locaux. Si elle a souhaité, durant ses 2 jours de visite, privilégier le terrain plus que les grands meetings, c’est peut-être une question de finances certes, mais avant tout, une conception différente de la politique. « J’ai choisi le terrain pour partager les expériences, les choses qui marchent, pour saluer le travail de fond engagé, comme les bâtiments HQE », confie en substance la candidate. Des constructions de Haute Qualité Environnementale qui devraient, selon elle, « devenir la règle ».
Et de préciser encore que « la campagne électorale, ce n’est pas seulement des militants dans des bus que l’on met dans des stades avec des drapeaux. La campagne, c’est le débat. L’écologie n’est pas réservée à ceux qui en ont les moyens, mais c’est une obligation vitale ». Dominique Voynet vient sans promesses, sans acquiescements compulsifs à chaque sollicitation, sans volonté d’engager un rapport de force avec les élus. Elle sait parfaitement que la prise de conscience écologique ne s’impose pas, mais nécessite un rappel constant. Elle vient pour prendre fait des actions engagées localement en matière de développement durable, d’autosuffisance énergétique, des sujets sur lesquels elle a déjà travaillé dans le passé avec le PCR, mais aussi pour aborder les sujets de tensions qui méritent une réelle action de l’Etat, comme le logement. Davantage encore dans les îles dont les ressources sont comptées, la politique de développement durable est primordiale « si l’on veut s’en sortir ». Et la candidate de se réjouir des actions engagées localement en la matière. Quant à dire si Paul Vergès est un « bon écolo », elle estime qu’il n’y a pas de fiche type. Finalement, ce qui importe, « c’est le résultat ». Dominique Voynet n’entretient aucune illusion quant à la signature du pacte écologique de Nicolas Hulot par les autres candidats, il suffit simplement de voir « le fossé, la fracture, la faille qui séparent le discours des candidats et les mises en application sur le terrain ». Le propre de l’écologiste, c’est la lucidité, un point fort de convergence avec le Président Vergès.

Stéphanie Longeras


Dominique Voynet aux 3èmes Rencontres du Développement durable

« L’écologie n’est plus un luxe, c’est une obligation »

Martin Hirsch, Président d’Emmaüs, a partagé son temps de parole avec Dominique Voynet autour du thème : pauvreté et environnement, 2 sujets unis par un lien qui n’a rien d’artificiel, car se sont, en premier lieu, les populations contraintes à la pauvreté qui subissent la mauvaise gestion de notre planète.

4 secteurs clés générateurs de 500.000 emplois par an

« Longtemps, on a opposé écologie et économie, écologie et développement durable ». Pour Dominique Voynet, cela a pris du temps, mais cette appréciation de l’écologie, vue comme « un supplément d’âme », « une barrière d’ajustement », tend à changer. Les problèmes auxquels est confrontée la planète se sont amplifiés : changement climatique, raréfaction et cherté du pétrole, épuisement des ressources de l’océan, pollution industrielle, gestion des déchets..., « ce modèle économique, suivi au prix de l’environnement, n’a pas fonctionné, il a produit de la misère à gros bouillon, sécrété pauvreté et pollution ». Pour Dominique Voynet, il n’est plus pensable d’opposer lutte contre la pauvreté et protection de l’environnement, car ce sont les plus démunis qui payent en premier lieu les conséquences d’une absence de stratégie de développement durable, contraints à la mauvaise nourriture, aux vêtements importés, car moins chers. « L’écologie n’est plus un luxe, c’est une obligation ». Elle permet, en outre, de lutter activement contre cette pauvreté grandissante qui touche des milliards de personnes sur la planète. Elle permet de créer « des emplois de qualité, variés, répartis, de diminuer les charges collectives (la facture du pétrole s’élève à 50 milliards d’euros cette année), d’augmenter la qualité de vie et le pouvoir d’achat ». Et Dominique Voynet d’argumenter concrètement son propos en relevant 4 secteurs d’activités porteurs : l’agriculture durable qui n’impacte que les milieux et les hommes, et permet des produits de qualité à des prix décents si les grandes surfaces ralentissement leurs lobbies ; les logements HQE qui permettent, dans certains pays, aux familles de bénéficier d’aides pour acquérir des appareils effectivement et écologiquement efficaces ; la production énergétique à partir de la biomasse, du soleil, du vent... qui offre un « gisement d’emplois de grande qualité » ; et enfin, les transports collectifs. Selon les prévisions, ces secteurs pourraient générer 500.000 emplois par an. « Ce n’est pas une écologie de bricolage », défend la candidate, mais des niches qui « intéressent diablement les multinationales. Ne laissons pas passer ce train-là ».

SL


An plis ke sa

Échanges avec la salle

« 10 à 15% du montant de nos achats sont déjà des déchets »

Interrogée sur la question de la gestion des déchets, Dominique Voynet estime qu’il faut procéder à une stratégie cohérente, à savoir réduire les déchets à la source. Réduire les emballages, c’est réduire les coûts et les maladies issues de l’incinération. Elle soutient la responsabilité des producteurs à la base et en bout de chaîne. La mise en place d’une éco-taxe permettrait, selon elle, d’organiser des filières de traitement des déchets. Et de souligner : « Je ne veux pas décider à votre place, mais il faut prendre les choses dans le bon ordre. Après discussions avec Paul Vergès, nous pensons qu’il n’est pas indispensable de construire un incinérateur, mais le Conseil général pense le contraire... ».

La sensibilisation à l’environnement n’est pas réservée aux enfants

Une personne présente dans l’assemblée a interpellé Dominique Voynet sur le fait qu’il n’y ait pas, au même titre que les cours d’instruction civique, des cours de sensibilisation à l’environnement dans les établissements scolaires. Depuis 15 ans, un protocole signé conjointement par les ministères de l’Education nationale et de l’Environnement a porté obligation d’introduire des modules de sensibilisation à l’environnement dans les écoles primaires et les collèges, « mais dans la pratique, cela dépend de l’engagement des professeurs », reconnaît l’élue. Les livres scolaires intègrent de plus en plus ces questions, mais certes, cela va trop lentement. Et Dominique Voynet de manifester sa révolte sur le fait que l’on fasse porter trop le poids de cet enseignement sur nos enfants, comme si les adultes n’étaient plus capables d’apprendre encore les gestes essentiels. Elle plaide ainsi pour les ambassadeurs du tri qui sensibilisent concrètement les familles par des actions de proximité.

SL


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