Élections des 10 et 17 juin

La fin de l’immobilisme politique pour le Sud ?

9 juin 2007

Le Collectif pour le Développement de la micro région Sud s’est créé il y a environ deux ans, avec l’objectif d’être une force de propositions pour un rééquilibrage territorial en faveur du Sud. Un pari en passe d’être gagné puisque son protocole d’accord, soumis aux candidats à la députation, met la problématique du “rattrapage structurel du Sud” au centre du débat politique de ces Législatives.

A deux jours du premier tour de l’élection législative, le porte-parole du Collectif, Krishna Damour, a fait savoir que le Protocole d’accord pour le Développement du Sud - qui réunit un ensemble de propositions répondant à l’exigence d’une cohérence globale dans les projets pour le Sud (voir p. 6) - a reçu une réponse des candidats du PCR dans les 3e et 4e circonscriptions, Paul Vergès et Elie Hoarau (notre encadré).
« C’est avec intérêt que nous avons pris connaissance de votre contribution... », notent les deux candidats, en constatant « qu’un grand nombre des propositions [formulées] sont convergentes avec celles (...) exposées dans le programme que nous soumettons aux électeurs... », disent Paul Vergès et Elie Hoarau dans leur réponse au Collectif pour le Développement de la micro région Sud, en date du 7 juin.
Autant que les convergences, c’est la démarche contractuelle voulue par le Collectif qui fait sa singularité et sa richesse. Le Protocole a en effet été adressé aux principaux candidats de tous bords (communistes, socialistes, UMP...) et si, pour l’heure, seules les deux têtes de pont du PCR ont répondu, des réponses attentives, ouvertes, voire positives sont parvenues aux responsables du Collectif, laissant augurer d’autres convergences plus marquées à l’avenir.
L’objectif de réaliser, autour de ces propositions, une base d’action contractuelle portée par les forces vives du Sud les plus larges possibles, paraît tout à fait à portée de main.
Dans le débat politique de ces Législatives, la démarche du Collectif a eu pour effet - dans le sud du moins - de marginaliser les discours convenus des deux grands partis qui se sont affrontés dans la Présidentielle, en recentrant le débat sur les objectifs de développement réunionnais et en particulier sur le rééquilibrage du Sud.
En effet, les arguments sur le fait de savoir s’il faut « donner une majorité » au gouvernement ou au contraire « élire un pouvoir de contrôle », sont dépassés par la problématique d’une construction cohérente, réalisant à la fois les grands objectifs d’un développement durable pour l’île et le rééquilibrage en faveur du Sud.
Les électeurs ont un rôle primordial dans ce processus puisque ce sont eux qui vont dire, les 10 et 17 juin, à quels députés ils veulent confier la tâche d’orchestrer ce programme.
Peuvent-ils compter pour cela sur les candidats à la députation issus de la “vague bleue” de 2001 et 2002 ? Au vu de l’immobilisme que ces derniers ont imprimé à leurs communes et à la micro région depuis cinq à six ans, quel intérêt les habitants du Sud ont-ils à les envoyer à l’Assemblée nationale ?

Sur les douze communes des deux circonscriptions du Sud, dix sont dirigées par des élus UMP, en particulier Saint-Pierre, le Tampon, Saint-Leu, Saint-Louis. Ils ont eu une majorité écrasante au niveau local, l’oreille et le soutien du pouvoir central - ils s’en targuaient assez ! - et qu’ont-ils fait ? A part mettre à l’écart les grands projets initiés entre 1983 et 2001, comme l’aménagement du port, ou laisser péricliter l’aéroport de Pierrefonds ; à part avancer un projet d’incinérateur dont personne ne veut, refuser ou retarder l’extension du tram-train dans le Sud et se perdre le reste du temps dans des “tricmardages” infâmes ou malsains, le bilan d’ensemble est maigre.
Pourtant, de quels moyens ne disposaient-ils pas, s’ils avaient été capables de se rassembler sur des projets, de créer des synergies financières entre leurs communes du Sud et des effets de leviers, avec la Région et l’Europe ? Il faudra un jour chiffrer le gaspillage des crédits d’investissements que ces politiques irresponsables ont laissé se perdre pendant toute une mandature.

Pourquoi, dans ces conditions, confier un mandat de député à un élu local qui n’a même pas pu faire la preuve qu’il pouvait siéger au Syndicat mixte de Pierrefonds, ou encore à la Communauté des Communes du Sud ?
Pourquoi donner une tribune élargie à des politiques qui ont surtout fait la preuve de leur capacité à dormir, ou laisser dormir les grands dossiers ? Depuis 2000 et leur refus de donner au Sud un département de rééquilibrage des équipements et des structures, ils ont eu beau cumuler par la suite l’essentiel du pouvoir, le Sud a continué à souffrir de ses retards et de ses déséquilibres.
Et le plus incroyable est d’entendre aujourd’hui ces élus se placer en victimes - de qui ? de quoi ? - alors qu’ils ont eu en main, pour ne rien en faire, tous les moyens d’actions afférant à leurs mandats.

Le Collectif pour le Développement de la micro région Sud, en interpellant les candidats dans une démarche contractuelle, a montré sa volonté de travailler avec tous, d’animer le débat politique et d’y faire participer les forces vives du pays. Les convergences soulignées par les candidats du PCR dessinent les contours d’un large rassemblement populaire, pour le rééquilibrage du Sud, à un niveau que cette micro région n’a encore jamais atteint puisqu’il concerne non plus une seule circonscription, mais deux.
C’est une chance tout à fait inédite pour le Sud, presque une “revanche” sur l’immobilisme, que les électeurs ne laisseront certainement pas passer, tant est forte leur aspiration à voir le Sud, enfin, “décoller”.

P. David


Échos de campagne

Manœuvres téléphoniques

Certains ont de l’imagination pour employer des moyens déloyaux afin de discréditer leurs adversaires électoraux. Ainsi, Patrick Savatier a été surpris de recevoir des protestations de plusieurs personnes se plaignant d’appels téléphoniques intempestifs et nocturnes (entre minuit et 4 heures du matin). D’après le communiqué de presse du candidat Savatier, une « voix métropolitaine (sic !) » leur demanderait de voter pour lui et en lisant à cette heure indue sa profession de foi. Évidemment, Patrick Savatier va porter plainte pour dénoncer ces « pratiques lamentables qui tendent évidemment à nuire à (sa) candidature ».
La "voix métropolitaine" n’a qu’à bien se tenir... Au fait, comment reconnaît-on au téléphone une voix... “métropolitaine”, en plein milieu de la nuit ?

A. W.

Déclaration

Le RMI sera bien réformé

Les allocataires du RMI auraient tort de croire qu’on ne touchera pas au RMI au lendemain des élections législatives : le RMI, jugé « complètement dépassé », sera bel et bien réformé, comme l’a annoncé Martin Hirsch et comme le veut le Gouvernement.

La ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, mobilisée pour la campagne électorale, donne des assurances qui n’en sont pas lorsqu’elle déclare « qu’aucun projet visant à supprimer cette allocation à La Réunion n’est envisagé par le gouvernement ».

Elle n’utilise pas les bons mots et elle trompe l’opinion : il ne s’agit pas de « supprimer », mais de « réformer » le RMI. Et cette réforme est bien inscrite au programme du gouvernement.

Les Réunionnais connaissent au moins un exemple de réforme, celle des congés solidarité qui ont été tellement bien “réformés” que pratiquement personne aujourd’hui n’y a accès.

Sans aller probablement jusque-là, c’est la réforme du RMI, telle qu’elle est envisagée, qui aura des conséquences graves pour La Réunion compte tenu de la situation du marché du travail.

Les allocataires du RMI ont donc tout intérêt à se mobiliser dès maintenant, et avec eux les associations, les organisations syndicales pour se défendre et réclamer un vrai travail. C’est une rude bataille qui s’annonce, n’en déplaise à la Ministre et à ses partisans.

Georges-Marie Lépinay
Candidat à l’élection législative
dans la 1ère circonscription


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