Rassemblement du Parti communiste réunionnais

La responsabilité, pierre d’angle du projet réunionnais.

24 novembre 2009, par Geoffroy Géraud-Legros

La rencontre du 22 novembre a permis aux communistes réunionnais et à des invités d’horizons divers de mettre en perspective les grands enjeux de la période contemporaine… et d’envisager ensemble les moyens de répondre aux défis qu’elle pose.

Le Président de la Région l’a souligné : la période de transition dans laquelle est entrée le Monde se décline à La Réunion, en fonction de notre histoire et de nos spécificités. Notre île se trouve ainsi au carrefour des grands courants qui parcourent la planète. Explosion démographique ; accélération des échanges de toutes sortes dans la dynamique de mondialisation ; bouleversements issus du réchauffement climatique ; explosion des découvertes scientifiques : ces évolutions à l’échelle du globe pèsent sur l’avenir de La Réunion. Au même moment, l’itinéraire historique de notre pays aboutit à la fin du cycle engagé par l’abolition du statut colonial conquise en 1946. L’histoire place ainsi les Réunionnais à un moment décisif de leur parcours, où les orientations et les décisions qui seront arrêtées détermineront notre futur. L’implication des Réunionnais dans leur plus grand nombre, dans la conduite de leurs affaires est aujourd’hui plus que jamais
décisive.

L’essor historique de la responsabilité réunionnaise.

C’est sur la base de cette analyse que les travaux tenus dimanche dernier ont décliné l’idée de la responsabilité réunionnaise. La réalité sociale de notre pays présente aujourd’hui tous les symptômes de l’épuisement d’un système : pauvreté immense, qui frappe plus de la moitié de la population ; illettrisme persistant, qui exclut plus de 110.000 Réunionnais ; chômage de masse, qui touche près de 30% de la population. Au cours des décennies précédentes, les Gouvernements successifs ont multiplié les mesures supposées venir à bout de ces problèmes… sans parvenir à des résultats concrets, tant les programmes élaborés au niveau des autorités centrales demeurent éloignés des réalités réunionnaises. Le double constat, de ces échecs répétés et de l’ancrage de graves déficits dans notre société plaide pour une approche totalement renouvelée des problèmes, qui rompe définitivement avec la domination du centre sur la périphérie, héritée du colonialisme. L’actualité réunionnaise montre que ce processus historique est déjà engagé. Dans le domaine de la maîtrise des technologies, les Réunionnais ont ainsi montré qu’ils pouvaient surmonter les obstacles que dresse devant eux la géographie de leur pays, en menant à bien la construction de la Route des Tamarins. Leur aptitude à concevoir et à mener des projets a été reconnue récemment par la distinction internationale accordée au projet du Tram-train dans le cadre de la rencontre internationale des partenariats public-privés. La compagnie régionale Air Austral a elle aussi créé l’évènement par l’acquisition de deux Airbus A380, dont l’usage social permettra de faire baisser de manière durable le prix des transports aériens. Dans le champ de la culture et de l’identité, l’inscription du Maloya au patrimoine de l’UNESCO a été obtenue grâce au travail mené directement par la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR) en direction des institutions internationales, sans médiation des autorités centrales. Ces réalisations infligent un démenti cinglant aux tenants d’une idéologie qui voue les Réunionnais à demeurer entre l’humiliation de l’assistance et le besoin entretenu d’un règlement "par en haut" de leurs problèmes. Cette idéologie ne se cantonne pas à l’attitude ou au discours ; elle emprunte de plus en plus la forme d’une politique générale du refus du développement : n’a-t-on pas vu un élu de La Réunion refuser d’engager des chantiers publics déjà crédités ? N’a-t-on pas vu le même représentant et l’un de ses collèges plaider auprès d’un Premier ministre en visite dans notre île, dans le but de priver leur peuple de la création d’un C.H.U.?

Une révolution des mentalités.

La construction d’’un projet politique de développement porté par les Réunionnais eux-mêmes est donc indispensable à la sortie de crise. Mais dans le temps long, c’est une véritable révolution des consciences qui sera nécessaire à l’édification de la responsabilité réunionnaise. Car presque trois siècles de colonisation, dont un peu moins de deux cent ans sous le régime esclavagiste, ont façonné des mentalités et des dispositions qui poussent les Réunionnais eux-mêmes à avoir le geste immédiat de tourner le regard vers l’ancienne puissance coloniale pour venir à bout de leurs difficultés. Comment pourrait-il en être autrement, dans un pays soumis depuis son peuplement aux régimes d’exploitation et d’oppression les plus durs, où l’exercice normal des droits civiques constitue une conquête récente et fragile ? La construction de la responsabilité implique donc une œuvre collective de transformation des mentalités… qui ne sera possible sans une véritable prise de conscience des Réunionnais de leur histoire et de l’héritage unique qu’ils portent en eux. Ainsi, il est vital de combattre pour la restitution aux Réunionnais de leur passé, fait d’oppression mais aussi de résistance et d’invention. Le projet de Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise (MCUR), les hommages à nos ancêtres esclaves, engagés et colonisés comptent parmi les outils de cette révolution des mentalités : il est révélateur que ceux qui tentent d’entraver la marche vers la conscience retrouvée et renouvelée soient aussi ceux qui s’opposent aux grands travaux, et à tout ce qui met en actes la responsabilité réunionnaise.

Geoffroy Géraud

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