ARAST, Saint-André, Saint-Louis

La manipulation des mouvements sociaux : une stratégie politique

18 mai 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

A La Réunion, l’UMP et ses alliés sortent de plus en plus fréquemment des règles classiques de la compétition politique, et n’hésitent pas à détourner les mobilisations sociales à des fins politiques. Un recul pour la démocratie et pour la cause des travailleurs.

Mettant à profit la crise économique et ses répercussions, l’UMP d’"Objectif Réunion" a lancé une vaste campagne de déstabilisation de ses adversaires, dont la manipulation des mouvements sociaux est l’une des cartes maîtresses. Ouvertement où non, des représentants plus ou moins connus de ce mouvement politique s’emploient à détourner la détresse des travailleurs et son expression légitime vers la réalisation de leurs propres intérêts.

L’ARAST : une répétition générale

La minorité UMP du Conseil général, regroupée depuis 2008 sous le label "Objectif Réunion" a occupé de 1998 à 2008 la Présidence du Conseil général : une période au cours de laquelle ses représentants ont –au moins- laissé des dirigeants d’association irresponsables et âpres au gain creuser le déficit de l’ARAST. Privé de la présidence du Conseil général à la suite d’une manipulation manquée en 2008, "Objectif Réunion" a vu dans la faillite de l’ARAST au mois de novembre dernier l’occasion de faire endosser sa responsabilité dans la faillite par la nouvelle majorité. Le 1e Décembre 2009, les conseillers de ce groupe perturbaient une Assemblée plénière de l’Assemblée, dénonçant une « casse sociale » dont ils étaient eux-mêmes largement responsables. On sait qu’ils furent immédiatement et efficacement relayés par l’une des porte-parole du mouvement des salariées licenciées de l’ARAST, Valérie Bénard, qui mit tout en œuvre elle aussi pour détourner la révolte des travailleurs et des travailleuses contre la direction du Conseil général.

La présence ultérieure de cette ex-cadre de l’ARAST, jusque-là inconnue en politique, à la 4e place sur la liste de l’UMP, ainsi que son élection au poste de Vice-présidente de la Région Réunion ont effacé tous les doutes qui pouvaient encore subsister quant à son implication de longue date dans les manœuvres politiques qui ont suivi la chute l’association.

Stratégie de tension permanente…

La sale affaire des manipulations de l’ARAST a montré que la manipulation paie. En conséquence, "Objectif Réunion" et ses partisans ont intensifié la stratégie de tension permanente engagée dans certaines communes récemment conquises par le PCR. Le scénario a des parentés avec celui de l’ARAST : dans un contexte marqué par l’effondrement des ressources des communes et les difficultés croissantes de ces dernières, l’inquiétude et les revendications des travailleurs sont systématiquement mises à profit pour attaquer les élus, déstabiliser l’administration, et empêcher la vie normale de l’institution municipale.

…contre les élus communistes

Ainsi, à Saint-André, Karl Malbrouck, bien connu pour ses rapports privilégiés avec Jean-Paul Virapoullé a fait le choix d’une obstruction et d’un harcèlement systématiques envers le maire nouvellement élu, le communiste Eric Fruteau. Sans craindre de paraître gros doigts, Karl Malbrouck a attendu la victoire de ce dernier pour créer une section du syndicat SAFPTR. Bien loin des véritables préoccupations syndicales, cette structure est surtout utilisée dans le but de "monter" le personnel communal contre le premier magistrat de la commune.

Les récents évènements de Saint-Louis ont montré quel paroxysme pouvait atteindre ces manipulations des mouvements sociaux. A l’occasion d’une mobilisation portant sur les salaires, on a pu voir l’ancien maire Nouveau centre Cyrille Hamilcaro, auteur d’un SMS appelant à la manifestation depuis la veille, de bon matin devant la mairie dans le cortège. Ce mouvement se poursuivra dans la journée par une équipée sur la quatre voies et dans la ville de Saint-Louis. Il s’est soldé par une quasi-émeute et des dégradations dans le centre-ville. Des débordements qui n’ont bien entendu rien à voir avec l’exercice de revendications sociales par le personnel communal saint-louisien dont Cyrille Hamilcaro, employé au Tampon se moque bien…

Geoffroy Géraud-Legros

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