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La Réunion : Quelles solutions pour les grands défis ?

18 janvier 2010

D’ici 15 ans, La Réunion comptera un million d’habitants. C’est donc pour 200.000 habitants de plus qu’aujourd’hui qu’il est nécessaire de créer les conditions du développement durable. Au terme de la première décennie du 21ème siècle, la politique impulsée au niveau régional a permis la concrétisation de premières expérimentations. Mais les défis essentiels restent à résoudre : quels emplois, quels logements, quelle cohésion sociale, quel aménagement du territoire, quelle politique des déplacements, quel accès au savoir… pour un million de Réunionnais dans un peu plus de 10 ans ?

1. L’héritage d’un modèle à bout de souffle

Depuis le début de son peuplement, La Réunion a été façonnée pour répondre aux besoins d’une métropole distante de 10.000 kilomètres. C’est ce qui explique l’orientation économique visant à privilégier l’exportation d’une matière première bon marché. Après le café, c’est le sucre qui a commandé l’aménagement du territoire d’une société de plantation.
Tout bascule lorsque les Réunionnais obtiennent l’abolition du statut colonial. Cette victoire va déboucher sur une nette amélioration de la situation sanitaire, ce qui entraine une augmentation de la population qui va continuer pour atteindre un million d’habitants. Des défis considérables restent à relever.

125.000 demandeurs d’emploi
Dans le même temps se produit une rapide transition d’une économie de plantation marquée par le plein emploi à une économie de service caractérisée par la pénurie d’emploi. Le chômage de masse est une réalité dès la fin des années 60. Depuis le début de ce phénomène, aucun changement notable n’est à relever quelles que soient les mesures décidées à Paris.

30.000 familles sur liste d’attente pour un logement social
À cela s’ajoute une pénurie de logements. Alors que le rythme annuel de la production de logements sociaux devrait être de 6.000 par an, il n’a jamais été possible d’atteindre ce nombre. L’accumulation des retards se traduit aujourd’hui par 30.000 demandes insatisfaites.

Les dégâts de l’application mécanique d’un modèle
C’est le modèle de la société de consommation qui est appliqué à La Réunion, dans un pays où 52% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et où le taux de chômage est le plus fort de l’Union Européenne.
Ce modèle provoque une production considérable de déchets et de pollution sur une petite île. Il contribue à fragiliser la cohésion sociale, avec l’amplification des inégalités entre ceux qui consomment et ceux qui s’endettent pour pouvoir se fondre dans le modèle.

120.000 illettrés
Si 60 ans après l’abolition du statut colonial, la scolarisation de masse est un acquis qui a permis à La Réunion de progresser, le système scolaire en place à La Réunion continue de produire de l’illettrisme de manière massive. Dans le même temps, les compétences de jeunes Réunionnais pouvant remédier à cette situation ne sont pas utilisées par le système en place.

Une tonne de déchets coûte plus cher qu’une tonne de cannes à sucre
Le modèle en place à La Réunion aboutit à une production de déchets supérieure au tonnage de cannes récoltées. Par ailleurs, le prix pour enterrer une tonne de déchets hors coût du transport est supérieur au prix payé par l’usinier pour acheter une tonne de cannes au planteur. C’est une illustration des limites auxquelles arrive le système.

500 millions d’euros par an pour acheter du charbon et des carburants
Le choix du démantèlement du chemin de fer au profit du tout-automobile décidé par Paris, relayé par le préfet Perreau-Pradier, coûte très cher aux Réunionnais. C’est la moitié de la facture énergétique payée tous les ans. Au total, ce sont des centaines de millions d’euros qui sortent de La Réunion pour acheter du charbon ou des carburants.

Une continuité territoriale financée par les Réunionnais
Que cela soit en matière de transports ou de télécommunication, c’est aux Réunionnais de financer le coût de la continuité territoriale. Depuis que certains ont instillé l’idée selon laquelle il fallait retirer à la Région la gestion de la dotation de continuité territoriale, aucun Réunionnais n’a pu bénéficier du dispositif. Quant aux télécommunications, malgré une baisse spectaculaire des tarifs de gros de France Télécom à la suite des recours intentés par la Région devant l’ARCEP, les prix pratiqués par l’opérateur historique, actionnaire du câble SAFE, empêchent toute égalité dans ce domaine.

2. Ce que proposent les Réunionnais pour développer La Réunion

A. Des dizaines de milliers d’emplois d’urgence

L’urgence est de créer les conditions du retour à l’emploi de dizaines de milliers de Réunionnais. Les services à la personne et l’environnement peuvent être les deux grands services d’intérêt public qui peuvent répondre à cette urgence. À cela s’ajoute la réalisation de plusieurs grands chantiers prêts à démarrer rapidement : le tram-train, la construction de 30.000 logements sociaux, la réalisation de l’assainissement, l’éradication des radiers et la sécurisation des ravines.

Lutter contre l’illettrisme en créant des emplois de proximité

La lutte contre l’illettrisme s’inscrit dans le service d’aide à la personne. Des milliers de jeunes diplômés au chômage pourraient s’investir dans ce travail indispensable. 120.000 illettrés au moment où débute la 2ème décennie du 21ème siècle n’est pas tolérable, il faut gagner maintenant la bataille de l’alphabétisation.

Des emplois dans la gestion des déchets
La valorisation des déchets verts peut permettre dès maintenant d’économiser sur les importations de charbon. Il est aussi important de réaliser un autre type de traitement des déchets, permettant d’éviter d’avoir à transporter des centaines de milliers de tonnes par an sur des dizaines de kilomètres. La création de petits centres de traitement de proximité limitera les dépenses en carburant tout en créant des emplois.
Cette démarche de proximité peut aussi être utilisée pour apporter une solution au problème de l’assainissement, avec la mise en œuvre de solutions écologiques comme le lagunage.

Construire 30.000 logements maintenant

L’accroissement de la population d’ici 2025 impliquera la construction de plus de 100.000 logements pour maintenir des conditions décentes d’habitat. Mais il manque d’ores et déjà 30.000 logements pour respecter le droit des familles en liste d’attente. C’est un chantier qui contribuera à relancer le secteur du BTP, tout en permettant de garantir aux Réunionnais le droit à un logement digne, droit qui sera bientôt opposable par tous.

Anticiper le changement climatique
L’éradication des radiers et l’endiguement de toutes les ravines est un chantier urgent, surtout avec la menace que fait peser le changement climatique à l’origine de l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des cyclones. Ce chantier peut mobiliser une main d’œuvre importante.

Lancer le chantier du tram-train
Après la réussite du chantier de la route des Tamarins, un autre grand chantier est prêt à démarrer : le tram-train. Il amènera 500 millions de chantiers pour les entreprises réunionnaises, c’est un plan de relance à l’échelle de La Réunion. Le tram-train sera suivi par la route du littoral. Ce double chantier finira en 2017.

B. Concrétiser une stratégie de développement durable

Voici 10 ans, le président de la Région a lancé le mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025. La volonté politique a permis de faire de La Réunion une terre d’expérimentation des technologies du développement durable. Des premières avancées sont observables et vont être amplifiées. Elles sont la base d’une filière qui pourra créer 15.000 emplois.

Bâtir nos infrastructures
La Réunion du 21ème siècle aura tout d’abord besoin de savoir d’où elle vient pour déterminer où elle peut aller. C’est une des missions de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise.
Savoir où aller, c’est notamment construire les infrastructures nécessaires à un pays peuplé par un million d’habitants. L’extension du tram-train et de la route des Tamarins sont les chantiers qui devront être réalisés d’ici 2025.

Développement de l’énergie photovoltaïque
La nouvelle étape du chantier de la route des Tamarins est la construction de plusieurs fermes photovoltaïques capables de fournir une puissance de plus de 100 mégawatts. Ces installations sont la base des centrales qui alimenteront les voitures électriques de La Réunion du million d’habitants.
A cela s’ajoutent les réalisations déjà lancées telles que Le Port ville solaire ou la valorisation du patrimoine des collectivités : lycées de la Région et collèges du Département.

Plus de 100.000 chauffe-eau solaires

Ce nombre a dû être atteint l’an dernier. L’équipement va se poursuivre, surtout que la réglementation rend maintenant cet équipement obligatoire.

Réaliser le mix énergétique qui fera économiser 500 millions d’euros par an
Sous l’impulsion de la Région, des études sont en cours pour arriver à établir le mix énergétique de La Réunion de 2025. Outre le solaire, il est question de la biomasse, de l’éolien, des énergies marines, de la géothermie et de l’hydraulique.
L’objectif est d’atteindre l’autonomie énergétique au plus tard en 2025 afin d’en finir au plus vite avec une facture de plus de 500 millions d’euros par an. De plus, la production d’énergie à partir des ressources réunionnaises pourra créer de nombreux emplois à La Réunion.

La Réunion et le co-développement
En faisant renouer La Réunion avec son environnement régional, c’est un large champ qui s’ouvre. Notre île peut apporter une contribution importante au développement d’une région qui comptera plus de 40 millions d’habitants en 2050, notamment dans les domaines de la formation et du transfert de technologie, ce sont des dizaines de milliers d’emplois qui peuvent être créés.
La gestion partagée des ressources de l’océan Indien est un exemple de ce gisement d’emplois.

Les pionniers de la nouvelle étape du transport aérien

En investissant dans l’Airbus A380 de plus de 850 passagers, Air Austral positionne La Réunion en tant que pionnier dans la nouvelle étape de la démocratisation du transport aérien. Deux avions sont commandés, deux autres en option : notre île peut devenir leader dans ce secteur.

3. Ce que propose le Conseil interministériel sur l’Outre-mer

Voici quelques mesures présentées par le CIOM. 


- Transformer l’université de La Réunion en pôle d’excellence à rayonnement international (diversifier les enseignements, développer les filières d’excellence).

- Donner à La Réunion les moyens d’atteindre l’autonomie énergétique (soutien du projet GERRI) et faciliter la mise en œuvre de mesures innovantes.

- Faire de l’Outre-mer une vitrine de la France en matière de gestion de la biodiversité (éducation, recensement, soutien à la recherche) : mettre en œuvre les recommandations du “message de La Réunion”.

- Accompagner la modernisation du port de La Réunion, dès lors qu’elle répond aux besoins locaux et aux attentes du marché international.

- Développer des transports collectifs terrestres attractifs représentant une réelle alternative au véhicule individuel (permettre la mise en place d’une autorité organisatrice de transports unique, soutien financier au développement des transports collectifs).

- Conforter le CREPS de La Réunion.

- Développer une politique volontariste de prévention et d’éducation à la santé, avec une territorialisation des actions (VIH, addictologies, maladies vectorielles, cancers, diabètes, hypertension artérielle).

- Créer une filière hospitalo-universitaire à La Réunion et un institut de formation aux métiers de la santé.

- L’Agence régionale de santé sera mobilisée pour réduire le taux de mortalité infantile et mettre en œuvre à La Réunion un plan spécifique de lutte contre la mortalité infantile (développement de l’offre de soins, renforcement des actions de prévention).

- Relancer le logement social

4. Quel calendrier d’application ?

Plusieurs propositions du CIOM vont dans le même sens que la stratégie de développement mise en œuvre depuis 1998 par la Région. Comment vont désormais s’appliquer et se décliner des mesures qui peuvent permettre d’accélérer la réalisation des grands défis, notamment dans les domaines du transport collectif, du logement social, de la création d’un CHU, et des moyens pour atteindre les objectifs du PRERURE, à savoir l’autonomie énergétique en 2025 ?

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