Convention CIVIS-TCO pour la collecte des ordures ménagères :

La CIVIS pousse au “black out”, le TCO demande la médiation de l’Etat

20 août 2008

« On ne peut agir de cette façon dans le cadre d’un service public » a déclaré le président du TCO, Jean-Yves Langenier, en annonçant hier en conférence de presse la demande de médiation que la communauté de l’Ouest a faite auprès de la préfecture et l’annonce simultanée d’un référé devant le tribunal, au cas où...la raison serait congédiée de la médiation d’aujourd’hui.

Depuis lundi, le Centre d’Enfouissement Technique (CET) de la Rivière Saint-Etienne, créé par le SIVOMR et actuellement géré par la CIVIS, ne laisse plus entrer les camions bennes qui apportent chaque semaine autour de 1.600 tonnes d’ordures des cinq communes du TCO - Saint-Leu, Trois-Bassins, Saint-Paul, Possession et Port. Les collectes d’ordures ménagères ont donc cessé dans ces communes. Elles reprendront dès qu’un accord aura été trouvé entre les deux EPCI.
Quatre des cinq maires de la communauté de l’Ouest étaient présents à la conférence de presse tenue hier, au siège du TCO, pour faire l’historique des échanges entre les deux EPCI depuis décembre 2007, date à laquelle a pris fin la convention de trois ans qui les liait, parmi 14 communes, dans le cadre du Plan Départemental d’élimination des déchets. La répartition organisée d’après ce Plan envoie les déchets ménagers de l’Ouest vers le Centre d’Enfouissement du Sud, à la Rivière Saint-Etienne.
« Plusieurs courriers du TCO envoyés en 2007 pour préparer la nouvelle Convention sont restés sans réponse. Puis, fin 2007, une délibération de la CIVIS (conseil communautaire) a fixé une nouvelle grille tarifaire augmentant les prix de 33% pour les ordures ménagères et de 233% pour les encombrants - des prix exorbitants que le TCO n’a pas acceptés » a dit en substance Jean-Yves Langenier.
La CIVIS a cessé de répondre aux « demandes d’éclaircissement » du TCO après des échanges dans lesquels les élus de l’Ouest faisaient valoir que, sur la base des chiffres transmis par la communauté de communes du Sud, ils obtenaient une augmentation un peu supérieure à 10% et des tarifs situés entre 45 et 56 euros la tonne, selon les critères retenus. Mais rien à voir avec ceux exigés par la communauté du Sud, qui exige 60 euros/T. Le TCO a proposé une augmentation de 45 à 50 euros, avec en fin d’année un bilan permettant un réajustement des prix, le cas échéant.
« Appliquez les tarifs, on discutera ensuite ! ». Sur cette exigence, la CIVIS a envoyé les factures du surcoût impayé depuis décembre, et comme le TCO refuse de payer en l’absence d’une transparence des prix, la Communauté du Sud n’a rien trouvé de mieux que d’interdire l’accès du CET aux camions venus de l’Ouest.
« La transparence des coûts est une exigence encore plus forte dans le cadre d’un service public » plaide pour sa part le président du TCO, en écartant à priori tout transfert des déchets de l’Ouest vers le Centre d’enfouissement de Sainte-Suzanne, qui remplit les mêmes obligations pour l’autre partie de l’île.

« La seule dérogation qu’on ait connue a été causée par l’effondrement du pont de la Rivière Saint-Etienne, après le cyclone Gamède » a-t-il ajouté, indiquant ainsi que seule une reprise du dialogue par la CIVIS permettrait de dénouer le litige.
La demande de médiation - qui n’a sûrement pas été faite de gaîté de cœur lorsqu’on connaît la préférence des élus communistes pour le dialogue direct entre Réunionnais responsables - a été motivée par le souci des élus de l’Ouest de ne pas laisser s’installer une situation sanitaire à risques. Une réponse rapide de la Préfecture a donné rendez-vous aux parties ce mercredi, à 14h30, à la sous-préfecture de Saint-Pierre.
Mais dans le même temps, le TCO met un deuxième fer au feu, en déposant un recours en référé pour faire lever l’interdiction de l’accès « si jamais la médiation n’aboutit pas ».
Le souhait prioritaire est évidemment qu’elle aboutisse et le TCO n’écarte aucune proposition sérieuse qui viendrait consolider le Plan Départemental en maintenant un coût du service public « le plus économique possible ». Le président du TCO a plaidé hier « pour une vision d’ensemble ». « Nous pensons avoir eu une attitude responsable et nous ne sommes pas payés de retour » a-t-il ajouté, en faisant allusion au refus de la CIVIS d’échanger ses données financières et techniques sur ce dossier. Trop d’éléments restent opaques, selon les élus de l’Ouest.
« On ne peut agir de cette façon dans le cadre d’un service public. On ne peut bloquer l’accès d’un service public à un autre service public » a encore dit Jean-Yves Langenier, en lançant un appel à la population des communes du TCO pour « qu’elle comprenne qu’on est dans une situation difficile et qu’elle essaie de trouver les meilleures solutions d’attente ».

P. David

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  • Nos poubelles débordent … et nous n’y pourrions rien ? – Parnyssi

    Cela vaut la peine d’y réfléchir : déposer 1 tonne d’ordures ménagères (OM) au centre d’enfouissement revient au prix d’1 tonne de canne payée au planteur (60,49 €).

    En réalité, 1 tonne d’OM nous coûte plus encore puisqu’il faut y ajouter le prix du transport et celui de la collecte. On peut dire qu’à continuer dans cette voie nous marchons sur la tête alors que la solution nous appartient entièrement.

    Nous sommes une île et toutes les marchandises y entrent par deux points : Pointe des Galets et Gillot. Par ces deux points, nous faisons entrer des tonnes d’emballages cartons, de plastiques souples ou de blisters rigides. Nous payons ces emballages inutiles en volume transporté par avion ou par bateau. Nous les payons encore au poids déchargé, à la manutention, au dépotage, etc. À chaque étape, ne l’oublions pas, s’applique la TVA ce qui fait augmenter les prix. Puis, quand nous avons acheté ces emballages superflus, nous devons nous en débarrasser … dans nos poubelles ! et payer encore pour la collecte, le transport et le stockage avec le risque, si nous ne prenons pas conscience du problème, de nous retrouver avec de bonnes âmes qui nous démontreront le caractère indispensable de deux incinérateurs pour brûler tout ça. Et nous paierons alors avec notre santé et celle de nos descendants.

    Je n’ai pas de baguette magique, mais je pose la question : et si nous exigions des centrales d’achat qu’elles importent granules, flocons de ceci et de cela, farines, etc, en vrac. L’ensachage pourrait se faire à La Réunion (emplois) avec interdiction d’utiliser autre chose que des poches en kraft bien solide, par exemple.

    L’avantage serait triple :

    1 - on réduirait le volume des déchets de façon considérable puisque les emballages seraient réduits au minimum.

    2 - de ce fait, les collectes d’OM pourraient être plus espacées et le recyclage du kraft est assez peu compliqué et sans doute le moins énergivore.

    3 - des entreprises d’ensachages créeraient de l’emploi sur place.

    4 - les produits seraient achetés pour leurs qualités intrinsèques plutôt que pour les couleurs (le clinquant : bling-bling) d’emballages aguicheurs.

    Enfin, pour réduire encore plus le volume des OM, les médias, l’école, les centres de formation, pourraient être mis à contribution quotidiennement pour montrer comment trier, comment utiliser les composteurs individuels et/ou collectifs. C’est ce qu’on appelle l’éducation populaire et ça aide à être toujours plus maître de son sort au lieu que là, chacun se sentant désarmé on se scinde en deux camps : ceux qui disent "payez toujours plus" face à ceux qui disent "on paie trop" alors que la solution est dans nos mains et dans notre capacité à intervenir dans notre vie quotidienne sans se réfugier commodément dans l’ourlet de tel ou tel, au prétexte qu’il est un élu.

    Nos poubelles débordent et nous n’y serions pour rien ?


Témoignages - 80e année


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