LA RÉUNION OUVERTE SUR LE MONDE

12 février 2007

Wilfrid BERTILE, Union des Démocrates et des Socialistes de La Réunion-UDSR

(...)
Nous sommes réunis ici pour porter ensemble des propositions réunionnaises aux candidats à l’élection présidentielle des mois d’avril et de mai prochains. Parmi celles-ci, je voudrais mettre l’accent sur l’ouverture de La Réunion au monde. Le temps est en effet révolu où, département français situé parmi des pays indépendants, La Réunion vivait frileusement repliée sur elle-même. Après la décentralisation qui lui en a donné quelques moyens, avec la mondialisation qui rend stérile tout repli sur soi, la nécessité de cette ouverture fait l’objet d’un consensus.
Encore faut-il qu’elle se fasse à bon escient et je voudrais insister sur trois points :
D’abord, l’ouverture économique qui doit permettre des échanges équilibrés entre La Réunion et l’extérieur. La négociation en cours d’un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays de l’Afrique orientale et australe doit prendre en compte les intérêts spécifiques de La Réunion, île située sur la voie des échanges qui se développent entre l’Asie et l’Afrique. Nous regrettons de ne pas y être suffisamment associés et demandons à l’Etat de porter nos revendications auprès de la Commission européenne, seule habilitée à négocier des accords commerciaux.

Ensuite, se pose la question du co-développement avec nos voisins, mais aussi avec les aires de civilisations d’où sont venus nombre de nos ancêtres : l’Afrique, l’Inde, la Chine. Les actions bilatérales que nous menons avec ces pays ne s’apparentent pas une aide néo-coloniale, mais participent à un développement mutuellement profitable, ce que nous appelons, avec le Président Vergès, le co-développement. A cet égard, la politique de « grand voisinage » que l’Union européenne veut instaurer à partir des Régions ultrapériphériques comme La Réunion nous en donne les moyens. A nous de les utiliser le plus efficacement possible.

Enfin, il y a la question des visas. Pour des raisons incompréhensibles, l’Etat s’entête à multiplier les obstacles à la venue de nos frères des pays du Sud-Ouest de l’Océan Indien à La Réunion. Cette politique à courte vue fait perdre à la France le bénéfice politique de l’action qu’elle mène dans ces pays. L’an dernier, l’Etat a même établi un fichier des entrées et des sorties uniquement pour La Réunion où les clandestins sont pourtant peu nombreux : quelques centaines tout au plus pour 800.000 habitants. Cela va à l’encontre des conclusions du Sommet de la Commission de l’Océan Indien de juillet 2005 auquel a pourtant participé le Président Chirac, Sommet qui a mis l’accent sur la nécessité non seulement de libéraliser les échanges de capitaux et de marchandises, mais aussi la circulation des hommes. Il est plus facile à nos voisins de se rendre en Métropole que de venir à La Réunion, qui ne fait même pas partie de l’espace Schengen et qui n’est pas non plus, contrairement à la Métropole, une destination autorisée pour les touristes chinois.

La politique de la France et de l’Europe dans cette région du monde doit davantage tenir compte de la présence et des intérêts de La Réunion puisque, de par notre statut, ce sont aussi des intérêts français et européens. Il convient donc de passer d’une politique de la France et de l’Europe dans l’Océan Indien à une politique de la France et de l’Europe de l’Océan Indien.
Cette politique exempte de toute tentation impérialiste doit permettre à La Réunion et aux pays frères voisins de mettre en œuvre un co-développement, et aux Réunionnais de renouer avec les grandes civilisations d’où est issue leur culture.
C’est à ces retrouvailles entre une histoire partagée et un possible avenir commun que nous vous convions.


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