Affaire des visas

La Réunion sous blocus de l’UMP

3 juin 2011, par Manuel Marchal

Dans un communiqué diffusé hier, les services de l’État confirment bien que l’ouverture de La Réunion sur la Chine, l’Inde ou l’Afrique du Sud est mise sous la coupe d’un pays tiers, l’île Maurice. Si un touriste de ces pays veut venir à La Réunion sans séjourner à Maurice, il n’aura pas de visa délivré à l’aéroport.

Le 20 mai, dans une interview parue dans "Le Journal de l’île", la ministre de l’Outre-mer annonce le lancement d’une expérimentation pour faciliter l’entrée à La Réunion de touristes venus de pays émergents tels que la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et la Russie. Ces touristes pourront obtenir leur visa à leur arrivée à La Réunion, mais à une condition : être passés préalablement par l’île Maurice. Dans tout autre cas, le touriste ne pourra pas entrer s’il n’a pas déjà un visa.

Le 24 mai, un communiqué de la Préfecture confirme la nouvelle. "Témoignages" a donc fermement condamné cette mise en cause très claire des intérêts réunionnais. Car cette annonce a lieu à un moment stratégique, celui de la négociation de l’ouverture d’une ligne directe entre la Chine et La Réunion par Air Austral. D’ailleurs, la veille de l’interview de la ministre de l’Outre-mer, Wu Bangguo, président de l’Assemblée populaire nationale de la Chine, a fait part de l’intérêt de son pays à la desserte directe de La Réunion depuis la Chine.

De plus, Air Mauritius ouvrira en juillet prochain une ligne vers Shanghai. Autant dire que cette annonce du gouvernement tombe à pic pour l’allié d’Air France, car si les touristes chinois sont obligés de passer par Maurice avant d’aller à La Réunion, Air Mauritius a le produit pour répondre à la situation nouvelle provoquée par le gouvernement UMP.

La mobilisation lancée par "Témoignages" a amené les services de l’État à revoir leur mode de communication. Le communiqué diffusé hier ne parle plus de « touristes chinois, indiens, russes et sud-africains, en provenance de Maurice ». Il est maintenant question de « touristes des nationalités de ces pays venant dans le cadre de voyages organisés en commun par des agences mauriciennes et réunionnaises ».

Maurice, hub de l’océan Indien grâce à l’UMP

Mais chacun comprend que Maurice est la plaque tournante du dispositif, voici pourquoi :

- premier cas, un groupe de touristes chinois envisage de séjourner aux Seychelles avant de se rendre à La Réunion. Ce séjour combiné correspond en théorie au concept des “îles Vanille”. Mais pour ces touristes, pas de visa délivré à l’aéroport, car ils ne sont pas passés par la case Maurice.

- deuxième cas, une famille indienne du Gujarat veut rencontrer des parents qui vivent à Madagascar et à La Réunion. En sortant de l’avion qui les amène de la Grande île, ils seront refoulés s’ils n’ont pas obtenu préalablement un visa.

- troisième cas, un industriel chinois compte venir faire affaire à La Réunion. Il embarque donc dans un vol d’Air Austral et se pose à Gillot. Mais s’il n’a pas fait les démarches en Chine pour obtenir un visa, il ne pourra pas entrer à La Réunion.

Condition drastique

La seule possibilité pour entrer sans encombre à La Réunion, c’est d’être le client d’un tour opérator mauricien qui travaille avec une agence réunionnaise. En clair, si une agence de voyages réunionnaise n’est pas alliée à une homologue mauricienne, elle n’aura pas les mêmes facilités pour sa clientèle qu’un concurrent qui travaille avec des professionnels de l’île sœur.

Dans tous les autres cas possibles et imaginables, il ne sera pas possible pour les touristes de se voir délivrer un visa.

Voilà comment l’UMP organise le blocus de La Réunion.

M.M.

A la Une de l’actuDidier RobertJacqueline Farreyrol

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