Gélita Hoarau à la Rencontre nationale des SEM d’outre mer

« La Réunion doit être examinée de manière spécifique »

4 juillet 2007

La rencontre nationale des Sociétés d’Économie mixte (SEM) se déroule actuellement à Paris. À cette occasion, la sénatrice Gélita Hoarau est intervenue hier su le thème ’Quelles sont les attentes des élus ultramarins pour les cinq années à venir ?’. Nous publions ci-après, avec des inter-titres de ’Témoignages’, de larges extraits de l’allocution de la sénatrice de La Réunion. Gélita Hoarau a notamment mis l’accent sur les principaux défis ainsi que sur les mesures urgentes et spécifiques qui doivent être prises pour que notre île puisse sortir de la crise.

« Je remercie les dirigeants de la Fédération des Société d’Economie Mixte de m’avoir invitée à cette rencontre des SEM d’Outre Mer à Paris.
A la question de savoir quelles sont les attentes des élus ultramarins, je serais tentée de répondre en deux temps :
Dans un premier temps, ce serait pour demander s’il est possible d’obtenir de l’Etat, des forces vives de la République et des élus, une perception commune de l’avenir de La Réunion ; de l’avenir démographique, économique, social et environnemental.
Dans un deuxième temps et s’il y a cette perception commune, alors il convient de fixer les objectifs, de définir les moyens, de les atteindre et d’agir tous ensemble.

« L’ampleur du problème »

Sur le premier point, je me permettrai de donner mon opinion. La Réunion compte déjà 800.000 habitants. Dans 20 ans, elle en comptera 1 million. Les problèmes du logement et de l’habitat, le problème des déplacements, le problème d’emploi et de formation se posent à cette échéance. Sur le plan économique, d’ici à 6 ans, il faut savoir que les accords sucriers prendront fin, la plus grande incertitude pèse sur l’avenir de la filière canne à partir de cette date. Il faut savoir que plus de 15.000 travailleurs en dépendent. Au 31 décembre de cette année entreront en vigueur les Accords de Partenariat Économiques (APE) si des mesures spécifiques ne sont pas prises dans le cadre de ces accords pour sauvegarder nos producteurs, c’est toute la production locale qui est menacée. L’inquiétude est grande à La Réunion et pour l’heure aucune garantie ne nous est donnée. Si un tel scénario se produit, les conséquences économiques seront désastreuses, non seulement les conséquences économiques seraient désastreuses mais également les conséquences sociales.
En effet, La Réunion compte actuellement 300.000 actifs dont 100.000 sans emploi soit 30% de chômeurs. Dans 20 ans, quand elle aura 1 million d’habitants, ce seront 144.000 actifs de plus qui arriveront sur le marché de l’emploi. Tel est l’ampleur du problème. Il convient également de rappeler que La Réunion détient le record de Rmistes : 72.000 bénéficiaires faisant vivre plus de 220.000 personnes, qu’elle compte 300.000 personnes relevant de la CMU, qu’il y a 120.000 illettrés et que plus de 25.000 de demandes de logement sont sans réponse.
On peut sur ce bilan et ces perspectives réajuster les chiffres, affiner les prévisions mais il ne différera pas fondamentalement de ce que je viens de décrire. Si on est d’accord sur cette description, à quelques réajustements près, alors force est de constater que nous sommes dans une situation fondamentalement différente de celle de la Métropole. Cela signifie que pour chaque décision législative, La Réunion doit être examinée de manière spécifique.

Le défi du logement

La Région Réunion avec d’autres collectivités (Département, Etat,... ) et des socio professionnels ont mené à bien un plan régional de développement durable sur 15 ans. il convient d’ores et déjà de voir les mesures législatives permettant de le réaliser. Dans l’immédiat la mise en oeuvre des Contrats de projet Etat Région, du programme Opérationnel Européen, de la réalisation du tram-train et la construction de la nouvelle route du littoral, autant de projets évalués à plus de 4 milliards d’euros qui doteront La Réunion d’infrastructures modernes dans tous les domaines et lui garantiront des milliers d’emplois nouveaux ; constitue un socle de développement pour les années à venir.
Dans le domaine du logement, il faut pour les DOM, une loi spécifique se basant sur les conclusions du livre blanc établi par tous les professionnels de la filière dont l’ARMOS en 2003, en y ajoutant une contribution de la plus value foncière à la réalisation des logements sociaux et à l’aménagement d’une manière générale et sur une programmation pluri annuelle en vue de rattraper les retards des demandes de logements non satisfaites et de faire face aux nouveaux besoins.
L’île de La Réunion est abondamment arrosée et elle détient même les records mondiaux de pluviométrie. Or, l’eau risque de devenir un problème à La Réunion si nous n’y prenons garde. Une politique plus volontaire et globale doit être mise en oeuvre en matière de prospection des ressources et de leur distribution pour la population, l’irrigation et les industries, de même que pour le traitement des eaux usées.

Une urgence : créer des emplois

De mon point de vue, l’intervention des Sociétés d’Economie Mixte est préférable à celle du privé dans la gestion de ces problèmes, ne serait ce qu’en terme de coûts pour les usagers.
Concernant les dégâts des eaux, les derniers évènements climatiques à La Réunion (Dina, Gamède) ont montré une intensification de leurs violences, dues sans doute aux effets du réchauffement climatique, il est impératif d’élaborer un plan d’endiguement des ravines mettant à l’abri nos populations et nos zones d’activités.
Je terminerai mon propos en revenant sur le problème de l’emploi. Si le plan régional de développement durable créera assurément dans sa mise en oeuvre des milliers d’emplois, si les contrats projet Etat Région, les programmes opérationnels européens, la réalisation du Tram train et de la route du littoral créeront aussi des emplois, il n’en reste pas moins que cela se fera dans le temps.
En attendant et pour répondre aux attentes pressantes de la population, il sera nécessaire de recourir aux emplois aidés à condition de leur donner une perspective de pérennisation, ce qui est possible dans deux grands domaines essentiels : dans l’environnement et dans l’aide à la personne où des milliers d’emplois pérennes peuvent être créés. Telles sont, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, les préoccupations qui sont les miennes et mes attentes vis à vis des autorités gouvernementales.


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