La Région et la loi-programme

La priorité : créer des emplois durables

4 octobre 2007, par Manuel Marchal

Ne pas diminuer les emplois aidés et les pérenniser, en les faisant participer à la création des services publics de l’aide à la personne et de l’environnement ; cibler les efforts sur des secteurs stratégiques porteurs de dizaines de milliers d’emplois : telle est la proposition de la Région pour la loi-programme.

Paul Vergès a fait part de son point de vue sur les enjeux de la prochaine loi-programme. Il a tout d’abord rappelé les éléments « concrets et acquis ». C’est tout d’abord le contrat de projet État-Région pour la période 2007-2013. Ce sont ensuite les Programmes opérationnels européens 2007-2013 négociés avec l’État et l’Europe. C’est enfin le Protocole de Matignon, signé avec le Premier ministre, qui contractualise le financement de deux grands chantiers : le tram-train qui sera inauguré en 2013 et la nouvelle route du Littoral, dont la mise en service est prévue en 2017. Tout cela représente un total de plus de 4 milliards d’euros.
Autre élément : le vote du prochain budget. Les chiffres connus montrent un tassement des crédits, et une baisse du financement des emplois aidés.
Paul Vergès note également des « décisions qui vont être prises ». En ce moment, se déroule la réunion des présidents des Régions Ultrapériphériques à Madère. Par ailleurs, la signature des Accords de partenariat économique approche, avec des conséquences pour La Réunion (voir encadré).

Créer deux grands services publics

Ceci dit, la prochaine loi-programme doit tenir compte d’une réalité : 285.000 Réunionnais relèvent des minima sociaux. Ce qui souligne « la nécessité d’avoir à La Réunion des emplois à caractère social ». À titre d’exemple, Paul Vergès rappelle que 120.000 Réunionnais sont illettrés. Pour combattre ce fléau, « un effort considérable doit être fait » pour aider les enfants à s’éveiller en prenant en compte leur langue maternelle. Des enseignants qui maîtrisent le créole pourront favoriser l’épanouissement de ces jeunes. Ce sont autant d’emplois qui peuvent être aidés par l’État, ajoute le président de la Région.
L’aide aux personnes âgées peut être aussi l’occasion de créer un grand service public d’aide à la cohésion sociale. Tout comme la sauvegarde et la valorisation de l’environnement peut aussi être un moyen de pérenniser des milliers d’emplois par la création d’un autre grand service public.
Paul Vergès met également en évidence d’autres secteurs prometteurs. Le séminaire RUPMER a ainsi démontré que la pêche peut créer 15.000 emplois.
Quant aux professionnels des énergies renouvelables, ils estiment aussi à 15.000 me nombre d’emplois possibles en quelques années dans cette industrie.
Enfin, les TIC représentent aujourd’hui 3.500 emplois, alors que le coût des communications est bien plus important à La Réunion qu’en France. L’égalité numérique ne pourra qu’amplifier ce dynamisme, ainsi que l’ouverture sur l’environnement régional.

Clarification demandée

Le président de la Région met l’accent sur une convention avec le gouvernement de Madagascar pour prolonger le câble SAFE vers la Grande île. Il souligne aussi la mise en place de plusieurs autres câbles transocéaniques dans la région. Présente au carrefour de ces autoroutes de l’information, La Réunion a la possibilité de créer des milliers d’emplois dans les TIC.
Maintenir le niveau des emplois aidés et les rendre efficaces en les inscrivant dans la création de deux grands services publics réunionnais, d’une part, et d’autre part, concentrer les efforts sur des secteurs stratégiques - agro-alimentaire, énergies renouvelables, tourisme et TIC-, telle est la position de la Région par rapport à la loi-programme. Et de demander au gouvernement une clarification sur cette question.

Manuel Marchal


L’importance des Accords de partenariat économique

Les pays ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) demandent à l’Union Européenne de remettre en cause l’Octroi de mer. Or, cette mesure fiscale est un élément essentiel du financement des communes de l’île.
Cette demande a lieu dans le cadre des négociations des Accords de partenariat économique (APE) entre ces pays et l’Union Européenne. Ce sont ces Accords qui détermineront les conditions de l’intégration de La Réunion à la mondialisation ultra-libérale. La Ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer, Michèle Alliot-Marie, se rend d’ailleurs à Bruxelles pour discuter de ces APE à deux mois de leur signature, relève Paul Vergès. Toujours dans le cadre des APE, prenant acte des difficultés à négocier, les îles de l’Océan Indien veulent s’unir et faire un groupe à part. La Réunion est invitée par ces pays à faire partie de ce groupe, et elle est invitée à une rencontre le 10 octobre aux Seychelles pour participer aux discussions. Mais elle ne peut y aller que comme représentante du gouvernement. Quelle sera la position du gouvernement sur cette question ?

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer Les atouts de La Réunion

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