APRÈS LA NOMINATION DU GOUVERNEMENT VILLEPIN

’La population a su faire entendre la voix du peuple’

15 juin 2005

Interrogée par “Témoignages”, Laetitia Marchais d’ATTAC-Réunion nous a fait parvenir le point de vue de son organisation sur la déclaration de la politique générale du Premier ministre.

(page 4)

"La victoire du “non” au référendum a été largement analysée comme un refus par la majorité de la population de la politique néo-libérale mise en œuvre par l’Europe et qui devait être scellée par le projet de Constitution. Le “front du refus” est en effet composé d’une répartition sociale sans appel : 81% de “non” chez les ouvriers, 79% chez les chômeurs, 60% chez les employés, alors que le vote n’a été majoritaire pour le “oui” que chez les cadres et les professions intellectuelles (62%), les jeunes ayant aussi rejeté majoritairement le Traité (59% des 18-24 ans). Si l’objet d’un référendum populaire est de répondre aux attentes des votes démocratiquement exprimés, ce découpage socioprofessionnel doit incontestablement orienter les politiques à venir. Les classes populaires et moyennes, et les jeunes ont ainsi clairement exprimé que le social devait prendre le pas sur la concurrence libre et non faussée. Tel ne semble pas être le chemin suivi par le nouveau gouvernement. En effet, après une annonce fortement médiatisée du Premier ministre sur les 100 jours pour la bataille pour l’emploi, force est de constater que les vieilles recettes ont la vie dure : exonérations de charges sociales, déréglementation et précarisation (2 années de mise à l’épreuve avant un CDI), réduction des dépenses de l’État par la suppression de postes de fonctionnaires... Cette politique libérale a été appliquée en France depuis plus de 20 ans avec les résultats que l’on connaît : 10% de chômage au niveau national et plus de 30% à La Réunion. En 2004, l’État s’est privé ainsi de plus de 21 milliards d’euros en exonérations diverses. Cette somme aurait pu se traduire par la création de plus de 550.000 emplois définitifs sur la base d’un salaire moyen de la fonction publique sans parler des emplois que ceux-ci auraient induit. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) qui ne passe pas pour être un organisme anti-libéral affirmait elle-même qu’une politique de déréglementation n’était pas un élément déterminant en termes de concurrence internationale. Aujourd’hui on sait que les jeunes fraîchement diplômés ou non passent déjà d’un stage à l’autre, souvent pendant plusieurs années, avant d’être dans le meilleur des cas embauchés définitivement. Visiblement, les partis de gouvernement n’ont pas pris la mesure de la maturité politique de la population qui malgré une campagne médiatique honteusement déséquilibrée en faveur du “oui” a su faire entendre la voix du peuple. En effet, sur les pas de 2002 et de la lutte contre la fracture sociale qui n’a jamais vu le jour, le gouvernement continue d’avancer sur les projets de déréglementation et de flexibilité du MEDEF, au lieu de souscrire à des changements en profondeur tels que redistribution par la fiscalité, taxation des capitaux, freins à la spéculation, développement d’une économie sociale et solidaire... et surtout mise en place d’une réelle démocratie participative qui prolongerait ce référendum qui a su relancer des débats en profondeur sur le sens politique. Une telle négation des attentes doit nous renforcer à poursuivre la dynamique lancée par la campagne référendaire en tout point exemplaire. Nous devons nous regrouper au niveau des associations (chômeurs, altermondialistes...), des syndicats de salariés et des partis qui refusent les concessions au libéralisme, afin de construire un autre monde plus juste. C’est ce que poursuivra ATTAC Réunion".

ATTAC Réunion


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