Le PCR : pourquoi nous soutenons Marie-George Buffet

La relation de confiance, socle de l’engagement pour La Réunion

13 avril 2007

Les partis de l’Alliance soutiennent Ségolène Royal, à l’exception du PCR qui a choisi la candidate Marie-George Buffet pour le premier tour de la Présidentielle. Cette position suscite visiblement la surprise. C’est pourquoi, Elie Hoarau, Secrétaire général, a tenu à expliquer le choix du PCR. Au-delà de l’accord sur la plate-forme de l’Alliance, c’est la relation de confiance retrouvée avec le Parti Communiste Français qui est l’élément décisif de ce soutien. Une telle relation est pour le moment inexistante entre le PCR et le PS, notamment en raison de l’attitude des dirigeants de la fédération locale de ce parti. Leur hostilité à la plate-forme de l’Alliance (alors que Ségolène Royal l’a approuvée) relève d’une « manœuvre de division » totalement contraire à la logique de rassemblement du PCR. Or, c’est sur des bases saines que les intérêts de La Réunion pourront être défendus.

Elie Hoarau : « les conditions sont réunies pour accorder le soutien à Marie-George Buffet ».
(photo EP)

Si, au deuxième tour, on élimine le candidat qui paraît le moins apte à concrétiser les attentes des citoyens, au premier, on choisit le candidat en fonction de ses convictions. Le PCR a ainsi annoncé, mardi dernier, son soutien à Marie-George Buffet, candidate du Parti Communiste Français, pour le premier tour de la Présidentielle. Le PCR qui soutient la candidate PCF, voilà un choix qui semble susciter des interrogations. En effet, pourquoi ne pas suivre les autres partis de l’Alliance et soutenir Ségolène Royale, candidate donnée favorite par les sondages, et qui plus est, a validé la plate-forme de l’Alliance ? Ce vote ne serait-il pas plus utile que celui pour Marie-George Buffet ? « Non », déclare le PCR. « C’est notre devoir de parti politique de se positionner. Nous avons fait un choix sur la nuance, en fonction de la sensibilité politique, en tenant compte du programme, d’une part, et des relations entretenues avec le PCR », explique Elie Hoarau. Au premier tour, le PCR a donc choisi de soutenir une candidature qui a « rempli les conditions d’un clair soutien à la plate-forme de l’Alliance, qui n’a porté aucune attaque contre le parti et s’est engagée à en soutenir l’exécution quel que soit le choix du PCR et quel que soit le résultat de l’élection ». En 2005, Marie-George Buffet s’était aussi clairement positionnée contre la Constitution européenne et avait invité le PCR à s’exprimer sur ce sujet. Il existe aujourd’hui une relation de confiance rétablie entre le PCF et le PCR, ce qui fait dire à Elie Hoarau que les conditions sont réunies pour accorder le soutien à Marie-George Buffet, comme le PCR l’avait fait en 1981 avec Georges Marchais.
Si, par la suite, en 1988, le PCR s’était prononcé en faveur de François Mitterrand dès le premier tour, c’est parce que le candidat PS s’était expressément engagé sur « la revendication réunionnaise de l’égalité sociale ». Le PCR avait dû affronter les réactions négatives et critiques du PCF pour ne pas avoir soutenu le candidat communiste. Ce qui avait briser les bonnes relations entre les 2 partis. Marie-George Buffet a réussi à renouer avec le PCR, le choix de sa candidature en est le résultat. Cette bonne entente est l’assurance d’une mise en œuvre de la plate-forme de l’Alliance, dans l’intérêt des Réunionnais.
Ce soutien au premier tour, le PCR ne pouvait pas l’accorder à la candidate du PS, Ségolène Royal. Le “double langage” pratiqué par les dirigeants de la fédération locale du Parti Socialiste, les uns en accord avec la plate-forme de l’Alliance, les autres critiquant sa validation par la candidate, risque de pénaliser à l’avenir les intérêts des Réunionnais. Comment être sûr de pouvoir appliquer la plate-forme si des voix s’élèvent au sein même du PS ? « Certes, sur de nombreux points, Ségolène Royal apporte des réponses adaptées aux problèmes des Réunionnais », précise Elie Hoarau, mais les divisions au sein de la fédération locale contribuent à remettre en cause les engagements de la candidate PS. Ce qui conduit le PCR à s’interroger sur l’existence d’une stratégie locale du PS. « En 2007, les dirigeants de la fédération du PS mobilisent leurs forces dans une campagne de dénigrement permanent des objectifs de l’Alliance, concentrant l’essentiel de leurs attaques sur la personne de Paul Vergès. Le 19 janvier, Gilbert Annette, Jean-Claude Fruteau et Michel Vergoz ont violemment critiqué le protocole signé à Matignon (pour le tram-train et route du Littoral). (...) Jour après jour, les dirigeants de la fédération s’ingénient à démentir tout à la fois leur candidate et leur Premier secrétaire Gilbert Annette. Ainsi, pour le Député européen Jean-Claude Fruteau, la plate-forme de l’Alliance n’est qu’une tante bazar ».
Le PCR refuse cette manœuvre de division qui risque, à terme, de porter atteinte aux intérêts vitaux de La Réunion. « Nous constatons avec regret, déclare le PCR, que des intérêts personnels et politiciens sont à la base d’une tactique hégémonique compromettant les chances de leur candidate le 22 avril et le 6 mai, et risquant de provoquer pour longtemps la division de forces politiques se réclamant du jeu démocratique et progressiste ». Jean-Max Hoarau a, pour sa part, ajouté une précision non négligeable : « Le PCR a pris position en fonction de ses convictions, en tout cas pour le premier tour, et il n’est pas question de voter par peur », comme le spectre du 21 avril, qui a propulsé Jean-Marie Le Pen au second tour, pourrait y inciter.

Edith Poulbassia


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus