Un accord Robert-Fillon annoncé pour remplacer le Protocole de Matignon signé par Paul Vergès et Dominique de Villepin

La grosse diversion pour faire oublier les 2.000 bus promis

12 octobre 2010, par Manuel Marchal

Annoncé trois jours avant sa signature par un Premier ministre qui s’apprête à quitter Matignon, l’accord Robert-Fillon remplace 1,6 milliard d’euros du tram-train prévu par le Protocole de Matignon par 250 millions d’euros pour un réseau de bus qui n’est pas de la compétence de la Région. Voilà le scandale que la diversion qui aura lieu jeudi à l’heure du déjeuner à Paris n’arrivera pas à dissimuler.

Il a fallu une longue campagne de "Témoignages" pour qu’à quelques jours de la fin de ce gouvernement soit envisagé un document qui serait signé jeudi à l’heure du déjeuner par Didier Robert et François Fillon. Pour marquer la faiblesse du contenu de cet accord Robert-Fillon, une grande opération de diversion est donc montée à Paris.
Cette signature a été plusieurs fois annoncée en des termes vagues, puis une date et un lieu avaient été donnés : le 24 septembre à La Réunion, avec la présence de François Fillon. Cette annonce a été le point de départ d’une campagne de "Témoignages" préparant la population à la mobilisation de toutes les victimes de la politique du gouvernement. La venue du Premier ministre n’a jamais été démentie par Didier Robert, mais tout le monde a pu constater que le 24 septembre, François Fillon n’était pas à La Réunion.
Cette campagne a porté ses fruits, car c’est hier qu’a été annoncée, seulement trois jours avant l’événement, la signature d’un accord Robert-Fillon jeudi à Paris. Une telle précipitation pour une signature d’une telle importance démontre un manque de sérieux manifeste. C’est une signature sous la pression, uniquement parce qu’il faut signer quelque chose.
Tout le monde sait en effet que le gouvernement et François Fillon en tête vont quitter leurs fonctions au plus tard dans quelques semaines. Ce qui apporte un éclairage sur le poids d’une telle signature.
Enfin, la méthode utilisée par les ministres qui se succèdent depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République montre ce que vaut la signature du gouvernement.
En janvier dernier, le président de la République vient en personne vanter les mérites des énergies renouvelables à La Réunion en inaugurant une ferme photovoltaïque, quelques mois plus tard, l’État se désengage du soutien au photovoltaïque. D’ailleurs, Marie-Luce Penchard a été très claire sur ce sujet : ce qu’une loi a fait, une autre loi peut le défaire, a-t-elle dit en substance à nos confrères du "Journal de l’île". Tous les acteurs économiques savent qu’ils ne peuvent pas se fier au gouvernement, car les engagements pris et écrits sont sans cesse remis en cause. L’accord Robert-Fillon n’échappera pas à la règle, d’autant plus qu’il doit être signé dans la précipitation par un Premier ministre tout proche de quitter Matignon.

La suppression de milliers d’emplois

L’accord Robert-Fillon préparé par l’UMP est déjà sur le papier une régression d’au moins 1 milliard d’euros par rapport au Protocole de Matignon signé en janvier 2007 par Paul Vergès, président de la Région, et Dominique de Villepin, Premier ministre.
Le document prévoit donc la suppression du tram-train et de tous les crédits qui sont liés. 1,6 milliard d’euros, soit plus de 10 milliards de francs, sont perdus pour les Réunionnais, et avec eux le point de départ d’un chantier sur 20 ans entre Saint-Benoît et Saint-Joseph en passant par les zones les plus densément peuplées du pays. Didier Robert et François Fillon vont donc signer un document qui supprime plusieurs milliers d’emplois.
L’accord UMP remplace cet investissement structurant par un trans-éco-express dont le montant annoncé est de 250 millions d’euros. Tout d’abord, cela se situe très loin des « 650 millions d’euros d’investissements sur trois ans engagés dès 2010 » promis par Didier Robert lors de son arrivée à la Région.
Mais surtout, ces 2.000 bus annoncés relèvent de la compétence du Conseil général et des intercommunalités. La loi a en effet clairement défini les compétences de chacun en matière de transport. La Région a la responsabilité de construire des trams-trains, le Conseil général d’organiser les réseaux de cars interurbains et les intercommunalités de construire et gérer les réseaux de bus à l’intérieur des agglomérations.
L’accord Robert-Fillon accouche donc d’un trans-éco-express de 250 millions d’euros à la place d’un tram-train de 1,6 milliard, tout le reste n’est que diversion.

Manuel Marchal


Un président de Région UMP ne rapporte rien

Didier Robert ne manque pas de rappeler sa proximité avec les plus hauts dirigeants du gouvernement UMP. Sur cette base, il eut été logique de s’attendre à un accord Robert-Fillon réévaluant considérablement l’enveloppe prévue par l’État dans le Protocole de Matignon.
Eh bien, rien de tout cela, et c’est même le contraire qui se passe, puisque La Réunion perd un grand chantier, et plus de 1 milliard.
Autrement dit, avoir un président de Région membre du bureau politique de l’UMP ne rapporte rien, pas un euro de plus.

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