Visite ministérielle

La ministre, les manifestants et la pluie

19 février 2005

Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-mer, est arrivée hier à La Réunion pour une visite officielle de deux jours. Séparés par un solide cordon de policiers, plusieurs dizaines de partisans et d’opposants au gouvernement l’attendaient à l’aéroport Roland-Garros sous une pluie battante. La ministre est allée à la rencontre des uns et des autres.

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"Raffarin, Girardin, gro prométèr, ti donèr", proclament des pancartes brandies par des syndicalistes. "Bienvenue Madame Girardin", semble répondre une banderole portée à bout de bras par des militants UMP. Le hall de l’aéroport Roland-Garros a connu une affluence inhabituelle ce vendredi matin. Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-mer était attendue par des dizaines de personnes. Certains se sont rassemblés à l’appel des syndicats (SGPEN-CGTR, UNSA, CFDT, FSU, SAIPER), du collectif “Agir pou nout tout” et du Parti socialiste. Les autres sont venus à l’invitation d’André Thien-Ah-Koon, député-maire UMP du Tampon et de la section UMP de Saint-Denis. L’ambiance est tendue. Il n’en faudrait visiblement pas beaucoup pour que les esprits s’échauffent.
Un très bref ralé-poussé a même opposé les deux camps. Les forces de l’ordre se sont interposées et les choses se sont calmées.
L’avion d’Air France est arrivé en milieu de matinée, mais Brigitte Girardin n’est pas sortie tout de suite dans le hall. Elle a d’abord rencontré la presse dans le salon d’honneur de l’aérogare. Las d’attendre, les manifestants opposés à la politique du gouvernement se sont mis à scander “libérez Girardin”. La tension est montée d’un cran lorsque le préfet est sorti dans le hall sans la ministre. En fait, il semble que le représentant de l’État soit venu en personne vérifier le dispositif de sécurité.
Brigitte Girardin est finalement arrivée. Sous les huées de ses opposants, elle est immédiatement allée saluer les militants UMP. Le hall résonnait longtemps des cris de joie et de colère. Serrée de près par les policiers, la ministre a traversé la foule de ses partisans avant de se diriger vers ses opposants. Au nom du collectif “Agir pou nout tout”, Jean-Hugues Ratenon a une fois de plus questionné la représentante du gouvernement sur le devenir des salariés en emploi précaire. "Nous avons eu un échange courtois", a ensuite commenté Brigitte Girardin. "J’ai rappelé qu’à ma demande, l’État a décidé uniquement pour les DOM de maintenir le niveau des aides allouées au financement des emplois précaires", notait-elle, "mais il est évident que l’objectif n’est pas de maintenir ces emplois précaires. L’objectif est de faire en sorte que toutes ces personnes soient formées et aidées pour obtenir un emploi stable". À la question de savoir quels moyens le gouvernement comptait mettre en œuvre pour parvenir à cet objectif, elle répondait : "il existe déjà tout un train de mesures et elles ont déjà permis de créer 7.000 emplois durables. Il faut maintenant nous mobiliser pour poursuivre dans cette voie".
Fortes pluies oblige, une bonne partie de son programme initial a été annulée. Elle n’a donc pas visité le chantier du basculement des eaux - la piste a été emportée -, ni celui de la route des Tamarins. Brigitte Girardin a donc déjeuné au Conseil général avec des représentants du monde économique. Elle a ensuite assisté, au Conseil régional, à la clôture des travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC - voir article par ailleurs). En milieu d’après-midi, elle a rendu visite à des familles de Sainte-Anne dont les maisons ont été inondées. C’est par une rencontre au Conseil général sur l’Europe que la première journée de visite s’est terminée.
Aujourd’hui, Brigitte Girardin devrait se rendre dans l’Est et le Sud de l’île pour des visites de chantier notamment. Mais sa journée devrait commencer un peu plus tôt. L’Intersyndicale a en effet appelé à manifester devant la préfecture dès 8 heures. La ministre de l’Outre-mer se rendra dans les Îles Éparses demain dimanche, et lundi. Elle sera de retour à La Réunion mardi où elle inaugurera notamment l’opération de résorption de l’habitat insalubre de Saint-Bernard à La Montagne (Saint-Denis).


Référendum sur le traité européen

Brigitte Girardin en campagne pour le “oui”,
Jean-Claude Fruteau est dans ses pas

Hier après-midi au Conseil général et hier soir sur Télé-Réunion, on a eu clairement la confirmation de ce que “Témoignages” avait annoncé concernant la visite de Brigitte Girardin : la ministre a bel et bien fait de cette visite dans notre île le lancement de la campagne électorale de l’UMP en faveur du “oui” au prochain référendum sur le projet de Constitution européenne.
C’est ainsi qu’au Palais de la Source, Brigitte Girardin a tenu une conférence sur l’Europe, au cours de laquelle elle a défendu le projet de traité européen élaboré sous la direction de Valéry Giscard d’Estaing. La ministre a tenté de faire croire que ce projet de Constitution offrira davantage de garanties et d’aides aux populations des Régions d’outre-mer pour développer durablement leur pays. Or il suffit de penser au projet de réforme de l’OCM-sucre pour savoir qu’il n’en est rien.
Malgré les nombreuses critiques et inquiétudes exprimées par des élus et par des représentants d’organisations socio-professionnelles sur ce texte privilégiant la loi du marché, le député socialiste au Parlement européen, Jean-Claude Fruteau, a plaidé dans le même sens que la ministre UMP. Au nom du Parti socialiste, il a utilisé les mêmes arguments que Brigitte Girardin pour appeler les électeurs à voter “oui” à une Europe ultra-libérale.


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