Le Parti communiste réunionnais interpelle François Fillon

La responsabilité des Réunionnais au cœur du débat

11 février 2017, par Manuel Marchal

Cinq jours après le succès de son 9e Congrès, le Parti communiste réunionnais tenait hier une conférence de presse afin d’interpeller François Fillon, à la veille de sa visite à La Réunion. Par la voix de Maurice Gironcel, secrétaire général du PCR, Yvan Dejean, porte-parole et Johnny Lagrange Backary, membre du Comité central, le PCR a annoncé avoir adressé une lettre ouverte au candidat à l’élection présidentielle.

Johnny Lagrange Backary, membre du Comité central du PCR, Yvan Dejean, porte-parole et Maurice Gironcel, secrétaire général.

À moins de 80 jours du premier tour de l’élection présidentielle, des candidats commencent à se rendre en visite à La Réunion. Jeudi, Jacques Nikonoff, candidat du Rassemblement pour la démondialisation, a tenu une conférence de presse. À partir d’aujourd’hui, c’est au tour de François Fillon, désigné par la primaire de la droite, d’être dans notre île pour trois jours. Il sera suivant le lendemain de son départ par l’arrivée de Nicolas Dupont Aignant. C’est la visite de l’ancien Premier ministre qui était principalement à l’ordre du jour de la conférence de presse tenue hier par le PCR, représenté par Maurice Gironcel, secrétaire général du PCR, Yvan Dejean, porte-parole et Johnny Lagrange Backary.

La rencontre avec les journalistes a commencé par un bilan du passage de la tempête Carlos, présenté par Johnny Lagrange Backary. Passée au large et qualifiée de modérée par Météo France, avec des précipitations loin d’être exceptionnelles, cette tempête a eu d’importantes répercussions sur la vie des Réunionnais pendant plusieurs jours et laissera des traces. Maurice Gironcel a plaidé pour un calendrier scolaire adapté. Il a demandé un débat avec toutes les personnes concernées et non pas une décision arbitraire faite pour arranger quelques-uns au détriment de la majorité. « Nous revendiquons avec force ce calendrier scolaire adapté au climat ».

Yvan Dejean a indiqué que Carlos a été un révélateur d’une île fragile et de politiques inadaptées pour l’aménagement du territoire, le transport, le calendrier scolaire, la gestion de l’eau. « Si de tels problèmes se sont posés pour une tempête modérée, que ce passera-t-il si un cyclone de forte ampleur touche l’île ». D’où l’urgence d’une politique d’adaptation au changement climatique, revendiquée par le PCR.

Situation sociale qui s’aggrave

Maurice Gironcel est ensuite revenu sur le contexte de la visite de François Fillon.

Aujourd’hui, la situation sociale qui s’aggrave. Ou on continue comme cela et c’est la catastrophe, ou on permet à la population de regarder l’avenir avec confiance, a-t-il dit en substance. « Il faut tout changer ». Le PCR propose des solutions, une orientation pour aller vers ce changement. La situation de La Réunion le commande. « Elle est illustrée par des chiffres inquiétants, qui traduisent le malaise social persistant », a poursuivi le secrétaire général du PCR. Et de rappeler ces chiffres à François Fillon. Le chômage continue d’augmenter, il est lourdement subit par les jeunes et les femmes. Ce sont plus 135.000 chômeurs en catégorie A, et plus de 180.000 demandeurs d’emploi toutes catégories.

Un manque de logement massif caractérise aussi La Réunion. Des milliers de maisons sont insalubres, et 30.000 familles attendent un logement social. Le phénomène de surpopulation est aussi un drame.

La pauvreté frappe près de la moitié de la population. 400.000 personnes à La Réunion vivent en dessous du seuil de pauvreté. Si la France était touchée par une telle crise, cela ferait 30 millions de personnes sous le seuil de pauvreté.

Un coût de la vie trop élevé frappe davantage les familles aux revenus modestes. L’alimentation est 28 % plus chère qu’en France, selon une étude de l’INSEE parue cette semaine.

70 ans de départementalisation, et l’école obligatoire jusqu’à 16 ans n’ont pas empêché le nombre d’illettrés de stagner : plus de 116.000.

La précarité dans le travail explose. Le temps partiel est majoritaire dans les grandes surfaces. Le PCR a aussi relevé un système fiscal inadapté.

« Cette triste réalité est impitoyable. Elle renvoie chacun à ses responsabilités face aux échéances qui s’annoncent dans quelques semaines », a affirmé Maurice Gironcel.

Le secrétaire général du PCR est ensuite revenu sur les difficultés à venir. Que deviendra la filière canne-sucre dont dépend près de 20.000 travailleurs. Elle a vécu sa dernière campagne avec le prix garanti et le quota. Que deviendra l’ensemble de la production avec l’application des accords de partenariat économique que l’Union européenne signe avec les pays voisins sans demander l’avis des Réunionnais, totalement concernés.

Que deviendront les collectivités avec la réforme de l’octroi de mer et la poursuite de la baisse des dotations de l’État aux collectivités. C’est pourquoi « les Réunionnais ont le droit de connaître les propositions des candidats à la présidentielle ».

Réunionnais responsables dans leur pays

Le PCR considère que dans le cadre actuel, aucune solution n’existe pour régler ces problèmes. Ce système est à bout de souffle. En 1946, la loi pour l’abolition du statut colonial a permis des avancées. Elle prévoyait l’égalité au 1er janvier 1947. Il a fallu mener des combats pour l’appliquer. Cette loi d’égalité a donné ce qu’elle a pu. Le cadre ne permet plus de répondre aux défis du présent et de l’avenir. « Nous ne sommes pas les seuls à le dire. Des élus qui n’appartiennent pas au PCR disent ce que nous disons depuis toujours », a rappelé Maurice Gironcel.

Devant ce constat quasi-unanime, le PCR considère que le moment est venu pour parler d’une même voix à Paris et en Europe. D’autant plus qu’un nouveau pouvoir va s’installer à Paris. « Il devra profiter de l’état de grâce pour prendre enfin les décisions politiques courageuses qui s’imposent ». « Si on ne le fait pas à ce moment-là, il sera trop tard ». Le risque est grand de voir un pays dévasté.

À l’appui de cette interpellation publique, le PCR a adressé une lettre ouverte à François Fillon qui a été remise hier à la presse. S’il est élu et poursuit la même voix, les résultats sont connus. « Soit il prend la mesure des problèmes, écoute les Réunionnais et soutient l’idée qu’il faut tout changer en donnant aux Réunionnais les outils nécessaires qui existent dans la Constitution, afin qu’ils assument eux-mêmes, la responsabilité dans leur pays », a conclu Maurice Gironcel en rappelant que c’est le thème qui a été débattu tout au long du 9e Congrès du PCR.

La question des parrainages

Yvan Dejean a également annoncé que le PCR a rencontré Jacques Nikonoff. Ce dernier a posé la question des parrainages. « Le PCR est pour l’expression de tous les courants de pensée démocratique », a souligné le porte-parole du PCR. Si à travers le parrainage, cela lui permet d’être candidat, alors le PCR le fera s’il lui manque quelques signatures. Le PCR adoptera la même position pour des candidats qui défendent les valeurs démocratiques.

« Ce parrainage ne serait ni un engagement à voter ou appeler à voter pour cette personne », a précisé Yvan Dejean. Le PCR n’a pas encore donné sa position sur la présidentielle.

M.M.

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