Théophane Narayanin, membre du Conseil de surveillance d’Air Austral

« La cession d’Air Austral est engagée »

6 juillet 2012

A la veille de l’Assemblée générale d’Air Austral, qui doit acter la recapitalisation de la compagnie, Théophane Narayanin jette toutes ses forces dans un combat difficile à gagner : empêcher la dilution des parts des petits actionnaires, comme lui, et du personnel.

Théophane Narayanin, le chef d’entreprise aux multiples casquettes, a répété ce jeudi 5 juillet 2012 devant la presse ce qu’il pensait du « coup d’accordéon » financier qui va faire de la SEMATRA l’actionnaire ultra-majoritaire d’Air Austral, avec environ 90% des parts, et réduire la participation des autres porteurs à une peau de chagrin.
« La manœuvre va aboutir à placer le pouvoir dans une seule main, dit-il. Demain, le président du Conseil de surveillance et le directoire auront la possibilité de tout décider, y compris de rendre la compagnie cessible. La procédure de cession d’Air Austral est engagée ! ».

D’autres solutions possibles

Il est vrai qu’à plusieurs reprises ces derniers temps, Didier Robert, président du Conseil de surveillance, a expliqué que la SEMATRA n’avait pas vocation à rester actionnaire dominant, et a appelé de ses vœux l’arrivée d’investisseurs privés. Ces derniers ne se sont guère manifestés jusqu’à présent.
Théophane Narayanin, qui détient avec ses associés 5% d’Air Austral à travers la société R’Finances, ne se fait pas à l’idée d’être débarqué du Conseil de surveillance. « Nous voulons rester à bord, même si c’est au bout de la table », dit-il, en répétant la liste de solutions techniques qui permettraient d’éviter de réduire à presque rien la valeur des actions avant d’injecter le capital apporté par la Région, le Département et la Caisse des Dépôts. Cette dernière ne serait pas étrangère à la décision d’effectuer immédiatement le « coup d’accordéon » financier, se murmure-t-il dans les coulisses d’Air Austral, alors que la loi lui laisse trois ans avant d’actionner cette mesure radicale.
Théophane Narayanin se fait fort, pour sa part, de réunir dans les deux mois les 5 millions d’euros qui manquent encore pour porter le capital à 70 millions d’euros, objectif que s’est fixé la compagnie pour sécuriser sa base financière.

« Pas revenir sous le joug de qui que ce soit »

« Il n’est pas normal que les banques télécommandent les entreprises et le système économique de La Réunion. La réussite d’Air Austral leur a profité, ce que nous leur demandons ne va pas les ruiner. J’ai connu le monopole d’Air France, je ne veux pas revenir sous le joug de qui que ce soit », poursuit « Guito », également trésorier de la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion. Cette dernière, actionnaire minoritaire de la SEMATRA, serait prête à injecter 200.000 euros dans le capital, à condition d’obtenir un siège au Conseil de surveillance de la compagnie réunionnaise.
« Les gros actionnaires doivent assumer la responsabilité de la situation, assène Théophane Narayanin. Pousser dehors les salariés actionnaires va créer une tension sociale ingérable. Ils ne doivent surtout pas faire l’erreur de se mettre le personnel à dos ».
Il admet toutefois ne pas être en position de force. « Mais ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne, martèle le chef d’entreprise. Si les dirigeants d’Air Austral n’ont rien à cacher, qu’ils nous gardent ! ». Sa voix s’apprête à tonner, ce vendredi après-midi, 6 juillet 2012, au Parc des expositions de Saint-Denis, où est convoquée l’Assemblée générale de la compagnie.

Source : Imaz Press Réunion

Air Austral

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