Après la Grèce, l’Irlande, le Portugal sous pression et ce n’est pas fini

La France en grande difficulté

27 novembre 2010, par Manuel Marchal

Sans une avance sur le budget de l’année prochaine, le gouvernement n’avait pas d’argent pour payer les fonctionnaires. Voici un fait qui en dit long sur les difficultés de l’Europe en général, et de la France en particulier. Pour payer les salaires de décembre, le gouvernement va diminuer d’un milliard les investissements et les dépenses de l’aide sociale l’an prochain, explique le président de la Commission des finances du Sénat. Mais tout cela n’empêche pas Paris d’envoyer à La Réunion une ministre pour préparer les prochaines élections, sous couvert de visite officielle payée par tous les contribuables. Voilà où mène la gestion UMP.

À quelques jours du mois de décembre, les caisses sont vides pour payer les fonctionnaires de huit ministères, dont l’Éducation nationale, l’Intérieur et les Armées. Cette situation sans précédent est révélatrice de la gestion UMP. Il n’y a plus d’argent pour payer les fonctionnaires tout simplement parce que quand le gouvernement a présenté son budget, il n’avait pas prévu une somme suffisante pour assurer les salaires du 1er janvier au 31 décembre.
Pour payer les agents de l’État, le gouvernement a demandé une avance sur le budget 2011. Ce sont un milliard d’euros qui seront prélevés dans les dépenses d’investissement et d’intervention, c’est-à-dire dans les chantiers créateurs d’emploi et dans l’aide sociale. C’est ce qu’a dit en substance Jean Arthuis, président de la Commission des finances du Sénat, qui n’en revient pas de vivre une telle situation.
La France est en difficulté, et c’est à l’image de l’Europe. Au plus haut niveau, les États ne sont pas encore parvenus à un accord pour le prochain budget. Si le blocage persiste dans les semaines qui viennent, alors le budget sera réglé chaque mois par douzième, en référence avec les dépenses engagées l’année précédente. Une visibilité à un mois, c’est ce qui attend l’Union européenne si rien ne bouge.

Pire que le Portugal

Après la Grèce, c’est au tour de l’Irlande d’être concernée par un prêt de l’Europe et du FMI pour renflouer les comptes publics. Aujourd’hui, la population va manifester en masse pour dénoncer la trahison de ses dirigeants qui la livre aux diktats du FMI et de Bruxelles : baisse des salaires des fonctionnaires, de l’aide sociale et du salaire minimum en échange d’un prêt de 85 milliards d’euros.
La Grande-Bretagne est également touchée par les manifestations. Au lendemain de son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur a présenté un plan d’austérité inspiré de ce que veut imposer le gouvernement UMP en France. Aussitôt les étudiants sont descendus dans la rue pour dénoncer l’augmentation considérable des droits d’inscription dans l’enseignement supérieur, ce qui réserve l’Université aux plus riches.
Hier, une information parue dans le "Financial Times Deustchland" a fait état de pression de plusieurs États de l’Union européenne sur le Portugal pour que ce pays accepte un prêt pour combler une partie de son déficit public. Ce projet vise à empêcher un effondrement de l’Espagne. S’il a été officiellement démenti par les gouvernements concernés, ce ballon d’essai est très inquiétant car en pourcentage, le déficit public du Portugal est inférieur à celui de la France. Et jusqu’à présent, aussi bien en Grèce, qu’en Irlande ou au Portugal, personne n’a entendu parler de difficultés pour payer les fonctionnaires.

À La Réunion aussi

Devant cette crise généralisée, et alors que la France est en grande difficulté, le gouvernement ne trouve rien de mieux que d’envoyer à La Réunion une ministre pour préparer des élections. La lecture du programme est claire : les Réunionnais n’ont pas un emploi, pas un logement à attendre de cette visite. Son objectif n’est donc pas de répondre aux attentes de la population. La proximité des prochaines cantonales permet donc d’avoir une explication quant à la véritable raison de ce voyage financé par tous les contribuables.
Ce comportement est véritablement la marque de fabrique de l’UMP. Les Réunionnais commencent à avoir un aperçu de la manière de diriger des amis de Nicolas Sarkozy. Le dernier exemple en date est le fiasco du voyage à Adelaïde de 140 personnes, Didier Robert en tête : plus de 300.000 euros dépensés pour revenir avec une simple déclaration d’amitié, et l’assurance que le Premier ministre d’Australie du Sud ne mettra jamais les pieds à La Réunion. Pendant ce temps, la crise s’aggrave encore plus vite qu’en France, et le nombre de 150.000 demandeurs d’emploi sera bientôt franchi. Mais pour l’UMP, des élections de conseillers généraux sont plus importantes que la crise subie par la population.

Manuel Marchal


Le programme qui cache l’essentiel

Depuis plus d’un an, les visites de membres du gouvernement, et même celle du président de la République, ont pris l’habitude de se diviser en deux séquences. La séquence officielle, c’est celle qui justifie le financement du voyage par des fonds publics. Mais tout aussi importante est la séquence électorale, uniquement au service d’un parti, l’UMP. Les dernières visites du porte-parole du gouvernement et du secrétaire d’État à la Fonction publique avaient été marquées respectivement par un meeting UMP à Sainte-Marie, et une séance de formation de militants à Saint-Pierre. À quatre mois des cantonales, il ne fait guère de doute que la visite de la ministre de l’Outre-mer aura aussi une séquence réservée à l’UMP.
Mais du fait de l’existence d’une séquence officielle, ce déplacement électoral n’est pas financé par l’UMP, mais par tous les contribuables. Et cela au moment où le gouvernement est obligé de quémander une avance pour payer les fonctionnaires le mois prochain.


Toujours pas de budget pour l’Europe

Le commissaire européen au Budget Janusz Lewandowski a présenté hier un nouveau projet de budget pour 2011, le précédent n’ayant pas fait l’objet d’un accord entre le Conseil et le Parlement.
Rien ne change en ce qui concerne les contributions des États membres, a d’emblée assuré M. Lewandowski. S’ils étaient d’accord de porter le budget 2011 à quelque 130 milliards l’année prochaine, soit une hausse de 2,91%, Parlement et Conseil n’ont pu s’accorder au fil de trois semaines de négociations sur l’opportunité d’engager sans tarder des discussions pour assurer une plus grande flexibilité du budget européen, et discuter d’un régime de ressources propres pour l’avenir. Jeudi, le Parlement s’est dit prêt à faire des compromis, tandis que les États membres ont fait jouer la diplomatie pour engranger "une percée" sur les mécanismes de flexibilité. Le commissaire Lewandowski s’est dès lors déclaré optimiste pour un accord définitif le 7 décembre prochain lors de la prochaine concertation. Le Parlement pourrait l’approuver à la mi-décembre, ce qui permettrait à l’UE d’entamer 2011 sans retomber dans le régime des douzièmes provisoires. (GEJ)


La Réunion sanctionnée par l’Europe à cause de la faillite du gouvernement ?

La Commission européenne a récemment publié son 5ème Rapport de Cohésion sur la politique régionale. Parmi les mesures proposées, les sanctions financières liées au non-respect du Pact de stabilité pourraient être étendues à taux les domaines, y compris la politique régionale (FEDER), et sociale (FSE).
Depuis 2008, le déficit public est supérieur à 3%, ce qui veut dire qu’une des conséquences du gouvernement est de ne pas respecter ce Pacte de stabilité. Si cette mesure était mise à exécution, alors La Réunion pourrait perdre les fonds structurels à cause de la faillite de la gestion UMP au gouvernement.
Hier à Bruxelles, la présidente du Comité des Régions, Mercedes Bresso, a déclaré que « les régions ne doivent pas être punies pour les échecs de leurs gouvernements nationaux ». Elle ajoute que ce sont justement les régions les plus pauvres d’Europe qui pourraient être sanctionnées à cause de leur pouvoir central.

A la Une de l’actuUnion européenne

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus