Arrivée le matin, la ministre repart le soir

La désinvolture face aux problèmes essentiels des Réunionnais

25 janvier 2011, par Manuel Marchal

La ministre de l’Outre-mer était en visite hier à La Réunion. Des dossiers urgents relevant de sa compétence sont marqués par l’urgence. Le BTP s’est effondré, l’arrêt de la défiscalisation dans le photovoltaïque a stoppé des projets, le gouvernement a décidé de diminuer son aide directe à la construction de logements sociaux. Mais la ministre n’a apporté aucune précision sur ces questions essentielles.

Quelques jours avant la visite de la ministre de l’Outre-mer, coup de tonnerre : l’Autorité de la concurrence condamne trois manutentionnaires à des amendes pour entente illicite. Cela faisait 23 ans que ces trois sociétés utilisaient des méthodes qui font monter les prix, selon l’Autorité de la concurrence. Cette décision confirme la persistance à La Réunion de monopoles néfastes aux Réunionnais. Ont en effet été déjà condamnées par cette Autorité quatre compagnies pétrolières opérant à La Réunion et France Télécom. La situation du marché des carburants avait d’ailleurs été épinglée sévèrement par l’Autorité de la concurrence dans un avis qui confirmait en tous points les informations diffusées par "Témoignages" au moment du blocage de La Réunion par Joël Mongin et ses amis.
La question des prix figure dans plusieurs mesures annoncées lors du Conseil interministériel sur l’Outre-mer voici plus d’un an. Au lendemain de la dernière décision de l’Autorité de la concurrence, il eut été logique de connaître la position de la ministre de l’Outre-mer sur un dossier qui relève directement de sa compétence. Mais il n’en a rien été. Et tout le reste de sa visite éclair est à l’avenant : la désinvolture face aux problèmes essentiels des Réunionnais.

Au moins trois milliards confisqués

Pourtant, les mauvaises nouvelles s’accumulent à La Réunion, elles se traduisent en dizaines de milliers d’emplois supprimés depuis deux ans, et elles sont la conséquence de décisions du gouvernement. Mais toutes ces questions sont passées à la trappe, pas un mot dans le discours prononcé hier par la ministre à la Région, et pas un mot non plus lors du passage sur le plateau télévisé de Réunion Première.
Depuis 2008, le BTP a perdu au moins 1 milliard de chiffres d’affaires. C’est la conséquence du désengagement de l’État dans la politique du logement. Mais ce désastre n’a pas l’air d’intéresser le gouvernement, puisque la ministre en charge de l’Outre-mer n’a absolument rien dit à ce sujet.
L’an dernier, l’État s’est désengagé de deux chantiers dont le dernier devait être livré en 2017 : le tram-train et la nouvelle route du littoral sur 4 voies. Le Premier ministre a signé en présence de Marie-Luce Penchard un document supprimant le tram-train. 1,6 milliard d’euros d’investissements sont jetés à la poubelle. Le même document supprime aussi la nouvelle route du littoral et la remplace par un projet totalement irréaliste : un viaduc en mer à 6 voies, dont le coût prévisionnel au kilomètre dépasse celui de plusieurs lycées. La nouvelle route du littoral ne se fera pas, plus de 1 milliard d’euros sont perdus pour les Réunionnais. Au total, ce sont bien plus de 3 milliards d’euros qui ont été retirés aux Réunionnais. Voilà le résultat de la politique du gouvernement, et la conséquence, ce sont des drames sociaux par milliers.
Mais tout cela a été passé sous silence par une ministre arrivée le matin et repartie le soir. Si le gouvernement voulait montrer sa position sur les problèmes des Réunionnais, tout le monde a bien compris que c’est la désinvolture.

Manuel Marchal


L’accueil d’un Premier ministre ne relève pas de l’Outre-mer

Hier, le président de la République a fait une conférence de presse pour traiter de la présidence française du G8 et du G20, et des enseignements à tirer de la crise en Tunisie notamment. C’était la troisième conférence de presse de Nicolas Sarkozy depuis son élection. La rareté de la pratique lui donne donc une certaine solennité. Et cette conférence de presse réaffirme un principe clairement établi durant la 5ème République, c’est le président de la République qui donne le ton en matière de politique étrangère.
Pour mettre tout cela en forme, la République dispose de diplomates relevant du Ministère des Affaires étrangères. Et parmi les questions relevant de la compétence de ce ministère se trouvent les relations avec les chefs d’État étrangers.
Autrement dit, l’accueil d’un Premier ministre relève au moins du Ministère des Affaires étrangères. Ce n’est pas de la compétence du Ministère de l’Outre-mer. Imaginerait-on que Nicolas Sarkozy ou François Fillon en visite officielle en Inde soient accueillis par le ministre de l’Outre-mer ?


Suspension des allocations familiales : aucune déclaration de la ministre

Dans quelques jours, une mesure va concerner tous les parents d’élèves à La Réunion : la suspension des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire d’un enfant.
Selon les estimations, à l’échelle de la République, l’absentéisme concerne notamment 15% des élèves de lycée professionnel. Pourquoi une telle mesure ? Quelles seront les conséquences pour les familles réunionnaises concernées ? Quel impact sur la scolarité d’un élève en difficulté dans le système en place ? Autant de questions auxquelles Marie-Luce Penchard ne répondra pas. Car au moment où le sujet a été abordé dans le journal de Réunion Première, la ministre n’était plus sur le plateau.

Lutter contre la vie chèreLuttes pour l’emploiA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus