On devient tous communistes… mais certains ne le restent pas —5—

La force vive de la jeunesse et des pauvres ne peuvent pas s’accommoder avec le système politique qui les jette dans l’exclusion

29 septembre 2012, par Manuel Marchal

Dans l’édition d’hier, il a été décrit comment un militant communiste élu pouvait du jour au lendemain ne plus respecter les valeurs du parti et se transformer en un serviteur du système dont il épouse les frasques et la gloriole. Cette défection a un prix pour le peuple réunionnais, qui perd un militant qui ne reviendra jamais. À Sainte-Suzanne, ils vont même recevoir le soutien du Front National ! Ils ne se trompent pas sur l’identité des communistes !

Le PCR a vu son programme soutenu par le candidat victorieux de l’alternance à la présidence de la République. Il faut remonter au renouvellement de Mitterrand en 1988, avec le soutien à notre mot d’ordre d’Égalité, pour avoir une position aussi idéale, capable de concrétiser des orientations du Parti.

Aujourd’hui, le système politique imposé par les partis parisiens produit plus de 158.000 demandeurs d’emploi et plus de 110.000 illettrés. Ce système maintient la moitié de la population dans la grande pauvreté, et il impose le chômage à 6 jeunes sur 10. Le PCR propose de rompre avec cela, et de construire un développement où chaque Réunionnais sera respecté. Quand François Hollande exprime son accord avec l’autonomie énergétique et le tram-train, c’est un soutien aux deux échafaudages de la nouvelle société réunionnaise.

Une divergence de fond sur l’emploi

Nous avons pu constater que c’est au moment où la défaite de Sarkozy est apparue quasi-certaine que des positions se sont radicalisées au sein du Parti communiste réunionnais. Certains ont mis en cause l’organisation, ont attaqué la direction en mettant en avant des problèmes personnels. Des médias les ont aussitôt soutenus, les présentant comme les réformateurs d’une organisation dirigée par les "caciques" du PCR "canal historique". Tant d’amabilités qui soulignent l’analyse de caniveau.
Ce qui était remarquable, c’est que les chouchous des médias avaient comme point commun le fait d’être élus sous l’étiquette PCR, et qu’ils n’avaient et n’ont toujours aucun programme d’avenir.

Ce qu’ils revendiquent, ce sont des mesures qui tentent de maintenir la survie de ce système, sans donner aucune perspective au peuple qui souffre. Les contrats aidés sont un moyen de sortir du chômage quelque temps, mais ne permet pas de construire l’avenir. L’enjeu serait de pérenniser ces dizaines de milliers d’emplois, mais ils préfèrent renvoyer ces pauvres gens, à la fin de leur contrat, comme de vulgaires citrons pressés.

Pour sa part, le PCR a des propositions pour intégrer tous ces travailleurs précaires dans l’emploi durable, et pour les libérer des pressions qui surviennent à chaque élection. Le PCR réclame la création d’une Commission paritaire composée de représentants des chômeurs, des salariés, des employeurs, des collectivités et de l’État financeur. Avec un tel dispositif, le maire ou le président de collectivité aurait été lui aussi libéré de cette gestion de la précarité. Mais les soutiens du système ne veulent pas de cette liberté, car ils craignent d’être dépossédés du pouvoir dérisoire qu’ils ont sur des chômeurs.

Un départ sans retour

Pour l’honneur du PCR, ses propositions sont combattues autant par des conservateurs de droite comme de gauche. Solidarité de classe oblige, les déserteurs du PCR combattent aussi leur ancien parti. Des communistes devenus élus estiment avoir la capacité d’affronter le parti. L’honnêteté aurait voulu qu’ils se démettent de leur mandat acquis grâce au travail du Parti qu’il renie. Mais il n’en est rien. Ils pensent tirer leur légitimité de leur mandat d’élu, mais pas du travail de tout le parti, de ses militants et de sa direction.
Leur combat contre le parti est sans concession, sans retour. C’est là que l’on aperçoit que si on a un élu supplémentaire, on a perdu un militant.

Notre chance et celle du peuple, c’est que nous nous approchons de l’instant où le système va s’effondrer, car incapable de répondre aux besoins de la jeunesse. En février dernier, plus d’une centaine de jeunes ont été jetés en prison. Seul "Témoignages" et le Parti communiste réunionnais ont été solidaires de cette jeunesse en lutte. Où étaient les autres, qui se sont fait élire grâce au parti et qui se sont ensuite retournés contre lui ? Leur silence est un soutien à la répression et il s’explique par la trahison des idéaux du parti. Grâce au travail des militants, ils ont obtenu une fonction qui permet d’accéder à une classe sociale privilégiée, ils adoptent alors le réflexe de cette classe qui somme le pouvoir de réprimer pour faire taire la révolte.

L’appel aux abandonnés

Plus nous nous approcherons de la fin du système en place, et plus les défections augmenteront, car chacun sera au pied du mur de ses convictions les plus profondes. À l’aube de cette ère nouvelle, les données du problème sont très claires. La moitié de la population est en dessous du seuil de pauvreté, et 60% des jeunes sont au chômage.
C’est dans la révolte des pauvres et des jeunes que se situent les forces vives de ce pays, car ce sont les victimes. C’est le sens de la nécessité d’un appel aux victimes et aux abandonnés pour renverser ce système qui ne profite qu’à ceux qui s’écartent de la ligne du changement : "Sauver La Réunion, car vous n’avez plus rien à attendre de ceux qui se complaisent dans le système".

 Manuel Marchal 

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