Route des Tamarins et élargissement de l’Union européenne

La mauvaise foi de Margie Sudre

3 mai 2004

Vendredi dernier, dans les “Matinales” de Radio-Réunion, la tête de la liste Raffarin pour l’Outre-mer aux élections européennes du 13 juin prochain a donné son point de vue sur les conséquences de l’élargissement de l’Union européenne de 15 à 25 pays, avec notamment une baisse possible des fonds structurels européens. Un changement considérable devenu effectif samedi dernier.
Pour Margie Sudre, les Réunionnais n’ont pas à s’inquiéter devant une telle menace, ils pourront compter sur... Jacques Chirac pour les défendre. On ne peut qu’être surpris d’une telle affirmation, d’autant plus que pendant le week-end, Radio-Réunion a relayé les propos pessimistes d’un expert de l’EURODOM. Ce dernier a rappelé à juste titre que la somme qui était partagée entre quinze pays sera désormais à répartir entre 25. Et on peut souligner que dans les 10 nouveaux États membres de l’Union européenne, un grand nombre de régions ont d’importants retards structurels et peuvent bénéficier, au même titre que La Réunion, de l’éligibilité en “Objectif 1”. Davantage de bénéficiaires potentiels et la même somme à partager : des conséquences sont à attendre et on se doute qu’un rassemblement des Réunionnais pour obtenir les moyens du développement sera bien plus payant qu’attendre que Paris pense à nous.
Deuxième point à relever dans le discours de la candidate soutenue par le gouvernement Raffarin : la gestion des fonds publics. Elle affirme que, pour elle, plutôt que de se soucier du montants des fonds structurels versés à La Réunion, il est essentiel d’utiliser rapidement ces fonds ; et de lancer une attaque contre la Région, accusée d’avoir traîné dans la réalisation de la route des Tamarins au cours de la précédente mandature sous la présidence de Paul Vergès.
Une accusation bien étonnante de la part de l’ancienne présidente de la collectivité si l’on compare son bilan de mandature sur ce dossier avec celui du président réélu. En effet, de 1993 à 1998, le dossier de la future route des Tamarins a été mis en sommeil : des négociations avec l’Etat pour faire aboutir une autoroute à péage dans l’Ouest ont été engagées, elles n’ont pas abouti et l’on peut dire sans risque de se tromper que quand Margie Sudre a quitté la présidence de la Région, tout était à faire à ce sujet. On peut ainsi souligner qu’il n’y avait même pas, en 1998, de déclaration d’utilité publique sur le projet global.
Ces 6 dernières années, la majorité régionale a relancé le projet et a décidé d’anticiper de deux ans la livraison de l’ouvrage sur les prévisions de la DDE. Les financements sont prévus, les travaux préparatoires ont commencé et les deux premiers grands marchés sont attribués. Six ans de travail sous l’impulsion de Paul Vergès ont permis de faire de la mise en œuvre de la route des Tamarins une réalité. Et dans l’attente de sa livraison, la Région a financé les déviations de La Saline et de Saint-Leu.
Décidément, Margie Sudre est bien mal placée pour parler de rapidité d’utilisation de gestion des fonds européens. Et son attaque contre la Région montre sa mauvaise foi. Ce genre de déclaration ne contribue pas à élever le débat politique, d’autant plus qu’elle vient de la candidate soutenue par le gouvernement. Et cela donne un argument de poids au chef de file de l’UMP à la Région, Alain Bénard, qui estime que la désignation de Margie Sudre à la tête de la liste Raffarin pour l’Outre-mer est une "mascarade".


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