Sortir de la crise de l’eau à La Réunion par la solidarité entre Réunionnais
18 janvier, parL’eau n’est pas une ressource illimitée, elle doit être justement partagée
Résultat de plus de 70 ans d’intégration de La Réunion à la France comme département
12 avril 2023, par
Si l’enquête emploi 2022 de l’INSEE note « un taux de chômage historiquement bas », elle indique également que 20 % de la population active est au chômage non-officiellement reconnu, ou en situation de sous-emploi. Elle note aussi une hausse plus importante des emplois précaires et de l’apprentissage. Seule 39 % de la population active n’est pas en situation de chômage ou de sous-emploi. Ceci confirme que plus de 70 ans d’intégration à la France ont fait de La Réunion un pays divisé en deux mondes, où le droit à un travail durable ne peut qu’être garanti qu’à une minorité. D’où l’importance pour les Réunionnais d’être responsables de la politique de l’emploi dans leur pays. Le résultat ne pourra qu’être meilleur, car ce seront les personnes concernées qui seront responsables des décisions.
Une étude de l’INSEE parue hier souligne pour La Réunion « un taux de chômage historiquement bas ». Cette conclusion découle de l’utilisation des critères du Bureau international du travail. Ces critères ne prennent donc pas en compte les inscriptions à Pôle emploi, dont le nombre se situe autour de 180000 en moyenne trimestrielle depuis plusieurs années.
L’enquête emploi 2022 de l’INSEE compare la situation avec l’année 2019, celle précédant l’arrivée de l’épidémie de coronavirus dans notre île et qui eut un impact important sur l’activité économique. L’INSEE relève que « l’emploi salarié, secteurs privé et public confondus, s’accroît fortement : 6 400 emplois salariés sont créés en 2022, après 15 300 en 2021 ». Mais ces nouveaux emplois sont marqués par la précarité. En effet, l’INSEE constate que « Les créations d’emplois se font davantage sous la forme de contrats courts (CDD, intérim, alternance, etc.) : entre 2019 et 2022, le nombre de salariés en contrat court augmente de 12 %, tandis que le nombre de salariés en CDI croît de 3 %. »
Par exemple, concernant la hausse de l’emploi des 15-29 ans à La Réunion, l’INSEE indique que « L’emploi des jeunes augmente essentiellement grâce à l’aide à l’embauche des apprentis dans le cadre du plan de relance déployé lors de la crise sanitaire. En moyenne, 12 600 jeunes étaient en apprentissage en 2022, après 9 500 en 2021 et 3 700 en 2019. » Ceci découle en effet d’une orientation du gouvernement : offrir au patronat une main d’oeuvre à bon marché plutôt que d’investir dans la formation dans l’enseignement public et d’augmenter les bourses des étudiants afin qu’ils puissent vivre hors de la précarité. L’apprentissage concerne en effet des formations qui sont de niveau universitaire notamment.
Par ailleurs, l’INSEE met en évidence deux autres données : le halo autour du chômage et le sous-emploi. Le halo autour du chômage dénombre les travailleurs qui, par découragement, ne sont plus officiellement considérés comme à la recherche d’un emploi mais qui sont en réalité victimes du chômage. Ce halo est égal à 10 % de la population active.
Le sous-emploi dénombre les personnes qui sont contraintes à un temps partiel pour échapper au chômage. « Ce sont en grande majorité des femmes à temps partiel qui souhaitent travailler davantage et qui sont disponibles pour le faire. Cette part diminue de 2 points par rapport à la situation d’avant-crise sanitaire », note l’INSEE dont l’étude situe à 10 % le taux de sous-emploi dans la population active.
Finalement, la part de travailleurs qui ne sont pas au chômage et pas en sous-emploi est de 39 %. Cette proportion atteint 52 % pour la tranche d’âge des 30 à 49 ans, la moins touchée par le chômage à La Réunion.
Cela signifie qu’à La Réunion, 61 % de la population active n’a pas d’emploi.
Ces données indiquent que le droit à un emploi stable n’est garanti que pour une minorité. Quant au niveau de rémunération de ces emplois, il n’est pas le sujet de l’étude. Néanmoins, sur la base du refus du patronat d’appliquer les conventions collectives dans la plupart des secteurs, le salaire perçu par une grande partie des travailleurs ne va pas au-delà du SMIC qui est le même qu’en France, alors que le coût de la vie à La Réunion y est bien plus élevé. Cela est reconnu par l’État qui verse à ses agents titulaires une « prime de vie chère » qui permet d’augmenter de 53 % le salaire.
Ces données découlent de l’application d’une politique : l’intégration de La Réunion à la France. Cette intégration impose que la politique de l’emploi à La Réunion soit décidée à Paris. Depuis des décennies, ce sont donc l’application mécanique de textes visant à régler un problème en France qui est d’une ampleur beaucoup plus importante à La Réunion. Des adaptations sont possibles, mais elles doivent être adoptées par une majorité des députés de l’Assemblée nationale. Or, sur 577 députés, La Réunion en compte 7. Ces adaptations traduites dans des lois programme ou lois d’orientation n’ont pas permis à La Réunion d’aller vers le plein emploi. Ce qui se dessine aujourd’hui est la précarisation grandissante des travailleurs réunionnais, avec l’embellie des contrats précaires et de l’apprentissage.
Ceci illustre une fois de plus l’impasse d’un système où les personnes concernées, les Réunionnais, n’ont aucun pouvoir de décision pour mener une politique visant à supprimer le chômage par le plein emploi. Cela rappelle l’importance de nouveaux rapports entre La Réunion et la France, où les Réunionnais pourront être responsables des décisions prises en matière de lutte contre le chômage. Le résultat ne pourra qu’être meilleur.
M.M.
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