Dans 5 jours, le débat sur la réforme institutionnelle

La pression monte autour des 7 députés

13 février 2013, par Manuel Marchal

Les manifestations des jeunes ont continué lundi. C’est la mobilisation pour obtenir par la lutte les emplois subventionnés. Hier, le gouvernement a confirmé que les collectivités devront subir une baisse supplémentaire de la dotation versée par l’État en 2014 et 2015. Cela va compliquer la participation des collectivités au traitement social du chômage. Quelles sont les propositions institutionnelles des députés pour éviter la paralysie ? Dans cinq jours, la pression sera si grande qu’ils devront parler.

Manifestation de jeunes à Saint-Pierre. En ce début d’année 2013, les jeunes se sont levés contre un système qui ne leur donne aucune perspective. (photo Toniox)

Lundi à Saint-Louis et à Saint-Benoît des jeunes ont de nouveau manifesté pour l’emploi.
Cela fait maintenant un an que la jeunesse s’était levée contre les injustices. À l’époque, le pouvoir avait utilisé la répression. Des dizaines de jeunes étaient arrêtés, et jetés en prison pour de longs mois. Les institutions tremblaient, elles ont tenté de calmer la population par le versement de subvention pour geler ou faire baisser les prix.
C’est alors qu’a débuté la campagne de l’élection présidentielle, suivie par les législatives.
Un mois après la présidentielle, la campagne des législatives allait voir fleurir les promesses d’embauche. Plusieurs candidats de la majorité présidentielle n’ont pas hésité à mettre en avant les contrats d’avenir comme le moyen de donner du travail aux jeunes tout de suite. Des élus municipaux ont été complices de ces mots d’ordre. L’état de grâce des nouveaux députés n’allait pas durer longtemps, puisque deux mois plus tard, des jeunes barraient la route à Bellepierre, un quartier de Saint-Denis, la ville aux deux députées. Ils affirmaient que des emplois leur avaient été promis pendant la campagne, et ils demandaient le respect de la parole donnée. Quelques jours plus tard, la Mairie de Saint-Denis leur attribuait une dizaine d’emplois. Il s’en suivit une période plus calme.

Où sont les emplois ?

Tout s’est ensuite accéléré après les Fêtes. En effet, cela fait déjà plusieurs mois que la loi créant les emplois d’avenir est votée. Les jeunes s’impatientent : où sont donc les contrats ? C’est Saint-Benoît qui allait lancer le signal de la révolte. Puis des jeunes de Saint-Denis sont entrés dans la lutte, imités peu après par ceux de Saint-Louis, de Saint-Pierre, de Saint-Paul. À chaque fois, les jeunes ont demandé des comptes aux élus : où est le changement ?
À Saint-Louis, le pouvoir a de nouveau utilisé la répression. Deux jeunes sont arrêtés. Un a été condamné à 10 mois de prison fermes pour avoir coupé des arbres. L’enfermement d’un jeune ne fait pas disparaître le problème de fond.
D’autres jeunes de Saint-Louis et de Saint-Benoît ont de nouveau manifesté pour l’emploi lundi.
Ils revendiquent le droit à un travail, le système est incapable d’y répondre. Ils savent également que la lutte est le meilleur moyen d’y parvenir, car le nombre de contrats est notoirement insuffisant, il couvre à peine 20% des demandes potentielles.
Le maximum que l’État puisse faire à l’heure actuelle en direction des jeunes, c’est de subventionner un peu plus de 1.000 euros pendant trois ans les salaires de 5.000 jeunes payés au SMIC, à condition que l’employeur puisse trouver les 700 euros restants pendant 36 mois, puis soit ensuite capable de payer 100% du salaire jusqu’à la retraite.

Les effets du traité européen

À La Réunion, les cibles de plusieurs députés représentant le gouvernement, ce sont les collectivités. Elles sont accusées de compromettre la réussite des emplois d’avenir, et donc de favoriser le maintien des jeunes dans le chômage.
Ce que ne disent pas ces députés, c’est que dans un contexte financier tendu, les collectivités vont avoir à faire face à partir de 2014 à de nouvelles restrictions de la part de l’État. C’est ce qu’ont confirmé hier trois ministres, dont celui du Budget (voir encadré).
Voilà donc clairement ce que l’État propose aux potentiels employeurs des emplois d’avenir : une baisse des subventions versées aux partenaires d’un projet du gouvernement. Si l’État agit de la sorte, ce n’est pas pour régler un compte avec d’autres institutions. C’est parce qu’il doit rapidement respecter sa signature au bas d’un traité européen qui l’oblige à réduire ses déficits. Il cherche donc des économies partout, aussi bien dans ses administrations que dans celles des collectivités.

Quelles propositions ?

À La Réunion, ces restrictions imposées aux collectivités ont un impact encore plus grand. Elles vont en effet réduire les marges de manœuvre qui permettaient aux collectivités de prendre la plus grande part des politiques publiques de traitement social du chômage. C’est la marche inéluctable vers l’écroulement d’un système qui prive les Réunionnais du droit d’être responsable, notamment dans le choix des politiques de l’emploi.
L’enjeu est alors de rechercher un nouveau mode de fonctionnement pour notre société, plaçant les Réunionnais au centre des responsabilités. Dans cinq jours, l’Assemblée nationale débattra de la réforme institutionnelle. L’institution est en effet un élément qui accélère la restructuration d’une société. Au Sénat, Paul Vergès a rappelé les propositions de son parti : réforme institutionnelle lancée par le gouvernement, consultation de la population en sachant que le PCR soutient la création d’une collectivité unique.
Mais à cinq jours du débat à l’Assemblée, aucun des sept députés n’a fait part de la moindre proposition. La crise s’aggrave chaque jour, et dans cinq jours, il faudra bien qu’ils parlent, car ils n’arriveront pas à résister à la pression.

M.M.

Communiqué de l’Association des petites villes de France

La confirmation de la baisse supplémentaire des dotations de l’État

La nature de l’information donnée le 8 février dernier par "les Echos" se confirme. Les subventions versées aux collectivités devaient baisser de 2,5 milliards en 2014-2015, des coupes supplémentaires seront opérées.

A la suite de l’annonce officielle par les ministres Jérôme Cahuzac, Marylise Lebranchu et Anne-Marie Escoffier, lors de la séance du Comité des finances locales du 12 février, de la baisse supplémentaire des dotations de l’Etat aux collectivités locales, l’Association des petites villes de France craint les multiples conséquences économiques pour les petites villes.

L’effort demandé par le gouvernement aux collectivités locales est sans précédent. Il est justifié par une situation exceptionnelle. La concertation doit se poursuivre entre les associations d’élus et les ministres responsables. L’APVF fera valoir la situation particulière dans laquelle les petites villes risquent de se trouver. Leurs budgets sont faibles et sans élasticité. Leurs investissements dépendent largement des soutiens que leur apportent les départements et les régions. C’est donc la double peine qui les menace et nous ne manquerons pas d’appeler l’attention du Gouvernement.

C’est pourquoi l’APVF demande un renforcement du dialogue et de la concertation avec l’Etat, ce qui va dans le sens du pacte de confiance et de solidarité souhaité par le Gouvernement. Ce nouvel effort financier, certes indispensable au redressement des comptes publics, doit s’accompagner de nouveaux dispositifs fiscaux et de solidarité permettant aux collectivités locales de retrouver des marges de manœuvre financière.

Luttes pour l’emploiA la Une de l’actuImpasse du modèle

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus