Vers des sanctions de l’Europe l’année prochaine ?

La France augmente son déficit

11 septembre 2014, par Céline Tabou

Le déficit de la France s’est creusé en fin juillet à 84,1 milliards d’euros contre 80,8 milliards en juillet 2013. Pour le ministère des Finances, cela s’explique par des « dépenses exceptionnelles » en matière d’investissements.

Suite à ces chiffres publiés mardi 9 septembre, le gouvernement a annoncé mercredi 10 septembre, qu’il allait à nouveau repousser, à 2017 au lieu de 2015, son objectif de réduction du déficit public de 3% du produit intérieur brut, invoquant « une situation exceptionnelle » en Europe.

Une « situation exceptionnelle »

La différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat, des collectivités territoriales et de la sécurité sociale, appelé déficit public, va augmenter en pourcentage du PIB cette année, à 4,4% du PIB contre 4,2% l’an dernier, a admis Michel Sapin, ministre de l’Economie.

Ce dernier a expliqué lors d’un point presse que le déficit devrait progressivement décroître à 4,3% en 2015 et passer sous le seuil de 3% en 2017.
Initialement, le gouvernement prévoyait un déficit public ramené à 3,8% du PIB cette année et chutant à 3% l’an prochain, afin répondre aux conditions fixées par Bruxelles. Pour le ministre, la situation est « exceptionnelle » en raison de la conjoncture économique au sein de la zone euro, « marquée par une croissance très faible cumulée avec un ralentissement de l’inflation que personne n’avait anticipé ». Ce dernier a insisté : la conjoncture est « inédite dans l’histoire économique de l’Europe ».
Le gouvernement a expliqué que les comptes de l’Etat étaient plombés par le nouveau programme d’investissements d’avenir, dont le volume total est de 12 milliards d’euros, dont 4,6 milliards d’euros ont été déboursés à fin juillet. Ce programme d’investissement, « c’est 35 milliards d’euros sur dix ans pour financer l’innovation en France, renforcer la productivité, la capacité d’innover et accroître la compétitivité des entreprises », a indiqué le gouvernement sur son site internet.

Des « effets de calendrier »

Hors les frais exceptionnels d’investissement, le gouvernement a tenu son engagement de maîtrise de la dépense publique, passant de 233,5 milliards au 31 juillet, à 231,6 milliards d’euros, soit moins d’1,9 milliard d’euros sur un an. Cependant, les recettes ont considérablement diminué passant de 170,1 milliards à 163,8 milliards d’euros, soit moins de 6,3 milliards sur un an.
Cette baisse des recettes serait due à l’entrée en vigueur du CICE qui fait baisser l’impôt des entreprises, et à des « effets de calendrier », a indiqué le ministère des Finances dans un communiqué de presse. Concernant, l’impôt sur les sociétés, les bénéfice nets sont en baisse, en raison du Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) de 41,8% sur un an, pour s’établir à 13,6 milliards fin juillet.

L’impôt sur le revenu a rapporté, en net, 44,6 milliards d’euros jusque fin juillet, un chiffre en hausse de 9,6% sur un an, mettant en évidence l’augmentation de la pression fiscale. La TVA est la première source de recettes pour l’Etat, après avoir augmenté le 1er janvier, elle a rapporté 81 milliards d’euros (produit net) entre janvier et fin juillet, soit 3,4% de plus que sur la même période en 2013.

Angela Merkel épingle la France


La chancelière allemande a tenu un discours de politique générale pour l’Union Européenne, lors de la discussion du Bundestag sur le budget 2015, mercredi 10 septembre. Face aux critiques contre la rigueur budgétaire allemande, la chancelière est restée inflexible sur la croissance, notamment celle des Français.

Pour la première fois depuis 1969, le budget 2015 de l’Allemagne sera équilibré. Pour Angela Merkel, l’Allemagne est un exemple à suivre. Assurant que « le respect de nos engagements en Europe, en particulier dans la zone euro, doit devenir la marque de fabrique de la zone euro ». Une remarque pour la France, qui quelques heures avant son allocution a annoncé le non respect de ses engagements de limiter le déficit public à 3%.
La chancelière Angela Merkel a vivement critiqué les errements de la France. Cette dernière a expliqué que « le financement de l’économie à crédit doit enfin cesser », évoquant « un devoir envers les générations à venir », dans un pays vieillissant. « Une stricte discipline sera nécessaire du côté des dépenses », a-t-elle ajouté, « et ce qui vaut pour l’Allemagne vaut aussi pour l’Europe ».
Angela Merkel est soutenue par la presse allemande, qui parle de « coup fourré » français. Le dérapage budgétaire français est très critiqué, notamment par le site du Handelsblatt, quotidien économique d’obédience libérale, qui titre « Nouveau coup fourré de la France : le déficit public devrait atteindre 4,3% du PIB. La France enfreint clairement la règle européenne des 3%, ce qui pourrait avoir de graves conséquences ».

Des conséquences à La Réunion


Le non respect des engagements de la France de limiter le déficit public à 3% aura des conséquences pour les RUP et notamment La Réunion, qui bénéficie des fonds structurels. En effet, les investissements européens dans l’île viennent du FSE et du FEDER qui permettent le développement d’infrastructures diverses. La remise en cause de ces fonds pourrait impacter le développement de l’île, qui est déjà classée en retard économique par rapport à la France.

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