Un conclave sur les retraites pour rien

La CFDT annonce « l’échec » de la concertation

26 juin

Après quatre mois de discussions sur la « réforme des 64 ans », les échanges entre le gouvernement, les syndicats et le patronat a aboutit sur un échec cuisant pour le Premier ministre, François Bayrou.

À 22h30 passés, le lundi 23 juin, les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à s’entendre pour amender la réforme des retraites, très contestée par la population. Syndicats et organisations patronales ont constaté qu’ils étaient dans l’impasse.

Cette dernière réunion du conclave des retraites avait déjà mal débuté… Peu avant, vers 15h, Patrick Martin, le président du Medef, et Amir Reza-Tofighi, président de la CPME (la confédération des petites et moyennes entreprises), sont arrivés côte à côte avec un texte commun : « on a partagé depuis le début une position commune qui était de dire il ne fallait pas dégrader l’équilibre financier et ni augmenter le coût du travail ».

Non loin d’eux, Yvan Ricordeau, représentants de la CFDT, et Christelle Thieffinne, de la CFE-CGC, ont dénoncé le patronat qui « ne joue pas le jeu ». « C’est une façon de torpiller la négociation », a ajouté le négociateur de la CFDT.

Ce dernier a interpellé Patrick Martin, président du Medef, devant la presse : « Est-ce que la négociation s’opère sur le texte qu’on a discuté depuis quatre mois ? »

Finalement, au bout de la soirée, les partenaires sociaux ont acté leur désaccord. « Lorsque nous avons commencé, tout le monde s’attendait à ce que l’on échoue et nous avons échoué, personne n’est surpris », a indiqué Eric Chevée.

« Il n’y aura pas d’accord sur l’amélioration de la réforme 2023 », a expliqué Yves Ricordeau. « Je me demande si dès le premier jour, les organisations patronales ont voulu un accord », a ajouté Pascale Coton, négociatrice pour la CFTC.

Les trois organisations syndicales ont accusé le patronat d’avoir fait échoué les débats, après quatre mois, lui reprochant d’avoir « fermé la porte aux syndicats », notamment sur le sujet de la pénibilité et du financement du rééquilibrage du système des retraites.

Concernant la pénibilité, les syndicats insistaient pour que certains critères soient mieux pris en compte dans les départs anticipés à la retraite. Une position refusée par les organisations patronales, préférant mettre l’accent sur la prévention plutôt que sur la réparation.

Concernant le financement du déficit du modèle (estimé par la Cour des comptes à 6,5 milliards d’euros d’ici 2030) et des aménagements de la réforme, les partenaires sociaux se sont également confrontés.

François Bayrou avait posé comme condition à « son » conclave, qu’il ne devait pas mettre en péril l’équilibre financier de la réforme de 2023. « Nous n’étions pas en capacité d’augmenter les cotisations patronales et salariales », a répété Diane Milleron-Deperrois, négociatrice du Medef.

La représentante de la première organisation patronale a notamment évoqué le retour de l’âge de la décote (celui à partir duquel les assurés ont droit à une pension à taux plein, même s’ils n’ont pas le nombre de trimestres requis pour y être éligibles) à 66 ans et demi (contre 67 ans aujourd’hui).

De son côté, Eric Chevée, vice-président de la CPME, a pointé du doigt la hausse du forfait social, toujours présente dans le texte de Jean-Jacques Marette, pour expliquer en partie l’échec des discussions. « Mettez-vous à notre place, nous ne pouvons pas porter l’idée d’un texte qui augmente l’impôt sur les entreprises de 10% », a-t-il souligné.

Pourtant une mesure proposait l’augmentation de cette contribution payée par l’employeur sur certaines primes exonérées de charges sociales de 20 à 22%. Le représentant patronal n’a toutefois pas fermé la porte à une nouvelle discussion. « Je regrette [l’échec des négociations NDLR] mais je pense que de toute façon le sujet reviendra. Le pire serait qu’il soit laissé aux politique », a-t-il assuré.

À la fin de cette ultime réunion, l’animateur du conlave Jean-Jacques Marette a appelé le premier ministre pour lui signifier l’échec des négociations. « S’il y a un accord (au conclave), il y aura débat au Parlement, mais je ne remettrai pas en chantier s’il n’y a pas d’accord », avait rappelé François Bayrou devant les députés, le 17 juin.

Le premier ministre avait proposé cette discussion pour donner un gage aux socialistes et ainsi donner un sursis à son gouvernement. La question de la censure, déjà promise par les députés LFI, va à présent revenir en force.


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