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Politique
17 octobre 2016, par
Le 12 octobre, les autorités de Rodrigue fêtaient en grande pompe le 14e anniversaire de l’autonomie de leur île, en présence des responsables mauriciens et d’invités étrangers, notamment de La Réunion. À cette occasion, le Président de Région Didier Robert a fait un discours qui peut surprendre son camp politique mais qui est surtout totalement contradictoire avec les réalités et les décisions concrètes qu’il prend. Les héritiers des adversaires historiques du PCR parlent d’Autonomie. Quelle importance doit-on y accorder ?
Mercredi, 12 octobre, le PCR a renouvelé son appel à la constitution d’un front réunionnais pour ramener la lutte sur l’essentiel : que les Réunionnais fassent des propositions pour gérer leurs affaires. En effet, le projet de loi sur l’égalité réelle montre que Paris n’a pas tiré les leçons de 70 ans de crise à La Réunion. Le même jour, Didier Robert est à Rodrigues et salue son expérience d’Autonomie politique. Les héritiers des adversaires historiques de l’autonomie reconnaissent ainsi que l’analyse portée depuis 1959 par le PCR est juste. Maintenant, s’ouvre un nouvel horizon pour les luttes : quel sera le contenu de cette autonomie ?
Cette année, le PCR a été le seul parti politique à célébrer le 19 mars 1946, date de promulgation de la loi qui a aboli le statut colonial de La Réunion. C’était le 19 mars 2016, à Sainte-Suzanne. À cette occasion, il a fait le bilan de ces 70 dernières années. Son analyse insiste sur une application dévoyée dès le départ de cette loi. À la place de l’égalité promise, les gouvernements qui se sont succédé ont favorisé le développement d’un néo-colonialisme.
La Réunion sert toujours les intérêts d’une ancienne métropole, la seule différence avec le système colonial est la source des richesses transférées vers la France. Avant 1946, c’était le résultat de l’exploitation des travailleurs. Aujourd’hui, ce sont les transferts publics recyclés en profits privés grâce à l’installation de grandes entreprises qui ont pris le contrôle de l’économie réunionnaise. Au final, la moitié des Réunionnais est exclue d’un travail durable, et les gains obtenus grâce à l’égalité sociale ne profitent pas à ceux qui en ont le plus besoin, mais contribuent à gonfler les bilans de sociétés extérieures au pays.
Cette analyse de la faillite d’un modèle appelé « départementalisation » n’est pas nouvelle. C’est sur la base de cette critique qu’est né le Parti communiste réunionnais en 1959. C’était 13 ans après le vote de la loi du 19 mars 1946. 13 ans, cela équivaut à deux mandats de maire. Au bout de ce laps de temps court dans l’histoire d’un pays, les communistes étaient convaincus que la « départementalisation » conduisait La Réunion dans l’impasse. Ce système n’assurait pas l’égalité promise, et ne garantissait pas aux Réunionnais l’exercice des libertés fondamentales, telles que le respect du droit de vote ou du pluralisme des opinions.
Réuni au Port les 17 et 18 mai 1959, le 6e congrès de la Fédération communiste a alors pris les décisions suivantes : d’une part réclamer pour les Réunionnais le droit de gérer eux-mêmes et démocratiquement leurs propres affaires, par l’intermédiaire d’une assemblée locale, jouissant d’un pouvoir législatif pour toutes les affaires locales, et d’autre part la création d’un exécutif élu par cette assemblée et responsable devant elle.
Pour porter cette revendication, la Fédération communiste s’était transformée en Parti communiste réunionnais, « instrument décisif entre les mains des travailleurs et du peuple réunionnais pour leur libération du joug colonial ». Le concept de l’autonomie de La Réunion était né.
L’engagement des communistes réunionnais dans cette voie a fait d’eux la cible du pouvoir et des conservateurs de droite et de gauche. Pour avoir défendu l’autonomie de La Réunion dans le cadre de la République, Paul Vergès a été déferré devant la Cour de Sûreté de l’État. La lecture de la Constitution a permis de démontrer que l’autonomie ne remettait pas en question l’intégrité de la République, ce qui conduit à innocenter Paul Vergès. Cela n’a pas empêché Témoignages d’être saisi à de nombreuses reprises pour en avoir parlé.
En 1981, l’alternance en France a amené un changement de tactique de la part des communistes Réunionnais. Le pouvoir proposait d’expérimenter la décentralisation. Le PCR a accepté ce moyen qui devait permettre, selon les socialistes, d’atteindre l’égalité sans l’assimilation. Mais il était tout aussi clair que tôt ou tard, la question de l’autonomie allait revenir sur le devant de la scène.
En effet, l’intégration de La Réunion dans un ensemble normatif centralisateur peut se comprendre historiquement et culturellement, mais ne peut pas gommer les handicaps permanents qui conduisent à l’impasse. Le gouvernement reconnaît bien que l’égalité promise depuis 70 ans n’est toujours pas effective, mais il annonce qu’il la réalisera dans un délai de 20 années supplémentaires. Nous ne sommes plus dans le réalisme politique. L’entêtement a supplanté l’intelligence.
Mercredi, le Parti communiste réunionnais a publié une déclaration dans laquelle il souligne que le gouvernement et les partis parisiens n’ont pas tiré le bilan de ces 70 dernières années. Plutôt que de persister à cultiver une erreur qui fait de La Réunion un département socialement hors-norme, le PCR appelle les Réunionnais à s’organiser et à constituer un front de lutte pour dire à Paris ce qui est bon pour La Réunion.
Cela veut dire que c’est aux Réunionnais de faire des propositions pour prendre en main la gestion de leurs affaires. Par cette déclaration, le PCR prend acte que la parenthèse ouverte en 1981 n’a pas permis à 35 ans d’alternance et de cohabitation de changer le cours des évènements. C’est d’ailleurs ce que démontrent les faits.
Le constat de l’impasse du système est désormais largement partagé par tout l’échiquier politique. L’idée d’autonomie n’est plus aujourd’hui contestable mais le PCR est toujours combattu. Pourquoi ? A cause du contenu du projet. Jusqu’à nouvel ordre, les Réunionnais attendent toujours les explications de nos adversaires sur l’échec de 70 ans de départementalisation et les conditions du changement qu’ils souhaitent.
Lors du 14e anniversaire de l’autonomie de Rodrigues, mercredi dernier, Didier Robert souligne : « Ce choix que vous avez fait est incontestablement un pari gagnant pour toute la population de l’île. Un pari gagnant aussi, je le pense, pour toute la république de Maurice », a-t-il dit avant d’ajouter à l’attention de Serge Clair, militant autonomiste et responsable de l’exécutif de Rodrigues : « Je veux saluer ici, M. le Chef Commissaire, le visionnaire que vous êtes, l’homme de terrain, le combattant infatigable de la réussite et du succès de l’autonomie de Rodrigues ».
Et Didier Robert de faire siens deux objectifs tirés du programme de l’autonomie du PCR et de la politique de l’Alliance à la Région : la sécurité alimentaire et l’autonomie énergétique. Mais il se garde bien d’expliquer pourquoi son arrivée à la Région a mis fin aux projets concrets qui étaient déjà en cours dans ces 2 secteurs. Au fond, il fait la démonstration qu’il n’avait pas de projet politique, encore moins de projet global pour sauver la société Réunionnaise.
Cette évolution indique que le débat ne se porte plus sur la nécessité de l’autonomie, mais sur quel contenu lui donner. Voici une simple contradiction : Didier Robert veut par exemple que les entreprises réunionnaises aient un taux d’imposition de 15 %, ce qui est bien en dessous du droit commun français. Seule l’application de l’autonomie peut permettre un tel changement de fiscalité spécifique à La Réunion. Or, la situation est bloquée par l’initiative parlementaire infantile de son vice-président qui a fait adopter l’alinéa 5 de l’Article 73 de la Constitution qui prive La Réunion du pouvoir de légiférer. Pour faire sauter ce verrou, il faut un accord de 66 % de la représentation parlementaire. La NRL est contraire aux intérêts des Réunionnais et aux Accords de Paris sur le climat. La suppression du Tram-Train et la MCUR est une monumentale erreur. Prendre l’argent des Réunionnais pour subventionner des compagnies aériennes au prétexte de continuité territoriale ne prend même pas en compte l’expérience de la Corse. Il lui faudra bien expliquer un jour le contenu de son projet d’autonomie.
Pour sa part, le PCR a déjà fait des propositions pour aller vers plus de solidarité à l’intérieur de La Réunion et entre les pays de notre région. Il demande aussi que la politique de l’emploi puisse mettre en œuvre des mesures bien différentes de celle de la France, car la situation de La Réunion dans ce domaine a franchi depuis longtemps le seuil de l’intolérable. Cela suppose la création d’une assemblée capable de voter des lois s’appliquant pour La Réunion. Il demande de créer un fonds de développement pour permettre aux sur-rémunérés d’épargner au lieu de se laisser spolier par Bercy.
Les propositions du PCR sont une contribution à un débat qu’il appelle de ses vœux pour constituer un front Réunionnais. Il ne s’agit plus de se diviser en fonction des intérêts des partis parisiens, mais de placer l’intérêt des Réunionnais avant toute chose.
La décision prise en 1959 par les communistes ouvre de nouveaux horizons pour les luttes.
M.M.
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