Collectif pour le développement de la région Sud

La loi-programme doit profiter au rééquilibrage du territoire

13 octobre 2007, par Edith Poulbassia

Le Collectif pour le développement de la micro-région Sud considère que la situation structurelle de cette partie de La Réunion est suffisamment alarmante pour que la future loi-programme en tienne compte. Envisager le développement de l’île sans accorder une place prépondérante au rééquilibrage économique, administratif et infrastructurel du territoire, c’est s’engager vers une impasse dès le départ. Hier, le Collectif, dans un acte citoyen, à transmis à la sous-Préfecture de Saint-Pierre ses propositions pour la loi-programme. Propositions qui seront adressées au secrétaire d’Etat à l’Outre-mer.

C’est une occasion à saisir pour se faire entendre. Les acteurs politiques et économiques de La Réunion finissent de préparer les propositions de la loi-programme pour l’Outre-mer. Le Collectif ne pouvait faire que de même, car c’est le moment ou jamais de se faire par le gouvernement. D’autant plus qu’il constate qu’aucune voix ne s’élève pour défendre La Réunion. Il a défini une série d’axes prioritaires pour le développement durable du Sud qui a trop longtemps souffert du déséquilibre territorial. Une réflexion globale que le Collectif espère être prise en compte par le gouvernement dans l’intérêt de la région Sud au sein de cette loi-programme. « C’est le règne du silence total en termes de proposition pour le Sud dans le cadre de cette loi-programme », regrette Krishna Damour, porte-parole du Collectif. Et pourtant, le « contexte est propice, poursuit-il, puisque la vocation de cette loi est d’engager des mesures favorisant une élévation sociale et économique de notre département ». « L’inertie jubilatoire » des élus du Sud contraste fortement avec les intentions déclarées lors des dernières élections.

Construire un projet global et cohérent

Mais le Collectif n’est pas fermé sur lui-même. Ces axes prioritaires sont « une approche globale et cohérente » qu’il veut partager avec l’ensemble des acteurs du développement. Car le Sud ne se redressera pas sans l’effort de tous. « Le manque de cohérence et de coordination de politique commune en matière de stratégie globale a porté le Sud en faillite de réalisations structurelles, pour ne pas dire de faillites financières et autres », explique Krishna Damour. Plus que jamais, il est donc indispensable de se rassembler, au-delà des divergences, pour faire gagner la région Sud. « Nous appelons par conséquence l’ensemble des forces vives à faire fi de leurs différences politiques, insiste le porte-parole du Collectif, afin de constituer un bloc solidaire pour réamender la politique de développement du Sud à l’image de la propension du développement que connaît la région Nord, et nous citons le projet du Zénith, plage de Saint-Denis, tram-train, route du Littoral, zone franche dans l’Est. Tous ces projets contrastent avec l’inertie du Sud. Et cela dure depuis 2001 ».

Des erreurs à ne pas reproduire pour la Zone d’Activité de Pierrefonds

« L’illustration exemplaire d’un manque de vision globale et cohérente, c’est la tentative d’un des responsables politiques du Sud à vouloir faire main basse sur la Zone d’activité de Pierrefonds. Il semble sortir de son inertie pour s’étonner que la Zone d’activité de Pierrefonds soit atteinte de la pathologie de l’immobilisme »,
ajoute Krishna Damour. Pour le Collectif, la Zone d’Activité de Pierrefonds ne pourra accroître ses activités que si sa mise sous tutelle de la CIVIS tienne compte des intérêts communs de la région. Le Collectif le dit clairement, « le maire de Saint-Pierre ne doit pas être tenté de jouer cavalier seul au risque de voir un désengagement des divers partenaires ».
La route des Tamarins est un élément essentiel pour permettre à l’aéroport de Pierrefonds de s’épanouir. Cette infrastructure va sans aucun doute entraîner un rééquilibrage du territoire, une nouvelle vision des possibilités d’échange économique entre les communes du Sud, mais surtout entre le Sud et l’Ouest.

Pour la création d’une unique communauté intercommunale

Enfin, le Collectif propose une seule structure d’agglomération, et explique sa position. « Le propre d’une seule structure est d’organiser solidairement la cohérence d’un projet global pour le développement, en l’occurrence celui du Sud ». « Aussi, continue-t-il, dans un contexte où l’argent devient rare, il faut savoir rassembler les énergies de chacun et parler d’une seule voix pour pouvoir faire aboutir les projets à la hauteur des besoins de la population sudiste ». Pour preuve, l’exemple des deux projets de multiplexe, rejetés par la commission nationale d’équipement commercial. « Il est essentiel que l’État puisse avoir en face de lui un seul interlocuteur afin d’éviter un arbitrage de Paris », conclu le Collectif.

Edith Poulbassia


Les 10 propositions du Collectif pour la loi-programme

Un véritable programme pour le Sud

Le Collectif a élaboré une série de propositions pour que la micro-région Sud ne soit pas la grande oubliée de cette future loi-programme. Pour que le Sud puisse relever les défis majeurs qui l’attendent, pour qu’il rattrape enfin le retard accumulé et offre à ses habitants et à l’ensemble de La Réunion un développement durable. Les propositions adressées au Secrétaire d’Etat chargé de l’Outre-mer, Christian Estrosi, sont les suivantes :

La première proposition relève de l’organisation du cadre décisionnel en faveur de la région Sud.
« Il est urgent de réunir les 21 conseillers généraux du Sud dans un seul Groupe au Département afin d’élaborer un Schéma de Développement Social et de Proximité en faveur des habitants du Sud, d’élaborer un plan de développement global et cohérent du Sud, n’excluant aucune commune, et qui pourrait servir de base à un unique regroupement intercommunal, et enfin d’associer la population, les jeunes en particulier, à toutes les étapes du processus et des procédures ».

Redéployer les forces économiques

Deuxième proposition : opérationnaliser les fonds structurels vers une orientation volontariste d’une économie productive permettant d’alimenter le bassin de l’emploi (attractivité économique, pôle de compétitivité, zone de logistique...). La stratégie économique du Sud doit s’inscrire dans une logique complémentaire et non concurrentielle.
Ainsi, parallèlement et en synergie avec l’aménagement global de La Réunion, il faut définir des pôles de centralité pour chaque micro-région. Il s’agit de structurer la centralité à l’intérieur de chacune de celles-ci en termes de déplacements mais aussi en termes d’équipements complémentaires.
Cette multipolarité à l’intérieur d’une même micro-région, en “cassant” les relations à sens unique entre un sens géographique et sa périphérie-dortoir, simplifiera la vie de la population par une décentralisation des services au plus près de ses besoins.

Troisième proposition : réorienter le regard de l’Ouest davantage vers le Sud par un redéploiement des forces économiques et une décentralisation des instances administratives, éducatives, formatives, sociales, sanitaires, culturelles vers l’axe Ouest-Sud/Sud-Ouest afin de rompre avec le mouvement du développement macrocéphale du Nord.

Un réseau de transport performant

Quatrième proposition : Organiser un programme d’habitat dans un ensemble systémique liant les moyens de déplacements aux fonctions sociales, culturelles et économiques dans l’objectif d’accueillir l’essor démographique, soit 162.000 habitants supplémentaires d’ici 2030.

Cinquième proposition : Inscrire la problématique du réseau de distribution de l’eau dans le Sud au cœur d’une réflexion où l’interconnexion des réseaux serait préconisée, d’une part, et le développement de moyen de retenue collective d’eau à considérer, d’autre part.

Sixième proposition : La politique de transport influe sur le dynamisme d’une région et des micro-régions, une politique de transport doit à la fois répondre et conduire l’aménagement d’un territoire, notamment le désenclavement des Hauts. Nous proposons donc de mettre en œuvre un schéma de déplacement intégrant un maillage de transport irrigant en vertical et en horizontal le territoire. Dans ce réseau de transport, alterneraient alors les modes de transports absorbant les enjeux environnementaux. C’est dans ce sens que notre collectif prône un maillage cohérent de transport autour du tram-train dans le Sud.

Septième proposition : Engager un redécoupage administratif des communes et des cantons et une réorganisation administrative générale du département.

Miser sur l’excellence de la formation

Huitième proposition : Valoriser les atouts environnementaux pour un développement durable. Comment préserver et valoriser les espaces naturels et agricoles, optimiser l’exploitation des énergies renouvelables dans le cadre des ressources naturelles du Sud, engager activement des solutions non contraires au respect de la santé publique au traitement des déchets en connexion avec l’ensemble du territoire (tri sélectif, filières de valorisation des déchets, compostage, méthanisation...).

Neuvième proposition : Encourager le développement d’un pôle universitaire et de recherche dans le Sud en complémentarité avec les filières proposées dans le Nord. Grâce à l’installation d’un Institut Régional d’Administration, l’accompagnement de la mise en place du Groupement Hospitalier Régional pour permettre la création d’un Centre Hospitalier Universitaire dans le Sud et l’ouverture d’un pôle universitaire agricole à Saint-Joseph...

Dixième proposition : Valoriser et préserver les atouts culturels et l’authenticité du cadre de vie qui constitue une certaine qualité de vie. Ainsi, cet exercice laborieux devra s’accomplir dans le cadre d’un développement durable.

EP avec le Collectif

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

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