Face à l’aggravation de la situation

La crise peut faire progresser La Réunion

25 octobre 2008

L’Histoire de La Réunion a été marquée par plusieurs crises liées à des événements extérieurs. A chacun de ces tournants, les Réunionnais ont eu la capacité de transformer une situation de crise en progrès social. Au moment où La Réunion commence à être touchée par la plus grande crise mondiale depuis 1929, la Région propose l’accélération des chantiers, et de donner une impulsion décisive à plusieurs secteurs économiques qui ne seront pas touchés par la récession : l’environnement, les énergies renouvelables et la pêche. Ce sont autant de leviers pour faire avancer La Réunion et reprendre le flambeau de la lutte qui a permis de réaliser l’égalité sociale inscrite dans la loi du 19 mars 1946.

Paul Vergès a rappelé que l’Histoire de La Réunion a été marquée par plusieurs crises provoquées par des événements extérieurs. Ces crises ont été à chaque fois transformées en éléments positifs par les Réunionnais.
(Photo PD)

Lors d’une conférence tenue jeudi à la Région, Paul Vergès a rappelé que l’Histoire de La Réunion a été marquée par plusieurs crises provoqués par des événements extérieurs. Ces crises ont été à chaque fois transformées en éléments positifs par les Réunionnais (voir encadré).
Au terme de soixante années de batailles, l’égalité sociale inscrite dans la loi du 19 mars est obtenue par les Réunionnais. Mais le changement structurel de la société réunionnaise, permis par la loi du 19 mars 1946 n’a pas permis de régler tous les problèmes. Le pays est encore touché par le chômage de masse, le manque de logement, la vie chère et la pauvreté.
La balance commerciale est fortement déséquilibrée au profit d’importations provenant de pays où le coût de la main d’oeuvre est le plus élevé au monde. De plus, Paul Vergès rappelle toutes les inquiétudes qui se cristallisent autour de l’évolution de la crise financière. L’Europe et la France, deux sources principales des flux financiers qui font tourner l’économie réunionnaise, vont entrer en récession pour plusieurs années, alors que chaque année 4.300 nouveaux travailleurs viennent grossir les rangs de la population active.

Créer les piliers du développement

A l’occasion de la célébration du 60ème anniversaire de la loi du 19 mars 1946, Jean-Louis Debré, l’actuel président du Conseil constitutionnel, et Raymond Barre, ancien Premier ministre, on dit « qu’un cycle se termine ». « Nos élites sont-elles prêtes à anticiper ? », interroge Paul Vergès.
La crise internationale est un moment qui peut être saisi pour trouver plus rapidement des solutions aux défis de La Réunion du million d’habitants.
Le président de la Région revient sur la dernière communication de la Commission européenne, qui liste les atouts incomparables qu’apportent les régions ultrapériphériques à l’Europe.
En premier lieu vient la pêche. C’est une industrie capable de créer des milliers d’emplois durables dans la région, étant donné que la superficie des zones économiques exclusives des pays de la COI est supérieure à celle de la Méditerranée et la Baltique. Sachant que seulement 3% des prises effectuées dans cet espace immense sont le fait de pays riverains, on peut mesurer toute la marge de manoeuvre disponible pour créer une industrie capable de fournir des milliers d’emplois.
En second lieu vient l’environnement, et en particulier les énergies renouvelables. Citant des analystes, Paul Vergès indique que ce secteur ne sera pas touché par la crise, et rappelle toute l’avance qu’a La Réunion dans ce domaine. D’ores et déjà, des milliers d’emplois ont été créés. Poursuivre cette dynamique grâce à l’investissement public dans le photovoltaïque, c’est un moyen de relever le défi de l’autonomie énergétique tout en créant des milliers d’emplois.

Accélérer les grands chantiers

Dans l’immédiat, le président de la Région plaide pour une accélération des chantiers. La Commission permanente de la Région a donné un signal important cette semaine en annonçant le lancement des études d’extension du tram-train vers Saint-Benoît et Saint-Pierre. « Le premier tronçon n’est même pas commencé que nous travaillons déjà au prolongement du tram-train », précise Paul Vergès. Avec la réalisation de la route de moyenne altitude vers Les Lianes, ce sont des chantiers qui créeront des emplois jusqu’en 2025, au moment où la population active commencera à finir sa transition démographique.
La crise financière est en train de provoquer des changements importants dans le monde. Accélérer le rassemblement des Réunionnais autour d’un projet qui place avant toute chose l’intérêt général du pays, c’est penser dès maintenant à une issue positive pour sortir le pays de la crise.

Manuel Marchal


Un nouveau tournant historique

Lors de sa dernière conférence de presse, Paul Vergès a détaillé plusieurs événements extérieurs qui ont permis à La Réunion d’évoluer vers le progrès.
Cela a été tout d’abord la crise provoquée par le début de l’industrialisation. Elle a débouché en 1848 sur l’abolition de l’esclavage, qui a permis à tous les Réunionnais d’être considérés comme des êtres humains.
Au siècle dernier, la crise de 1929 a débouché sur le contingentement du sucre. Elle a signifié une crise pour toute l’industrie sucrière, qui était dorénavant en concurrence avec les betteraviers français, et à une rivalité interne entre usiniers au sujet du quota alloué à chaque usine.
Cela a débouché sur les élections les plus meurtrières de toute l’Histoire de La Réunion, celles de 1936. En France, ce scrutin a signifié l’arrivée au pouvoir du Front populaire, avec toutes les mesures sociales qu’il a ensuite appliqué.
À La Réunion, cette période a vu l’essor du mouvement syndical. De ce mouvement est née une revendication réunionnaise, capable de mettre fin à la misère : l’abolition du statut colonial et la création du département pour appliquer les lois sociales votées par le Front populaire.
Ce mouvement remporte plusieurs victoires électorales décisives au lendemain de la guerre avec le CRADS (Comité réunionnais d’action démocratique et sociale). Elles portent à l’Assemblée nationale Raymond Vergès et Léon de Lépervenche qui font voter à l’unanimité de la représentation nationale l’abolition du statut colonial, promulgué le 19 mars 1946.
Soixante ans plus tard, le monde est de nouveau confronté à une très grave crise. C’est donc à notre génération de montrer qu’elle est capable d’être digne du combat de ses aînés, en réussissant à transformer une situation de crise en progrès social pour La Réunion.

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Messages

  • « Nos enfants nous accuseront »

    Depuis qu’il est question du Tram-Train, certaines personnes polémiquent et souhaitent que ce transport en commun passe sur la nouvelle route littorale. Pourrait-on demander à toutes les personnes qui débattent sur l’avenir de cette infrastructure de prendre en considération un point au moins : le tram-train n’est pas construit pour 50 ans, il importe donc de le mettre hors d’atteinte de l’inéluctable montée du niveau des océans. Toujours de ce point de vue, la totalité des infrastructures établies sur le littoral vont se trouver confrontées à ce même danger. L’attitude réaliste ne consisterait-elle pas à établir les équipements essentiels à notre économie et à nos conditions d’existence à mi hauteur car, en plus de la montée des eaux, se posera le problème des conséquences du réchauffement climatique et donc des conditions naturelles d’un confort de vie (température).
    Souvenons-nous que Paul Vergès a obtenu que soit votée, à l’unanimité du Sénat et de l’Assemblée Nationale (fait rarissime sous la 5e république), une loi faisant de l’étude des changements climatiques une priorité nationale. Cette loi n’est remise en cause par personne. Or certains sembleraient souhaiter que Paul Vergès lui-même remette en cause sa loi en faisant passer le tram-train sur la nouvelle route littorale dont il n’a cessé de déplorer qu’elle soit établie là !
    Le débat est donc de savoir si on fait un aménagement du territoire pour notre génération … et « après nous le déluge ! », ou bien si nous considérons sérieusement ce que la science d’une part et les fait avérés d’autre part nous obligent à prendre en compte pour bâtir un aménagement dont les générations futures n’auront pas à pâtir sans quoi, « nos enfants nous accuseront »* et ils auront raison.

    Parnyssi

    * Le film de Jean-Paul Jaud »Nos enfants nous accuseront » sort en salle le 5 novembre. Nul doute qu’il sera programmé chez nous. Après celui d’Al Gore (un peu trop vite oublié ?), ce film, même s’il aborde une autre question essentielle pour notre devenir, nous rafraîchira la mémoire sur nos responsabilités tant individuelles que collectives face aux générations futures.


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