Budget : Gel de 7 milliards d’euros

La peau de chagrin se rétrécit encore

22 avril 2004

Nicolas Sarkozy, le ministre des Finances, vient de demander à tous les ministres de ’geler” 4 milliards de crédits votés au budget de l’État pour 2004, et de bloquer 3 milliards de crédits non consommés en 2003. L’Outre-mer va être sollicité. Pour quel montant ? Et avec quelles conséquences sur la vie économique, sociale et culturelle de nos pays ?

Nicolas Sarkozy a annoncé à ses ministres, dans une lettre que l’on dit "très sèche" que les économies devaient être recherchées "sans tabou". Pourtant, il se garde bien, lui, d’employer les mots “rigueur” ou “austérité”... car tabou.
Ces économies devront se faire dans tous les ministères, (défense, sécurité, justice compris), dans tous les lignes budgétaires. Précision de Gilles Carrez, rapporteur général (UMP) du budget à l’Assemblée, "tout le monde est concerné, au prorata des crédits. Les “gros ministères” (notamment éducation nationale ou affaires sociales) devraient donc contribuer très fortement... Des problèmes vont se poser, comme au ministre de la Culture sur le dossier de l’indemnisation chômage des intermittents du spectacle.
Et bien sûr, au Ministère de l’Outre-mer. Lequel avait un budget “peau de chagrin”, en net recul par rapport aux années précédentes, quoi que la locataire de la rue Oudinot en dise. Ce budget va encore être “au régime sec” : que va-t-il se passer pour le FEDOM ? pour la dotation de continuité territoriale ? pour les aides à la construction ? pour le passeport mobilité ? ou le passeport logement ? Quelle sera, en fait, la part totale des restrictions pour le Ministère de l’Outre-mer ? Réponse dans moins de 10 jours.
L’actuel locataire de Bercy va encore plus loin que son prédécesseur, Francis Mer, qui n’avait voulu, lui, ne geler que 4 milliards d’euros. En effet, il s’attaque aussi aux crédits “non consommés” du budget 2003 à concurrence de 3 milliards. Le tout ayant pour objectif de "ne pas dépenser un euro de plus que le montant voté par la représentation nationale" (soit 283,7 milliards d’euros).
Ce qui représente donc une “économie” totale de 7 milliards d’euros. Le ministre espère que cela va satisfaire la Commission européenne qui entend bien que le gouvernement respecte son engagement de ramener le déficit à 3,6% du PIB.

Exceptions...

Un tour de vis supplémentaire qui devrait "permettre de faire face aux dépenses supplémentaires d’ores et déjà engagées et de financer les besoins nouveaux que justifieraient des aléas éventuels". Autrement dit les allégements de charges consentis aux restaurateurs (une somme estimée à quelque 500 millions d’euros pour la seule année 2004), à la suspension de la réforme de l’allocation spécifique de solidarité (coût estimé à 170 millions d’euros), à l’aide accordée aux buralistes ( coût chiffré à 150 millions), au dégrèvement de taxe professionnelle.
Selon les premières informations données, tous les ministères devraient être concernés, avec, toutefois, un effort moindre pour ceux qui ont la responsabilité des “grands chantiers” du président Chirac : la lutte contre le cancer, la sécurité routière, les handicapés. Mais cela ne représente pas de grosses sommes puisque ces actions, en effet, ne pèsent que très peu dans le budget général global.

L’œil de Bercy

Les ministres ayant reçu cette missive, il ne leur reste qu’une dizaine de jours pour renvoyer à l’expéditeur (Bercy) leurs propositions d’économies, poste par poste. Et Nicolas Sarkozy ne fait pas dans la dentelle : "Dans l’attente de votre proposition, le contrôleur financier procédera à une répartition forfaitaire", écrit-il.
En clair, il demande à chacun de ses “agents” dans les ministères, ceux que l’on surnomme “l’œil de Bercy”, de veiller au grain. Et de faire les choses comme Bercy l’exige. Sans que les ministres aient leur mot à dire...
C’est beau, la démocratie, selon Sarkozy... "Pour se renforcer, la croissance a besoin d’être allégée du poids trop lourd des dépenses publiques. Nous savons que vous partagez cette conviction", conclut-il dans sa lettre à ses collègues.

D. B.


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