89ème Congrès des maires

La prise en compte des spécificités des DOM

7 décembre 2006

Le Congrès des maires s’est achevé, il y a une dizaine de jours. Plus de 13.000 maires y ont participé du 21 au 23 novembre, soit 12% de fréquentation en plus que l’année 2005, d’après l’Association des maires de France.
Ce fut un événement important sur lequel nous revenons aujourd’hui. Car, les maires d’Outre-mer étaient également présents à ce Congrès, une journée leur était d’ailleurs consacrée ainsi qu’une rencontre avec le Ministre de l’Intérieur.
Nous avons interrogé quelques maires réunionnais pour nous dire - avec la distance du temps - ce qu’ils ont retiré de ce Congrès et des diverses rencontres qu’ils ont faites.

Les maires de La Réunion ont participé, comme leurs collègues métropolitains, au 89ème Congrès des maires, une véritable mine d’idées pour l’administration des villes. Didier Robert, Maire du Tampon, y était. Il a accepté de nous faire part de ce qu’il a retenu de ces rencontres.
« Le Congrès qui s’est tenu à la Porte de Versailles était plus riche que celui de l’année précédente, avec des exposants de qualité, souligne le maire du Tampon. Vu l’ampleur de ce congrès, il était difficile de faire le tour des questions qui touchent une ville, que ce soit le social, le sport, le culturel, la communication... C’est pourquoi j’ai associé à ce congrès d’autres acteurs de la commune du Tampon.
Personnellement, j’ai apprécié l’intervention du Président de la République et celle du Ministre de l’Intérieur, notamment en ce qui concerne le maintien du calendrier électoral municipal pour 2008 ».
Didier Robert a été particulièrement attentif aux problèmes des Départements d’Outre-mer évoqués le lundi. Il est ressorti de cette journée consacrée à l’Outre-mer l’affirmation marquée de vouloir prendre en compte les spécificités des DOM par rapport à la Métropole, mais aussi entre eux. Celles de La Réunion qui est pour une véritable intégration à la Métropole et qui évolue dans un bassin économique avec des pays émergents.
« J’ai retenu l’idée d’un élargissement des zones franches pour les Départements d’Outre-mer et l’amélioration de la continuité territoriale pour les passagers et pour le fret, avec l’enjeu des prix des billets d’avion », a souligné le Maire du Tampon.

« Le maire d’Outre-mer est un protecteur, un arbitre, un guide »

Pour les maires d’Outre-mer, le congrès s’est clôturé avec une invitation de Nicolas Sarkozy. Jeudi dernier, le Ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire organisait une réception à l’attention des maires de l’Outre-mer à l’Hôtel de Beauvau. Nicolas Sarkozy a d’abord souligné le rôle essentiel des maires dans l’Outre-mer. « Vous n’êtes que 210 maires dans tout l’Outre-mer pour administrer une population de plus de 2,4 millions d’habitants vivant dans 9 territoires isolés. Pourtant, a-t-il souligné, le maire est, en Outre-mer plus qu’ailleurs encore, la pierre angulaire de la vie sociale. On attend de lui qu’il résolve tous les problèmes dans les domaines de la sécurité, des infrastructures, du logement et de l’emploi. Le maire est aussi celui qui maintient le lien social, qui est proche des familles pour les événements heureux comme pour les événements malheureux. C’est celui à qui l’on demande d’être à la fois le protecteur, un arbitre et un guide ».
C’est cette proximité des maires avec la population qui intéresse Nicolas Sarkozy pour son projet de loi sur la délinquance. « C’est la raison pour laquelle, a-t-il déclaré aux maires, vous êtes au cœur du dispositif de prévention de la délinquance qui fait l’objet d’un projet de loi actuellement en cours d’examen au Parlement ». Un projet de loi qui peine à rallier les maires, même Outre-mer.
Pour Patrick Lebreton, Maire de Saint-Joseph, donner au maire un pouvoir répressif en lui permettant de suspendre les Allocations familiales pour les parents de délinquants, c’est la preuve du désengagement de l’Etat sur ses missions dites régaliennes.
« Ou alors, s’interroge Patrick Lebreton, Nicolas Sarkozy cherche-t-il à récupérer des voix du Front national à l’approche d’échéances électorales importantes pour lui ? ».
Pour le Maire de Saint-Joseph, la délinquance est un problème réel qui nécessite des solutions concrètes. Chacun a son rôle à jouer. Celui du maire est important car il est proche de la population. Il est à l’écoute et a conscience des problèmes rencontrés par les jeunes et leurs familles. Des problèmes qui ont des origines diverses : augmentation du nombre de familles monoparentales...
« J’accepte, en tant que maire, d’être le pivot d’un dispositif préventif, mais non d’un dispositif répressif. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis. Le maire n’est pas un shérif, mais un animateur-coordonnateur. Les juges et les préfets, quant à eux, pourraient lutter plus efficacement contre la délinquance si leurs pouvoirs étaient accrus ».

E.P.


Nicolas Sarkozy « fermement » favorable au tram-train

Autre point de l’intervention du Ministre de l’Intérieur : l’affirmation de son soutien au projet de tram-train, « chantier emblématique » reconnu comme une alternative à la voiture, dans le sens du développement durable. « Nous avons souhaité que les contrats de projet 2007-2013 soient à la hauteur de l’ambition de la République pour l’Outre-mer et que cette ambition soit elle-même à la hauteur des défis. Les mandats remis en juillet aux préfets de région fixaient en moyenne l’effort de l’Etat à 343 euros par habitant dans les DOM contre 158 euros en moyenne nationale. L’État ajustera naturellement son investissement en fonction de l’issue des négociations actuellement en cours. Je pense en particulier à l’Ile de La Réunion où je soutiens fermement la prise en compte du chantier du tram-train, chantier emblématique des alternatives à la route et du développement durable outre-mer ».


Réaction de Patrick Lebreton, Maire de Saint-Joseph, au projet de loi de Nicolas Sarkozy sur la délinquance

« Le maire n’est pas un shérif »

Donner au maire un pouvoir répressif, en lui permettant de suspendre les Allocations familiales pour les parents de délinquants, n’est-ce pas là la preuve du désengagement de l’Etat sur ses missions dites régaliennes ?
Ou alors, Nicolas Sarkozy cherche-t-il à récupérer des voix du Front national à l’approche d’échéances électorales importantes pour lui ?
A mon sens, la délinquance est un problème réel qui nécessite des solutions concrètes. Chacun a son rôle à jouer. Celui du maire est important car il est proche de la population. Il est à l’écoute et a conscience des problèmes rencontrés par les jeunes et leurs familles. Des problèmes qui ont des origines diverses : augmentation du nombre de familles mono-parentales...
J’accepte, en tant que maire, d’être le pivot d’un dispositif préventif, mais non d’un dispositif répressif. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis. Le maire n’est pas un shérif, mais un animateur-coordonnateur.
Les juges et les préfets, quant à eux, pourraient lutter plus efficacement contre la délinquance si leurs pouvoirs étaient accrus.


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