Affaire du fichier des allocataires —2—

La dernière cartouche de Sarkozy passe mal dans l’opinion. La fin d’un modèle réactionnaire ?

11 août 2011

La décision de l’agence de notation Standard & Poors de dégrader la note des États-Unis est historique. Le pouvoir politique, a perdu, n’a plus d’autorité. Répondant aux premières accusations des dirigeants américains sur une « décision prématurée », l’agence a souligné que depuis le 18 avril, elle avait informé le pouvoir. Voilà qui clôt le bec aux adeptes du modèle américain.

Après la date fatidique du 2 août qui exposait la première puissance économique à un défaut de paiement, la crédibilité (« la perspective », selon S&P) des États-Unis de redresser la situation sur le long terme a créé un doute. La sanction de S&P a surpris tous ceux qui pensaient que l’Amérique est trop puissante pour être dégradée. Personne n’oserait. La décision a entraîné une panique à l’échelle de la planète.
La France s’est portée en première ligne pour soutenir les Américains. Son porte-parole Baroin a dit toute « sa confiance » envers les États-Unis. Vu sous un autre angle cela veut dire qu’il conteste la décision de l’agence. Sarkozy s’enflamme donc toujours pour le modèle américain, malgré son déficit record.

S’il y a un endroit au monde où la politique sociale est catastrophique, c’est bien aux États-Unis. Le déficit public de 15.000 milliards n’est donc pas le résultat d’une ponction en faveur des couches défavorisées. Bien au contraire, il n’y a plus d’argent pour la politique sociale que le démocrate Obama voulait instaurer. Le petit geste qu’il a voulu faire en faveur de la santé et des retraités est déjà remis en cause.

C’est dans ce contexte qu’il faut entendre la proposition de l’UMP de réaliser un fichier central des allocataires.

Cette proposition n’est pas une nouveauté

Depuis, son élection en 2007, Sarkozy, en bon adepte de l’américan way of life, a organisé la plus grande casse sociale du siècle. Jamais on n’a eu en France autant de propos outranciers envers les petits revenus. En gros, les bénéficiaires sont accusés d’appauvrir la France. Mais, contrairement au passé, cette fois, c’est un véritable boomerang que l’UMP vient de lancer. En effet, cette ultime proposition de taper encore sur les pauvres peut être considérée comme l’aveu d’un échec politique qui dure depuis 4 ans. À quelques mois des présidentielles, en 2012, cela tombe mal pour le pouvoir. Le vrai visage de ces idéologues réactionnaires éclate au grand jour.

L’alignement sur les points de vue américains est une constante de ce mandat présidentiel. Sarkozy vole la vedette aux dirigeants américains pour parader en Afghanistan et en Libye. Mais qui paye la note de cet alignement inconditionnel ?

La France préside actuellement aux destinées du G20. Un sommet des chefs d’État est prévu en fin d’année, sur la Côte d’Azur. Sarkozy, si prompt à gesticuler devant les médias, est particulièrement muet. Aucune initiative. Aucune analyse. Tétanisé !

Pourtant, il y a de quoi débattre du modèle américain où la première puissance mondiale a été mise KO par une agence de notation. Les capitalistes américains ont inventé ce système pour dominer le monde. Cela se retourne contre eux.

S’attaquer au social devient alors l’ultime gage donné aux acteurs du système pour éviter la dégradation de la note française. Cela fait tendance ! Hélas pour le modèle et son adepte ! Le déficit américain n’est pas dû aux fraudeurs des bénéficiaires des allocations sociales… qui n’existent pas.

Vivement, la disparition de ce système pourri par des actifs pourris qui enrichit une minorité, mais appauvrit ceux qui ne doivent survivre qu’avec des allocations et l’humiliation.

J.B.

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