LA REUNION : UNE VOIX A FAIRE ENTENDRE, EMPREINTE DE FORCE, DE DOUCEUR, MAIS PAR DESSUS TOUT, DE COMPREHENSION ET DE TOLERANCE

12 février 2007

Radjah VELOUPOULE, Président de la Commission de l’Epanouissement Humain

Nous voici arrivés à mi-parcours d’un mandat que vous, le peuple réunionnais, avez bien voulu nous confier, il y a de cela 3 ans. Ce temps de responsabilité, de réflexion à mener, de décisions à prendre nous a assurés d’une chose : la culture n’est pas l’affaire de quelques-uns, d’une partie de la population ou de quelques artistes et professionnels de ce domaine. La culture n’existe que si elle est le vecteur et le souffle qui distinguent les Réunionnais d’un autre peuple. Elle n’existe que si elle permet à chacun d’entre nous de se sentir à la fois citoyen du monde en lui apportant notre originalité et notre marque, et citoyen de ce pays.
Ce début de 21ème siècle est crucial, car il soulève des questions que nous affrontons depuis le début de notre histoire : qu’est-ce qui fait l’identité d’un peuple, comment peut-on concilier et valoriser des expressions différentes qui forment un socle commun de sociabilité, où commence et finit le communautarisme qu’exprime le sectarisme religieux, enfin, comment vivre ensemble dans un monde fragmenté, hiérarchisé, sans sombrer dans la peur, le danger que représente le voisin, le collègue, le citoyen, qui se trouve aussi dans notre espace et dans notre temps.

Au niveau du Conseil régional, nous avons tenu à respecter les priorités énoncées au début de la mandature, à savoir, en premier lieu, la place fondamentale accordée à notre histoire, à notre vision et à notre développement en tant que Réunionnais, non pas à l’encontre des autres, mais inscrites dans notre environnement et pouvant répondre aux défis qui sont les nôtres, sur des sujets aussi importants que la nécessaire valorisation de la langue réunionnaise, la promotion de l’originalité et de la beauté de nos œuvres artistiques ainsi que l’ouverture de nos jeunes vers les pays de nos voisins les plus immédiats : la Chine, l’Inde, l’Afrique, nos frères et sœurs insulaires constituent aujourd’hui des gisements de savoirs, de connaissances, de confrontations qui ne pourront qu’enrichir et élargir le champ de compétences des jeunes Réunionnais.
Ainsi, dans cette optique, le Conseil régional a axé tous ses efforts pour que les talents et le potentiel de nos enfants ne soient plus exclusivement orientés vers un axe Sud-Nord. Bien évidemment, l’Europe, le Canada ou les Etats-Unis resteront des destinations privilégiées, mais psychologiquement, nous devons nous délester de toutes formes d’ethnocentrisme qui ne font qu’accentuer un déséquilibre dont nous sommes tributaires depuis si longtemps. La Réunion est une société interculturelle et non pas multiculturelle. Cela veut dire qu’il existe une interpénétration de toutes les composantes de notre population, qui se sont, au fil du temps, tissées pour donner ce que chacun vit comme une évidence, mais qui apparaît comme exceptionnelles aux yeux de n’importe quel visiteur. Il n’y a pas de juxtaposition de cultures qui introduirait des ordres de grandeur. Chacun doit savoir ce qu’il doit à l’autre, ce que l’autre lui a apporté comme richesses, et continue de lui apporter, pour affronter les dérives toujours possibles de l’enfermement, du repli sur soi et de la peur de la différence.
Pour toutes ces raisons, le Conseil régional a initié, sous l’impulsion du Président Paul Vergès, et mènera à terme le projet de la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, qui apparaîtra comme un phare, pour guider les générations futures, et permettra de comprendre et d’assumer toutes les influences qui nous ont façonnés.
Le temps est venu de démontrer qu’être Réunionnais n’est pas une succursale identitaire soumise à tel ou tel potentat.
Le temps est venu de démontrer qu’être Réunionnais est un refus de l’aliénation de la puissance exclusivement imposée d’ailleurs.
Le temps est venu de démontrer que les souffrances et la fierté de nos aïeuls constituent la carte d’identité internationale que nous offrons dans tous les aéroports du monde. Et si, au bout de tous nos efforts, il reste encore des facultés à montrer, nous saurons que nous avons passé 3 siècles à nous construire, et que dans cette mutation globalisée qui est en train de s’accomplir pour laisser place à un monde nouveau, nous avons une voix à faire entendre, et cette voix est empreinte de force, de douceur, mais par dessus tout, de compréhension et de tolérance. La brutalité des maîtres d’antan nous a pas fait plier, et nous avons appris que, pour avancer, il faut savoir d’où l’on vient, et il nous faut aujourd’hui tracer, dans le respect de nos valeurs ancestrales, un chemin qui soit dicté uniquement par la grandeur de nos convictions et l’irréductibilité de notre idéal.


Antoine MINATCHY, Conseiller communautaire à la CINOR

Une perspective pour les jeunes : l’accès à la responsabilité

« C’est un rassemblement magnifique, qui montre un visage formidable de La Réunion. Les gens sont venus de loin, malgré les problèmes routiers ; ils sont venus de partout, simples travailleurs ou chargés de responsabilités. J’ai trouvé les discours de très grande tenue et, chez le Président, cette perspective qu’il a donnée pour un relais aux jeunes générations est le premier appel en ce sens qu’il lance aussi fort.
Ce qui était très fort aussi, c’était cette mise en perspective de l’Histoire et de l’avenir de La Réunion, son développement, avec, aujourd’hui, l’accès des Réunionnais à la responsabilité ».


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