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Contribution de Rémi Barroux à la conférence de Laurent Médéa
15 mai 2008
“Témoignages” du 9 mai 2008 rapporte une conférence à Saint-Denis avec le sociologue Laurent Médéa sur le thème “Jeunes Réunionnais : alerte misère morale” (http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=29693).
Le sociologue, auteur d’une étude “La délinquance juvénile à La Réunion”, sur la base de « centaines de dossiers judiciaires et d’entretiens avec des détenus, des travailleurs sociaux et auxiliaires de justice », brosse un tableau sombre... guère éloigné des conclusions auxquelles je parvenais à la suite d’une étude sur la délinquance à La Réunion en 1991. En son temps, la presse régionale métropolitaine s’en était fait l’écho : “Le Télégramme” « Un sociologue brestois au chevet de La Réunion : former les enfants blessés à la citoyenneté » et “Ouest-France” « Un sociologue brestois et La Réunion : Un cas de société malade ».
Bref, le constat ne serait “que” sombre s’il n’était exactement le même à presque vingt ans d’intervalle, ce qui lui permet d’accéder au statut de... déprimant.
Toutefois, deux pierres me semblent devoir être apportées à l’édifice de ce débat.
Première pierre, les responsabilités puisque Laurent Médéa fait succéder à l’objectivation l’accusation et que celle-ci, sauf à ce que le compte-rendu journalistique soit tronqué, vise exclusivement l’État : « Que fait l’État devant un tel phénomène pour faire respecter un droit constitutionnel : le droit au travail pour tous les Réunionnais ? Que fait-il pour instaurer à La Réunion une société équitable et donc harmonieuse ? Que font les services de l’État pour prévenir les conséquences d’une telle situation ? Il suffit de se poser ces questions et d’y réfléchir un peu pour mesurer les fautes politiques et les carences de l’État, principal détenteur de pouvoirs dans l’île... ». Certes, certes, l’État n’est pas à absoudre, nombre de ses éminents missi dominici n’investissant la problématique réunionnaise que “touristiquement”, une étape de quelques années sous les cocotiers à zorey’ land dans un parcours de mobilité professionnelle (avant d’y revenir s’y chauffer leurs vieux os avec une retraite majorée), appliquant sans discernement des programmes calibrés sur des normes métropolitaines. Toutefois que l’arbre de l’État cache la forêt des élus locaux est un peu fort de carri lorsque l’on connaît le poids de ces élus dans l’attribution des emplois aidés ou non, particulièrement municipaux. Ajoutons à ceci - mais peut-être cela va-t-il (enfin) changer avec les nouveaux exécutifs issus des récents scrutins - un déficit patent de projet politique fondé sur le développement local, sur l’économie sociale et solidaire dont La Réunion devrait être le laboratoire français. Je pose l’hypothèse, vérifiée maintes fois auprès de mes nombreux amis réunionnais, que la critique de l’État est plus facile que celle des élus locaux : La Réunion étant une île, la parole libre y est l’assurance d’un effet-boomerang. Formulé différemment, haro sur le baudet de l’État est un sens commun à La Réunion qu’il faudrait (singulièrement pour un sociologue) déconstruire pour parvenir à une reconstruction. La pensée critique ne peut être disjonctive et partielle, sauf à être partiale et conséquemment à mettre en place des conditions improbables d’un projet qui ne peut être que de relance avec l’ensemble des acteurs.
Seconde pierre, « Mais à quand un observatoire social à La Réunion ? », a conclu Laurent Médéa. Oui, oui, les observatoires ont du bon et, depuis un quart de siècle que j’interviens dans le champ des politiques publiques, j’ai vu leur éclosion et multiplication... sans pour autant que celles-ci soient synonymes de résolution. En quoi les observatoires ont-ils du bon ? Ils permettent de fonder l’action selon une perspective et une économie des besoins, non de l’offre, et de la sorte de répondre au critère de mutabilité (évoluer en fonction des besoins) lui-même définitoire de la mission de service public. Cependant les observatoires ne sont qu’un outil, un palier pour ce qui est primordial : agir ici et maintenant, ici et pour l’avenir, de telle façon à ce que les constats sombres s’éclaircissent. Un observatoire n’est pertinent qu’à la condition de s’inscrire dans un projet politique avec, en amont, des convictions et, en aval, des applications, les unes et les autres partagées. On connaît la boutade de de Gaulle inaugurant le CNRS, « Des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche. » On peut observer ad vitam, voire ad libitum, mais la production d’utilité sociale n’emprunte pas le chemin de la compassion (même si l’on peut être empathique), ni met la charrue de l’observatoire avant les bœufs du projet et de la volonté politiques. Ainsi l’outil n’est pas une solution il n’est qu’un moyen pour parvenir à la solution.
J’ai proposé dans un article paru dans “Le Quotidien” le 26 août 2007, « un contrat social avec la jeunesse réunionnaise ». Dans le même journal, quatre mois après, je rappelais cette phrase de Michel Foucault (référence parfaitement adaptée en ces temps de commémoration soixante-huitarde) : « Une société se juge à la façon dont elle traite ses exclus. » La solution, singulier très prétentieux j’en suis conscient, est d’abord et essentiellement politique. Ce n’est qu’à partir de sa définition explicite, synthèse d’une dialectique entre les parties, non-sentence d’un tribunal avec un accusé-État, et d’un processus démocratique et participatif incluant évidemment les jeunes, que La Réunion parviendra à s’extraire d’une ornière et que nous, sociologues, pourront en parler en termes de modèle, de bonnes pratiques, plutôt que d’échec et de contre-exemple.
Cela sera, convenons-en, bien plus agréable.
Philippe Labbé
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