Manifestations au lendemain de la Commission transparence des emplois aidés

La jeunesse réunionnaise met en garde le pouvoir

7 février 2013

Depuis hier, le mouvement des jeunes pour l’emploi s’est amplifié. Des jeunes ont manifesté toute la journée à Saint-Louis puis à Saint-Denis, ils revendiquent le droit à un travail. Révoltés par la violence que lui inflige ce système, ils ont pris conscience que sans la lutte, il n’est pas possible d’obtenir une amélioration. La jeunesse réunionnaise met en garde le pouvoir : la répression ne réglera rien.

Un an après les émeutes qui ont touché plus de la moitié des communes, la tension n’est pas retombée. Le pouvoir avait cru pouvoir calmer la situation avec une répression féroce. Des dizaines de jeunes ont en effet jetés en prison. Ils étaient insultés, traités de délinquants, alors qu’ils avaient utilisé les seuls moyens d’expression que leur laisse le système. La répression est alors arrivée pour les faire taire. Pendant ce temps, des élus réunis à la préfecture ont essayé d’éteindre la révolte par le versement de subventions à deux monopoles : les compagnies pétrolières et la grande distribution. La contrepartie, c’était le gel ou la baisse de prix.

Les élections présidentielle et législatives ont amené un apaisement. La campagne a porté l’espoir du changement. Les 7 députés élus se revendiquent même tous de la nouvelle majorité parlementaire. C’était au mois de juin, le temps de l’espoir.

La révolte contre le chômage

Mais rapidement, l’impatience s’est manifestée face à l’absence de signes du changement. En septembre dernier, des jeunes de Saint-Denis donnaient le signal de la révolte, ils ont barré la route à Bellepierre. Quelques jours plus tard, le maire leur cédait une dizaine d’emplois aidés.

Depuis que les représentants du gouvernement ont commencé à lancer la promotion des contrats d’avenir, la mobilisation des jeunes s’est accentuée. La première manifestation, c’était à Saint-Benoit. Le 27 janvier, les jeunes y ouvraient l’année de la révolte. C’était ensuite l’extension à Saint-Denis, à Saint-Louis, à Saint-Pierre et à Saint-Paul.

Depuis la nuit de mardi à mercredi, le mouvement de révolte contre le chômage s’est amplifié. Le quartier de la Palissade a été le point de départ. Le pouvoir n’a pas cherché à discuter, il a envoyé tout de suite la répression pour faire taire les jeunes. Ces derniers ont dû battre en retraite face aux grenades lacrymogènes. Mais hier matin, ils ont repris leur mobilisation (voir encadré) . Alors que le mouvement semblait stabilisé à Saint-Louis hier soir, des jeunes de Saint-Denis ont pris le relais.

La répression ne règle rien

Rappelons que la fin de l’année 2012 s’est conclue sur un nombre record de demandeurs d’emploi : 162.480. Parmi eux, 22.820 ont moins de 25 ans. C’est à ces jeunes que se destinent spécifiquement les emplois d’avenir. 5.000 sont prévus à La Réunion, mais à la lecture des prévisions de recrutement des collectivités, il est clair que le nombre d’emplois possibles est bien en deçà des 5.000.

Les jeunes sont parfaitement au courant de ces informations, et ils demandent au pouvoir d’honorer sa dette : il leur doit un travail. Tant que cette revendication ne sera pas satisfaite, le mouvement ne s’arrêtera pas. Et ce n’est pas la répression qui l’affaiblira. L’expérience de février 2012 est là pour le rappeler, car un an après, les mêmes problèmes sont toujours là, mais en bien plus grave.

M.M.

Claude Hoarau : « l’emploi compétence de l’État »

C’est sur la télévision de Réunion Première que le maire de Saint-Louis s’est exprimé publiquement, voici ce qu’il a dit en substance :

« La question de l’emploi est une compétence de l’État. Si l’État n’arrive pas à assurer cette compétence, il doit mettre en œuvre des palliatifs. Les palliatifs ce sont les contrats. Il faut qu’il y en ait un nombre suffisant pour que les élus répondent aux attentes de la population ».
Barrage levé : des contrats obtenus par les jeunes ?

Dans la nuit de mardi à mercredi, des jeunes du quartier de la Palissade ont tenu tête aux forces de répression. Hier, ils ont quitté le quartier pour aller barrer le pont de la rivière Saint-Etienne. Ils se sont ensuite dirigés vers la mairie. L’institution a fermé ses portes. Les jeunes ont alors demandé aux commerçants de baisser leur rideau en signe de solidarité.

Après avoir occupé pendant plusieurs heures le rond-point situé devant la mairie sous l’œil des gendarmes, les jeunes sont retournés dans le quartier de la Palissade où ils ont bloqué le carrefour de la route de la Rivière.

Hier soir, le barrage du rond point de la Palissade a été levé. Réunion Première a fait état d’une rencontre entre le maire et un représentant des manifestants. Une réunion serait prévue vendredi. Les jeunes revendiquent une trentaine de contrats.
Solidarité avec ceux qui n’ont rien

Hier pendant que des jeunes manifestaient, on entendait des propos indignes contre la jeunesse. Ils étaient traités de délinquants, de casseurs. Une femme a dit à la radio que la manifestation l’empêchait de travailler. Cette situation, elle ne le vit qu’une journée, alors que ceux qui manifestent n’ont rien toute l’année. La solidarité avec les victimes du système doit se renforcer. Dans son communiqué du 29 janvier, le PCR a dit sa solidarité aux chômeurs qui manifestent pour l’emploi, "Témoignages" continuera d’être solidaires des jeunes en lutte.
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