Elections départementales en France

La division s’ancre dans le paysage politique

20 mars 2015, par Céline Tabou

D’après le dernier sondage Harris Interactive pour LCP et 20 Minutes, avant le premier tour des élections départementales, de dimanche 22 mars, le Front National reste en tête, avec 29 % des intentions de vote, devant l’UMP-UDI, 28 % et le PS, 19 %.

Photo Toniox

Cette élection départementale a plusieurs enjeux pour le paysage politique français. Alors que le FN est désormais la troisième force politique du pays, la droite tente de surfer sur ses thèmes, afin d’attirer les voix, tandis que le PS panique et fait campagne contre le parti de Marine Le Pen. A l’extrême gauche et chez les écologistes, c’est l’optimisme d’un rassemblement le plus large possible pour les départementales et bien après.

Des scores favorables au FN

Après les européennes et les municipales, le Front national maintient sa position de troisième parti politique de France, obligeant les deux grands partis PS et UMP à trouver les moyens de capter un électorat qui ne leur est plus favorable. Selon certains observateurs, le PS court après les voix de l’UMP, l’UMP après les voix du FN et les autres tenteraient tant bien que mal d’exister sur une scène politique de plus en plus divisée.

Le sondage pour La Chaîne Parlementaire se base sur les réponses de 1.015 Français âgés d’au moins 18 ans. Celui-ci met en avant un coude-à-coude entre la droite et l’extrême droite au premier tour. Un scénario similaire à celui des municipales, qui a vu plusieurs maires FN être élu. Cette fois-ci, le risque de voir le FN grand gagnant est plus important, en raison du désintérêt que suscite l’élection départementale.

Un désintérêt qui sert les frontistes, ainsi une forte abstention est attendue, avoisinant les 55 %. A cela s’ajoute une réforme territoriale qui n’est pas encore bouclée, laissant planer de nombreux doutes sur les compétences des conseils départementaux.
Dans 2.054 cantons, Ipsos prévoit 37 % pour la droite et le centre, 33 % pour le bloc de gauche, hors extrême gauche et 29 % pour le parti de Marine Le Pen. Dans le détail, les candidats divers droite obtiendrait 8 % des intentions de vote, le Front de gauche 7 %, les divers gauche 5 %, Europe Ecologie-les Verts (EELV) 2 %, le MoDem 1 %.

Le cynisme de la l’UMP

Pour Carine Marcé, directrice associée à l’Institut TNS Sofres, « lors du scrutin, nous allons assister à une situation totalement inédite où la moitié des cantons feront l’objet d’un duel entre le FN et un autre parti. Ce sera une véritable douche froide ».
Une douche froide, que l’UMP souhaite en sa faveur et tient à en profiter, afin de se positionner pour les régionales et les présidentielles de 2017. D’ailleurs après une mandature présidentielle marquée clairement à l’extrême droite, l’ancien Premier ministre UMP, François Fillon, a accusé le chef du gouvernement Manuel Valls, d’avoir axé la campagne sur le FN et d’avoir mené « une campagne hystérique destinée (…) à faire monter le vote extrémiste pour tenter de sauver quelques présidences de département ».

Une position cynique, car l’actuel président de l’UMP Nicolas Sarkozy, tient des discours d’extrême droite, notamment sur la laïcité, afin de récupérer les voix frontistes. Et pour capitaliser sur les résultats de la droite, afin d’imposer sa candidature à la primaire présidentielle de 2016, il a décidé de dénoncer l’alliance “FNPS” promettant la guerre à Marine Le Pen.

Mais selon un sondage OpinionWay pour le site d’information L’Opinion, 31 % des électeurs de Nicolas Sarkozy ont l’intention de voter FN contre 14 % des électeurs qui ont voté François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012.

Un centre mitigé

De leurs côtés, les représentants UDI se sont alliés à l’UMP, quitte à se voir déposséder de la victoire globale. Pour Jean Christophe Lagarde, président de l’UDI, l’objectif est de ce parti est de « tripler nos élus et passer de la vassalisation au partenariat, car dans quasiment tous les départements qui seront dirigés par une coalition UMP-UDI, il n’y aura désormais plus de majorité sans nous ».

Une position claire, qui n’a pas empêché ce dernier d’attaquer son partenaire Nicolas Sarkozy qui « trouve des problèmes qui n’existent pas », en référence à la proposition du chef de l’UMP d’interdire le voile islamique à l’Université et de mettre fin aux repas de substitution dans les cantines scolaires. Jean Christophe Lagarde a évoqué une “provocation” de la part de l’"ancien président, estimant que « c’est irresponsable politiquement à quelques jours d’un scrutin.

Cette déclaration devrait effriter l’union entre les centristes et la droite, d’autant plus que Jean Christophe Lagarde prévoit de « faire barrage à l’extrême droite », alors que son allié a décidé d’un ni-FN, ni-PS, comme cela a été le cas lors de la législative partielle du Doubs, en février.

« L’autre gauche » tente de faire la différence

Alors que la panique est à bord du bateau socialiste, « parce que nous sommes divisés, nous risquons de disparaître », a déploré Bruno Le Roux, chef des députés PS, « il faut que les électeurs fassent le rassemblement de la gauche dès le premier tour », a assuré ce dernier. Un rassemblement souhaité par le Front de Gauche, le PCF et EELV, pour qui les départementales sont des « élections tests » pour « l’autre gauche », composée de nouvelles alliances.

Dans 400 cantons environ, une alliance entre Europe écologie – Les Verts (EELV) et le Front de gauche, ou une de ses composantes (PCF, Parti de gauche, Ensemble), s’est mise en place, y compris avec le parti la Nouvelle Donne. Pour David Cormand, secrétaire national EELV chargé des élections, le but est de « donner une chance de bonne foi aux différentes initiatives ». D’autant plus que l’extrême gauche peine à se révéler depuis la victoire de François Hollande et les socialistes se déchirent sur la politique gouvernementale. Pour certains écologiques, « on est dans une période politique où tout le monde tâtonne ».

Un tâtonnement qui n’a pas court pour les représentants du Front de Gauche, estimant que « ces élections locales sont aussi nationales ». Ainsi, Jean-Luc Mélenchon a expliqué que son blog que « cette élection sera d’abord un test pour Manuel Valls ». Le leader du Parti de Gauche appelle à « un vote sanction » contre le gouvernement.
Pour Pierre Laurent, chef du Parti Communiste Français, qui voit une « nouvelle gauche (…) en train d’émerger ». « Cette gauche nouvelle qui émerge devra ensuite poursuivre et amplifier ce rassemblement au lendemain des départementales », a-t-il assuré. Toutefois, les résultats pourraient en décevoir plus d’un, mais l’espoir de voir une alliance, similaire à Syriza en Grèce, arriver au pouvoir, dynamise tous les représentants et militants de cette « autre gauche ».

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