Crise en Europe

La mobilisation espagnole s’intensifie

21 juillet 2012, par Céline Tabou

Depuis mai 2011, des centaines de milliers d’Espagnols manifestent contre les mesures d’austérités débutées au cours de la mandature socialiste de José Luis Zapatero pour perdurer aujourd’hui, sous le mandat à droite de Mariano Rajoy.

Las d’être les victimes d’un système capitaliste, les Espagnols ont décidé depuis 2011 de se mobiliser et de lutter contre « les agressions faites au peuple » par des mesures d’austérités qui ont entraîné la diminution des salaires dans le public et le privé et des suppressions massives d’emploi dans la Fonction publique.

Le mouvement des Indignés prend naissance

L’Espagne a été le premier pays d’Europe a avoir lancé le Mouvement des Indignés, destinés à manifester pacifiquement contre les plans de rigueur mis en place par les gouvernements successifs. Les participants de ce mouvement spontané proposent une nouvelle démocratie, à travers une série de réformes destinées à transformer le système économique et financier, lutter contre l’austérité, lutter contre la corruption, réformer les systèmes politiques et notamment exiger et créer de véritables démocraties. Après plus d’une vingtaine de manifestations organisée et spontanée, qui a rassemblé des centaines de milliers d’Espagnols dans plus d’une cinquantaine de villes du pays, les Espagnols ont décidé de mener la lutte jusqu’au bout.

"Non" à un nouveau plan de rigueur

Sous les bannières “NO” ou “Si tu veux gagner, lutte sans relâche”, les espagnols ont manifesté dans près de 80 villes du pays pour dénoncer les nouvelles mesures prises par Mariano Rajoy. Dans cette marée humaine, les journalistes de l’Agence France Presse ont entendu l’un des mots d’ordre, « Mains en l’air, c’est un hold-up », qu’hurlait la foule. En réponse aux mots d’ordre des syndicats ou des "Indignés", ou aux alertes sur les réseaux sociaux, des millions d’Espagnols de tous les secteurs de la société se rassemblent quotidiennement dans les rues. Vêtus de tee-shirts jaunes des fonctionnaires de la Justice, verts de l’Éducation ou les blouses blanches des infirmières, ces derniers ont été rejoints par les architectes, sous une banderole "Non à la précarité", les chercheurs, avec une pancarte "moins de science, plus de pauvreté", ou encore le monde du spectacle, promenant un mannequin noir pendu avec l’inscription "théâtre public exécuté". D’après “L’Humanité”, les policiers étaient en chemises noires, les pompiers casqués, ont emmené avec eux la maquette géante d’un hélicoptère rouge sur un chariot. "Ils dévalorisent notre travail, qui est un travail dur. Nous devons descendre dans la rue. Pompiers, balayeurs, infirmiers, pour dire ’assez’", résume Manuel Amaro, un pompier de 38 ans, au quotidien.

Un plan drastique

Depuis 2010, l’Espagne subit son quatrième plan de rigueur d’ampleur avec des coupes dans les dépenses et des réformes structurelles, visant à rendre plus flexible le marché du travail ou visant à réduire les effectifs de l’administration. Soumis donc à d’importants sacrifices dans un pays en récession depuis plusieurs années, les Espagnols sont étranglés par un taux de chômage de près de 25%, une baisse du pouvoir d’achat, une hausse de la TVA, la suppression cette année de la prime de Noël pour les fonctionnaires et une baisse des indemnités chômage, les Espagnols ont dit « basta ». Le plan annoncé le 11 juillet par le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, doit répondre aux conditions de Bruxelles d’économiser 65 milliards d’euros jusqu’en 2014, via ces mesures. Ces exigences européennes sont la contrepartie à une aide financière de l’Union européenne, du Fonds Monétaire international et de la Banque Centrale européenne.
« Nous ne pouvons rien faire d’autre que de descendre dans la rue. J’ai perdu entre 10% et 15% de mon salaire depuis quatre ans. Et les nouvelles mesures ne serviront pas à résoudre la crise », s’est indignée Sara Alvera, fonctionnaire de 51 ans à la Cour des comptes, à l’AFP. D’après un autre manifestant, le gouvernement fait « le contraire de ce qu’ils ont annoncé dans leur programme ».


La police tire encore sur les manifestants

Les manifestants se sont rassemblés dans 80 villes du pays, notamment Madrid, Barcelone, Léon ou Bembibre, où les mineurs avaient manifesté durant des jours contre leurs conditions de travail. À Madrid, la police espagnole a chargé et tiré sur les manifestants avec des balles en caoutchouc jeudi 19 juillet à Madrid à la fin de la grande manifestation. Les forces de l’ordre ont chargé des petits groupes de manifestants et les ont battus avec des bâtons pour les disperser. Des journalistes présents sur place, les manifestants tentaient de quitter le secteur de la Puerta del Sol, au centre de la capitale, pour rejoindre le Parlement. De leur côté, les manifestants ont riposté en lançant des objets divers, notamment des bouteilles.


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