Intervention d’Huguette Bello

« La guerre de Gaza n’est pas finie »

2 février 2009

Huguette Bello, Députée-maire de Saint-Paul et Présidente de l’Union des Femmes Réunionnaises, a témoigné sa solidarité aux habitants de Gaza. Voici des extraits de son discours.

« C’est un constat à dresser : la guerre de Gaza n’est pas finie. Massacres et destructions avec violations des lois de la guerre n’ont pas eu raison de la détermination et du besoin de liberté qu’éprouve viscéralement cette partie de la population palestinienne enfermée depuis des décennies dans cette enclave. Et pourtant, Israël avait annoncé à grands cris, il y a moins d’un mois, qu’il allait frapper le mouvement de libération d’un grand coup dont il ne se relèverait pas de sitôt. Il se proposait de régler de façon expéditive, de réduire à néant les capacités de défense de ce peuple rebelle, de briser sa volonté de résistance et, une fois pour toutes, de le mettre à genoux ».

« Israël vient d’enregistrer un échec... »

« Or, s’il a bien agi comme annoncé, le gouvernement israélien n’a pas été en mesure d’accomplir ce qu’il se promettait. Depuis le début de cette semaine, on a recommencé à bombarder, à réprimer, à tuer. On pilonne à nouveau au-dessus des tunnels qui relient la Bande Gaza à l’extérieur, et la résistance palestinienne, loin d’avoir été décapitée, réplique sans complexe. Des roquettes tombent comme avant sur Israël. Manifestement, et qu’il l’admette ou non, Israël vient d’enregistrer un échec dans sa tentative d’écraser, comme il s’était promis de le faire, la résistance palestinienne ».

« Avant de lancer son armée à l’assaut de Gaza, Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, sûr qu’il était de son fait, avait proclamé son intention de liquider en l’espace de quelques jours l’appareil politique du Hamas. Il se disait certain d’en anéantir les capacités d’action et de riposte. Il ne doutait pas d’arrêter définitivement les tirs de roquettes, d’anéantir les bases du gouvernement en place, de couper le territoire palestinien de toutes voies de communication le reliant à l’extérieur ».

« Mais on le voit, son armée a fini, contrainte et forcée, par se retirer de Gaza sans qu’aucun de ses buts de guerre n’ait été atteint. Et d’une certaine façon, la défaite n’est pas, et loin s’en faut, du côté de ceux qui crient victoire. Ce que l’un, au moins, des dirigeants politiques israéliens a confirmé publiquement quand, à l’annonce de la fin des combats et le retrait de Tsahal du territoire envahi, il a constaté que son pays n’avait “rien obtenu des objectifs annoncés lors du déclenchement de l’opération lancée le 27 décembre - de l’année dernière ».

« La Bande de Gaza, c’est quoi ? C’est plus d’un million et demi de personnes vivant concentrées dans un espace de 362 kilomètres carrés. Dit comme ça, c’est un chiffre qui interpelle. Mais par lui-même, il ne parle pas assez à l’imagination. Afin d’avoir une plus juste idée de ce qu’il représente, mieux vaut, pour nous Réunionnais, le juger par comparaison avec des choses que nous connaissons bien. Disons donc que ce million de Gazaouis occupent un territoire qui correspond tout juste à 15% de la superficie de notre île. Plus concrètement, il représente une fois et demie l’étendue de Saint-Paul. Pas plus. Ce qui fait que l’on atteint là-bas une densité de 4.000 habitants au kilomètre carré. Mais en plus, on a affaire à un terrain dépourvu de relief qui serait susceptible de compliquer l’éventuelle avancée de troupes d’invasion. Il est plat à peu près comme la ville du Port ».

« L’armée bombarde du ciel avec ses avions de combat et ses fameux drones »

« Et c’est cette étroite langue de terre que la cinquième armée du monde va, le 27 décembre dernier, encercler puis prendre d’assaut. Elle la bombarde du ciel avec ses avions de combat et ses fameux drones, elle y pénètre assez profondément avec ses chars d’assaut, elle pilonne, elle arrose d’obus, elle canonne, elle mitraille. En fait, fi de toutes les lois de la guerre, elle utilise contre la population civile des armes interdites comme ces bombes au phosphore, elle tire indifféremment sur tout ce qu’elle soupçonne de servir d’abri à ces combattants ».

« Et ce sont des maisons de particuliers, des commerces, des mosquées, des centres de soin, et même des habitations où elle a ordonné à des dizaines de civils, femmes, vieillards et enfants, de se regrouper. Et ensuite, elle tire des charges de missiles qui font tout exploser, laissant sur le carreau des morts par centaines en lesquels le Pape Benoît 16 verra (et je le cite) « des victimes innocentes d’une violence inouïe ».

« C’est cet acharnement mis par les dirigeants israéliens à agir dans cette guerre en barbares dénués de tout scrupule et de tout sentiment d’humanité envers des populations civiles désarmées. Reproduisant contre d’autres les exactions que son propre peuple a subies au cours de son histoire, Israël prétend désormais avoir tous les droits. Il estime avoir celui d’ignorer, sinon de violer les règles du droit international et aussi de passer outre les résolutions adoptées par la Communauté des Nations ».

« Crime de guerre, voire crime contre l’humanité, sont des chefs d’accusations si bien fondés que l’on voit certains des meilleurs alliés d’Israël soudain lui tourner le dos et le montrer du doigt. On entend par exemple le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, généralement des mieux disposés à l’égard de l’État juif, suggérer tout d’un coup que ses représentants soient interdits d’entrée aux Nations Unies à New York en raison de son refus d’appliquer les résolutions de l’organisation internationale ».

« Retirez le nom de grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu’il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens »

« Et il y a mieux. C’est ce journaliste et écrivain français d’origine juive, Jean-Moïse Braitberg, qui vient d’écrire au président de la République d’Israël pour protester contre ce qui vient de se commettre à Gaza. Il demande ainsi à Shimon Peres de retirer du mémorial dédié à la mémoire des victimes du nazisme le nom de son grand-père, gazé à Treblinka en 1943. Et il lui écrit en ces mots : « Votre État, lui dit-il dans sa lettre rendue publique, retient prisonnière ma mémoire familiale derrière les barbelés du sionisme pour en faire l’otage d’une soi-disant autorité morale qui commet chaque jour l’abomination qu’est le déni de justice. Alors, s’il vous plaît, retirez le nom de grand-père du sanctuaire dédié à la cruauté faite aux juifs afin qu’il ne justifie plus celle faite aux Palestiniens »
.

« Je crois que, dans le procès intenté aux bourreaux de Gaza et pour soutenir la requête de les poursuivre devant le Tribunal Pénal International, nous ne pouvions espérer, chers amis, produire meilleur témoin ».


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