À moins de 100 jours de la conférence de Paris

La nouvelle route du littoral face à « l’exemplarité écologique » de la COP21

14 septembre 2015

Jeudi dernier, l’Elysée accueillait l’événement de lancement de la COP21. Intitulée « En avant la COP21 », cette journée a présenté les actions prévue par le pays organisateur de la conférence des Nations-Unies sur le changement climatique. Elle a confirmé que la France place la COP21 sous le signe de l’exemplarité écologique avec en particulier la priorité aux transports en commun. Cette orientation se situe à l’opposé du projet de route en mer à La Réunion qui est pourtant soutenu par le même gouvernement. Cette contradiction pourra-t-elle se régler dans les 100 jours, ou la NRL sera-t-elle une des attractions de la COP21 ?

L’argent promis par l’État pour faire un train a été transféré sur un projet de route en mer de 12 kilomètres. Cela ne réglera pas le problème des embouteillages, bien au contraire.

Du 30 novembre au 11 décembre, la France organisera la COP21. Ce sera la plus grande conférence internationale organisée dans ce pays. Elle aura pour objectif la signature d’un nouveau traité international qui devra remplacer le Protocole de Kyoto. L’enjeu est considérable. Il s’agit de limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter l’augmentation de la température moyenne de la Terre à +2 degrés par rapport à l’époque préindustrielle, soit le milieu du 19e siècle. Ce capital est déjà bien entamé. Le futur traité devra aussi garantir des financements pour que les victimes du réchauffement climatique puissent avoir des moyens de s’adapter. Tout cela constitue ce que la France appelle « l’Alliance de Paris pour le climat ».

La COP21 a fait l’objet de deux séquences la semaine dernière. Tout d’abord, pendant sa conférence de presse mardi, le président de la République a montré un certain pessimisme. Le niveau actuel des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne garantit pas de limiter à 2 degrés la hausse des températures. D’où l’évocation d’un risque d’echec, et la multiplication des actions diplomatiques pour tenter de faire changer les points de vue.

« Priorité donnée aux transports en commun… »

Jeudi, la COP21 était le temps fort de la communication présidentielle à 100 jours de son ouverture. Outre François Hollande, plusieurs ministres et les responsables de l’organisation de la COP21 étaient présents pour une journée spéciale à l’Elysée, intitulée « En avant la COP21 ». Une visite virtuelle du site du Bourget a été ainsi présentée. Le centre de conférence accueillera en particulier une salle de plénière capable d’accueillir 2000 personnes et qui sera totalement démontable et réutilisable. C’est une illustration d’un mot d’ordre donné pour l’organisation de la COP21 : l’exemplarité écologique.

Le dossier de presse remis à cette occasion donne un contenu à ce concept : « La France entend montrer l’exemple en organisant une conférence éco-responsable fondée sur l’économie circulaire : zéro déchet, zéro gaspillage ; un vaste dispositif de tri ; du papier 100 % recyclé et recyclable ; le moins de plastique possible ; la priorité donnée aux transports en commun… »

40.000 personnes sont attendues dans un lieu de conférence vaste de 18 hectares, où les déplacements se feront en minibus électriques. Pour renforcer l’attractivité des transports collectifs, les réseaux d’Île-de-France augmenteront leur capacité de 70.000 places. Force est de constater qu’à aucun moment, l’exemplarité écologique ne cite un élargissement de routes existantes, ou la promotion d’automobiles à pétrole.

Des crédits pris sur le projet de train

À La Réunion, cette orientation entre en contradiction avec le projet de route en mer à 6 voies voulu par Didier Robert. Pour arriver à monter un financement de 1,6 milliard, l’argent a été obtenu par le basculement des crédits prévus pour la construction d’un train. Cette décision avait été prise quand Nicolas Sarkozy était président de la République. Puis le gouvernement actuel a donné à la Région Réunion des dérogations pour passer outre l’avis négatif du Conseil national de la protection de la Nature. Un nouveau scandale se prépare avec l’annonce de l’importation de dizaines de milliers de tonnes de roches de Madagascar. C’est un très grand risque sanitaire et environnemental pour essayer de mener à bien le chantier d’une route de 12 kilomètres.

Le projet de Didier Robert est donc bien loin de correspondre à « l’exemplarité écologique ». Cette contradiction pourra-t-elle se régler dans les 100 jours, ou la NRL sera-t-elle une des attractions de la COP21 ? En plus d’être au cœur de la campagne des régionales, la route en mer s’apprête donc à avoir une renommée mondiale.

A la Une de l’actuRoute du littoralAccord de Paris sur le climat

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