Après la sortie du système éducatif et universitaire

La jeunesse réunionnaise doit avoir un autre avenir

7 juillet 2018

Pour offrir aux nouveaux diplômés une alternative au chômage, aux emplois sous-payés et précaire, et à l’exil, il importe de sortir d’une vision qui limite l’horizon de La Réunion à une relation quasi-exclusive avec une ancienne puissance coloniale en déclin, située de l’autre côté de l’immense continent africain.

Le rectorat a diffusé hier l’analyse des résultats des épreuves du premier groupe du baccalauréat. Sur plus de 12.000 candidats à La Réunion, plus de 8.000 sont déjà admis au premier grade universitaire. Hier également, l’Université de La Réunion honorait les 309 diplômés de sa filière Sciences et Technologies. Ces deux événements indiquent que de plus en plus de Réunionnais sont capables d’occuper des postes de cadres.

La veille, l’INSEE publiait une étude sur la démographie de La Réunion en 2017. Entre 2009 et 2017, en moyenne annuelle, la différence entre les naissances et les décès est égale à 9.100, mais la croissance de la population est inférieure : 5.600. La Réunion est donc une terre d’émigration, où les départs sont bien plus nombreux que les arrivées. Le solde migratoire est négatif de 3.500 personnes.

Cette situation montre que chaque année, des milliers de Réunionnais choisissent le chemin de l’exil, car le système en place à La Réunion leur fait comprendre qu’il n’a pas besoin d’eux. Le travailleur réunionnais bat des records de productivité, qui est en moyenne supérieure à celle de leurs camarades de France. Cette productivité poussée à l’extrême génère d’importants profits. Beaucoup d’entre eux sont rapatriés en France ou dans d’autres pays, car l’économie de notre île est passée sous le contrôle de groupes extérieurs.

Les conséquences sociales sont dramatiques, avec un chômage de masse présent depuis les années 1970. Les jeunes sont particulièrement touchés, car plus de moitié de ceux qui ont quitté l’école sont au chômage. Parmi ces moins de 25 ans se trouvent des milliers de diplômés de l’enseignement supérieur. C’est un immense gâchis qui coûte très cher à notre pays et pas seulement.

Jeudi lors d’une conférence de la Faculté des lettres et des sciences humaines, Jean-Fabrice Vandomele et Jules Dieudonné ont présenté le résultat d’une étude d’impact sur le changement climatique en Afrique de l’Ouest. Ce travail découle d’une réponse à un appel d’offre lancé par une institution de l’Union africaine, le NEPAD. Ce sont des sociétés réunionnaises qui ont fait partie des 5 lauréats parmi 450 candidats. Ceci souligne que La Réunion a des atouts à valoriser dans le domaine de l’économie de la connaissance. Or, c’est précisément cette connaissance que les jeunes obtiennent après des formations sanctionnées par des diplômes universitaires. Cela indique donc que des débouchés sont possibles, à condition de sortir d’une vision limitant trop souvent l’horizon à la France, un lointain pays situé à 10.000 kilomètres, de l’autre côté de l’immense continent africain, qui compte déjà 20 fois plus d’habitants que l’ancienne puissance coloniale.

Un autre avenir que le chômage ou l’exil est possible pour la jeunesse réunionnaise, à condition de changer de politique et de prendre en compte en premier lieu la réalité de la géographie : La Réunion est une île située au large de l’Afrique, ayant pour seuls voisins des États membres de l’Union africaine.

M.M.

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