Sylvestre Lamoly

La canne : ’tout est loin d’être rose’

23 septembre 2006

Il a plusieurs cordes à son arc : Conseiller régional, Vice-président du Conseil régional, élu à la Chambre d’Agriculture, Président de la Commission mixte d’usines de Savannah, Stella et les Tamarins, membre de la Commission paritaire de la canne et sucre. Preuve de sa confiance en la filière canne et au développement de ses sous produits, et de sa détermination pour porter les revendications des petits et moyens planteurs.

Sylvestre Lamoly, régulièrement, nous vous apercevons aux côtés de Jean-Yves Minatchy, le Président de la CGPER, pour porter les revendications et défendre des petits et moyens planteurs. Pouvez-vous nous rappeler les difficultés auxquelles ils doivent faire face tout le long de l’année ?

- Cette implication à ses côtés mais également aux côtés de nombreux responsables sur l’ensemble du département est indispensable face aux difficultés rencontrées par les planteurs et plus généralement par les agriculteurs réunionnais. L’agriculture est un métier difficile mais passionnant, et c’est pour cette raison que les agriculteurs, avec la CGPER, militent pour notre profession.
Les principales difficultés rencontrées sont l’augmentation des coûts de production que ce soient les herbicides ou l’engrais, les conditions climatiques difficiles - notamment pour les planteurs de cannes dans le Sud cette année - mais également des difficultés conjoncturelles comme la rareté du foncier agricole et l’écoulement de nos produits sur le marché de la restauration collective.

Vous plantez de la canne, preuve que vous croyez en l’avenir de cette filière. Malgré tout, des menaces pèsent sur elle. Quelles sont-elles ? Par ailleurs, que proposez-vous pour la sauver et pourquoi ?

- Je suis planteur de cannes non par obligation, mais par choix car c’est une production historique qui, 200 ans après, représente encore la première exportation de l’île dans une balance commerciale largement déficitaire et participe étroitement au développement touristique. De plus, c’est une filière très structurée avec une garantie d’écoulement et de prix. Mais tout est loin d’être rose. Nous venons de traverser une zone de forte turbulence avec la réforme de l’OCM-Sucre qui montre qu’aujourd’hui, La Réunion est étroitement dépendante de décisions prises à 10.000 kilomètres. Bien que La Réunion soit préservée jusqu’en 2013, en tant que jeunes planteurs, nous avons une inquiétude sur ce dossier, et d’ores et déjà, nous pouvons dire que la filière canne dépend de l’Europe et de l’État. Autre inquiétude, le déclassement de terrains sur La Réunion qui empiète sur les terrains agricoles.
La Convention canne a permis de préserver les petits et Ies moyens planteurs, notamment grâce au maintien du système de paiement de la canne (avance des usiniers pour compléter le prix de base) et un effort sur la modernisation des exploitations (l’avance de trésorerie, l’aide aux zones difficiles, l’augmentation des aides notamment au transport). Il ne faut surtout pas dormir sur nos lauriers et réfléchir à valoriser la canne à sucre. Un jour, un ancien directeur de l’usine de Bois Rouge Saint-André avait déclaré que dans la canne, tout est bon et c’est dans cette optique que nous devons travailler. Les industriels ont récemment déclaré qu’ils allaient produire 50.000 tonnes d’éthanol à partir de 2008, et comme le prévoit la Convention canne, les planteurs auront une valorisation de cette prime afin d’arriver à une répartition équitable des richesses tirées de la canne. Autre priorité, la suppression de la taxe foncière non bâtie dès 2007, car elle constitue un handicap majeur sur l’outil de production. Une première étape a été franchie avec une baisse de 20% cette année (alors que la Chambre d’Agriculture a augmenté sa part de 5%). Il est impératif que tous les acteurs locaux défendent l’agriculture.
À ce propos, nous saluons la décision du Conseil régional d’avaliser une proposition de la CGPER pour une aide au fret de l’ordre de 50 euros par tonne d’engrais importée dans le cadre du fonds spécifique d’éloignement.

En début d’année, des pluies abondantes ont causé des dégâts aux agriculteurs de l’île qui vont bientôt être dédommagés. Quelle est votre réaction vis-à-vis de cette situation ?

- En effet, après le passage du cyclone Diwa en début d’année, de nombreux agriculteurs, essentiellement des maraîchers, ont été durement touchés. Le cyclone passé, la CGPER a immédiatement demandé une indemnisation pour les personnes concernées, et nous avons dû manifester à plusieurs reprises pour se faire entendre. Aujourd’hui, les indemnisations devront intervenir au début du mois d’octobre avec une enveloppe de 5,5 millions d’euros, soit une indemnisation à hauteur de 30% pour les pertes de cultures et 35% pour les pertes de fonds. Sur ce dossier, la CGPER constate que si les autorités locales ont fait rapidement leur travail, en revanche, au niveau national, le traitement de ce dossier a été long.

J.-F. N.


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